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« Je vais déménager, c’est terrible » : les rats nuisent toujours à la Meinau, malgré un plan d’action municipal
Intrusion dans les immeubles voire les appartements, dégradation des voitures, pullulement dans les poubelles… De nombreux habitants de la Meinau se plaignent des rats, devenus très nombreux dans le quartier. La municipalité avait annoncé un plan d’action fin avril 2021 mais un an plus tard, de nombreuses poubelles sont encore perméables aux rats et rien n’a vraiment changé pour les Meinauviens. Reportage.
« Moi je vais essayer de déménager à cause de ces problèmes de rats, j’habite à la Meinau depuis 30 ans, c’est terrible, de pire en pire. C’est dégradant de vivre dans un environnement comme ça », pose Yasmina. Elle désigne les buissons et les trous au bas des murs de son immeuble :
« Ils se faufilent par là, rentrent dans les caves et les cages d’escaliers. J’en ai jusque devant ma porte d’entrée. Heureusement ils ne rentrent pas chez moi, mais chez d’autres c’est le cas. »
La municipalité avait annoncé, le 29 avril 2021, un plan d’action d’envergure contre les nuisances liées aux rats. Plus d’un an après, pour une douzaine de Meinauviens interrogés, la situation ne s’est pas améliorée dans ce quartier du sud de Strasbourg. Trois d’entre eux évoquent spontanément l’immeuble au 4 rue d’Anjou, particulièrement touché, où un rat est notamment sorti des toilettes d’une dame à l’été 2021.
Une préoccupation de tous les quartiers populaires
Selon des militants de la France insoumise, qui ont rencontré « les habitants de 6 000 logements à l’occasion du porte-à-porte pour l’élection présidentielle », ce problème de rats a été très souvent abordé dans les quartiers populaires de Strasbourg.
Parmi les témoignages, une femme a raconté avoir retrouvé des crottes de rat dans le lit de son enfant au 55 rue Erasme. Place de Haldenbourg, une autre a indiqué qu’elle n’invite plus personne parce qu’elle a honte des rongeurs chez elle.
Pour Nicolas Chapelle, responsable technique de Radical Pest Control, une entreprise de dératisation, « tout le monde connait ce qui cause la surpopulation des rats et les solutions pour y remédier depuis longtemps » :
« Il faut impérativement empêcher la stagnation de ressources alimentaires accessibles pour les rongeurs. Devant de nombreux immeubles, de grandes quantités de déchets sont à leur portée, dans des îlots de poubelles non étanches, et pas loin de zones herbeuses non entretenues qui leur permettent de nicher tranquillement. Les poubelles enterrées sont une solution à généraliser car une moindre disponibilité de la ressource aboutirait forcément sur une régulation des rats. »
Au sous-sol de son immeuble, Yasmina montre un tas de déchets « qui date de plusieurs années ». « Comment voulez-vous qu’il n’y ait pas de rats ? On paye des charges mais il n’y a aucun entretien des parties communes », assure-t-elle.
L’espèce présente en Ville n’est pas porteuse de la peste
Pas loin, Hakima attache la ceinture de son fils dans sa voiture. Ses essuie-glaces ne fonctionnent plus : « C’est les rats qui ont rongé les fils électriques sous le capot. On est beaucoup dans cette situation. » Yasmina craint aussi « les maladies qu’ils peuvent transmettre ».
Le surmulot, ou rat brun, l’espèce présente à Strasbourg, n’est pas celle qui a été porteuse de la peste, le rat noir ou rat des champs. En revanche, elle peut transmettre, par contact avec l’urine, la leptospirose, une maladie bénigne dans la majorité des cas mais qui peut provoquer une insuffisance rénale et qui touche 600 personnes en France tous les ans en moyenne. Plus généralement, « tout contact trop important entre les humains et les animaux augmente le risque d’apparition de zoonose, et donc d’épidémie, comme on l’a vu avec le Covid », précise Véronique Philippot, ethnobiologiste à Strasbourg.
Sandrine Glatron, urbaniste basée à Strasbourg et directrice d’un réseau de chercheurs sur l’environnement urbain, a travaillé sur la question des rongeurs en ville :
« Il n’est pas possible d’éradiquer complètement les rats. Il faut savoir qu’ils nous rendent même des services, par exemple en débouchant les égouts. Pour beaucoup, ils sont associés à quelque chose de sale et ne devraient pas exister en ville. Je pense qu’il faudrait plutôt intégrer qu’ils sont présents parmi nous, pour mieux agir s’ils deviennent trop nombreux, car c’est ça le vrai problème.
Par exemple, dératiser avec des produits chimiques pour les tuer, cela correspond à une philosophie d’éradication, mais c’est une solution qui ne fonctionne que quelques jours parce que d’autres rats les remplaceront. Il faut agir sur les causes pour limiter leur nombre de façon plus structurelle. »
La chercheuse remarque également que les nuisances liées aux rats apparaissent davantage dans les quartiers populaires. « Il s’agit d’un vrai marqueur social. Les gens habitent dans de grands ensembles, souvent en mauvais état, avec d’importantes quantités de déchets concentrées dans des îlots de poubelles accessibles. Cette disposition n’existe pas dans les autres quartiers d’habitation », dit-elle.
« Ma hantise, c’est d’en avoir dans un étalage »
À la Meinau, effectivement, tout le monde semble habitué à composer avec les rats. Aslan, qui tient une épicerie, a des portes bien étanches et pose des pièges tous les soirs pour être certain qu’ils n’entrent pas dans son stock. « Ma hantise, c’est d’en voir un jour dans un étalage. Imaginez la réputation ! », souffle-t-il. Véronique Philippot explique :
« Les rats sont très opportunistes. Ils se dirigent vers les sources de nourritures là où elles sont disponibles. Donc si des trous dans les immeubles donnent accès à des aliments, c’est une aubaine pour eux. En plus, ils ont très peu de prédateurs en ville, et peuvent donc prospérer. Cependant, c’est une espèce qui s’autorégule : si les ressources diminuent, les rats font des portées moins nombreuses. C’est aux humains de contrôler cela, avec la gestion des déchets. »
« Les responsables doivent agir en coordination »
Benjamin Soulet (Labo citoyen), adjoint à la maire de Strasbourg en charge de l’équité territoriale, revient sur le plan de lutte contre la prolifération des rongeurs, censé « mobiliser de concert les services de la Ville et les bailleurs » :
« Toutes les zones de prolifération des rats sont étudiées par les responsables, qui doivent agir de façon coordonnée. Le service espaces verts repère et détruit les terriers, identifie les lieux où les rats peuvent nicher. Les bailleurs analysent les aménagements qu’ils peuvent mettre en place. Nous les invitons à enterrer les poubelles ou les enfermer dans des cabanons étanches. Ophéa a embauché six gardiens d’immeubles, ce qui porte leur nombre à 56 sur le parc de ce bailleur. Ils peuvent entretenir les bâtiments et contrôler les poubelles. Nous avons obtenu des résultats allée Reuss au Neuhof et rue Lavoisier à Cronenbourg. »
Mais rue Jean Hoepffner, Coralie, Vanessa et Marina font remarquer que de nombreuses poubelles placées devant les immeubles sont toujours accessibles aux rats. Souvent, sous les grilles qui empêchent l’accès aux bennes, des espaces de quelques centimètres laissent passer les rongeurs. Les clapets pour jeter les sacs de déchets sont ouverts. C’est aussi le cas rue Louis Loucheur, où les immeubles sont vieux et en mauvais état.
Dans certaines poubelles et buissons, les rats se déplacent et se font entendre. « Ils sortent surtout le soir et le matin », dit Vanessa : « Moi ça me fait peur, ils sont capables de passer entre les jambes des gens. » Rue Schulmeister, devant des bâtiments plus modernes, les cabanons rendent les poubelles étanches. « C’est là où ils construisent des nouveaux HLM, avec des loyers hyper chers, qu’ils font plus de choses. Mais chez moi, il n’y a rien, et je pense qu’on est bons pour attendre encore longtemps », commente Coralie.
Penser les dispositifs avec les habitants
Benjamin Soulet admet que les étanchéifications de poubelles se font au rythme des bailleurs. Or, ces derniers ont subi de lourdes restrictions budgétaires, amplifiées par le gouvernement d’Édouard Philippe. Salah Koussa, président d’Ophéa, confirme que l’installation de dispositifs contre les rats au niveau des poubelles « se fait en même temps que la rénovation » des bâtiments : « Sur notre parc, à l’horizon 2026, on compte passer partout aux poubelles enterrées et installer des soubassements en béton pour empêcher les rats d’entrer dans les immeubles. »
Jutta, d’origine allemande, est aussi Meinauvienne depuis plus de 30 ans. Elle veut sensibiliser ses voisins sur la gestion des poubelles : « Je vois des personnes qui posent leurs sacs n’importe où. Certains les jettent par la fenêtre. C’est aussi à cause de ces comportements que les rongeurs prospèrent. »
Véronique Philippot insiste sur le travail de médiation à mener auprès des habitants :
« Lorsque j’étais à l’Elsau ou à Hautepierre, j’ai observé des comportements favorisant la présence de rats : il peut arriver que des habitants donnent à manger aux rongeurs… J’ai trouvé de la brioche devant l’entrée d’un terrier une fois. Des rats nichent aussi dans des encombrants entreposés dehors. »
« Certains dispositifs ne sont pas adaptés aux habitants », remarque Sandrine Glatron. Elle plaide pour que les aménagements soient pensés avec eux, afin qu’ils soient fonctionnels :
« C’est souvent les enfants qui descendent les poubelles, mais l’ouverture de certaines bennes est trop haute pour eux. Ils laissent donc les sacs par terre, aux pieds des îlots… Pour éviter ce genre d’erreur de conception, il faut imaginer les aménagements en concertation avec les habitants. »
Yasmina analyse que beaucoup de bâtiments ont été laissés à l’abandon, et que leur réhabilitation ou la construction de nouveaux logements coutera cher et prendra du temps :
« La priorité contre les rats, c’est de rénover tous les emplacements à poubelles. Il ne faudrait pas attendre la rénovation des immeubles et du quartier pour changer ça ! »
« J’ai conscience que c’est difficile pour les locataires, mais on ne peut pas faire les choses en deux fois, le plan de rénovation se fait sur plusieurs années, mais à la fin, il y aura des résultats », garanti Salah Koussa, d’Ophéa. Étienne Wolf, le président d’Alsace Habitat, autre bailleur social, n’a pas répondu à notre sollicitation.
Stocamine : début des travaux de confinement, la Collectivité d’Alsace demande leur suspension
Mardi 10 mai, la construction de barrages en béton a commencé à Stocamine. L’opération ne compromet pas, pour le moment, la possibilité de sortir les déchets. Le confinement définitif, voulu par l’État, est pour l’instant non autorisé à cause d’une décision de justice. La Collectivité européenne d’Alsace, défavorable au confinement, a déposé un référé suspension devant le tribunal administratif.
Les travaux de confinement des 42 000 tonnes de déchets industriels ultimes sous la nappe phréatique ont commencé ce mardi 10 mai, sur le site de Stocamine à Wittelsheim. La direction des Mines de Potasse d’Alsace (MDPA), la société de l’État qui gère Stocamine, assure que le chantier n’altère pas encore la possibilité de sortir les déchets. Il s’agit de barrages en béton qui n’entravent pas l’accès aux big-bags et aux fûts.
La Collectivité européenne d’Alsace (CeA) a déposé, le 10 mai, un référé suspension au tribunal administratif de Strasbourg. Dans un communiqué envoyé le même jour, elle rappelle le compromis qu’elle propose à l’État : « le confinement des galeries en mauvais état et le retrait le plus important possible des déchets situés dans les galeries en bon état et pour lesquels le déstockage est parfaitement réalisable. » Elle insiste aussi sur le fait que le confinement génèrerait « un risque sérieux sur la nappe phréatique du bassin rhénan, l’une des plus importantes d’Europe, et, au final sur la santé des habitants (en France mais aussi en Allemagne et en Suisse) ».
La préfecture n’a pas encore pu délivrer l’autorisation environnementale
Pour réaliser les travaux de confinement définitif, les MDPA doivent attendre que la préfecture du Haut-Rhin délivre une nouvelle autorisation environnementale, comme l’arrêté précédent avait été retoqué par la Cour administrative d’appel de Nancy en octobre 2021. Selon Me François Zind, avocat d’Alsace Nature, cette procédure, qui nécessite notamment une enquête publique, l’avis de l’autorité environnementale et un rapport de la Dreal, devrait encore durer plusieurs mois, jusqu’à fin 2022 probablement.
Dans un article du Monde, on apprend que les MDPA comptent tout de même « commencer le remblai du bloc 15 » mi-juin, ce qui rendrait inaccessibles les déchets de ce bloc, à l’origine de l’incendie qui a causé la fermeture de Stocamine en 2002. Pour le gouvernement, ces derniers ne peuvent de toute façon plus être sortis vu l’état de dégradation de la galerie en question.
Alsace Nature a également déposé un référé suspension le 12 mai. L’association a porté plainte contre X suite à une enquête de Rue89 Strasbourg et Reporterre révélant des doutes sérieux sur la nature des déchets stockés dans la mine, suite à quoi le parquet a mandaté la gendarmerie pour une enquête pénale. Pour Me François Zind, le remblai du bloc 15 constituerait une obstruction à l’enquête judiciaire et serait un début de confinement définitif, avant-même que l’enquête publique préalable et les autres procédures aient pu se dérouler.
L’audience est prévue le 19 mai au tribunal administratif de Strasbourg.
Parade à vélo au rythme de musiques électro samedi à Strasbourg
Les collectifs Bike’n’sound et Park’n’sound proposent le « Bike’n’sound », une parade à vélo propulsée par de la musique électro samedi 14 mai à partir de 14h.
Après la première « Bike’n’sound » en février 2021, les collectifs Bike’n’sound et Park’n’sound proposent de se remettre en selle le samedi 14 mai de 14h à 20h. Le principe est simple : organiser une parade à vélo dans les rues de la capitale alsacienne au rythme de musiques électroniques en arborant costumes et autres accessoires loufoques.
L’évènement débute avec la parade à partir de 14h. Le lieu de départ est gardé secret et sera communiqué via les profils Instagram des organisateurs (Parknsound et Bikensound). Pour participer, il faut s’inscrire et débourser la somme de 5 euros. Seules 99 places sont disponibles, selon l’autorisation accordée par la préfecture pour un tel événement.
Une liste d’inscription cachée
Mais pour s’inscrire, il faut d’abord trouver la liste pour s’enregistrer. Pour y arriver, il faut d’abord trouver un indice caché dans la vidéo ci-dessous donnant accès à la liste des participants. Pour celles et ceux qui n’auraient pas réussi à s’inscrire à temps pour le départ, il sera possible de se rendre directement au point d’arrivée, parc du Heyritz. Un espace buvette et restauration ainsi que de la musique sont prévus dès 14h.
Vers 16h, la parade à vélo doit arriver au parc du Heyritz pour marquer son terminus. Sur place, l’entrée est gratuite et un « Piknic Electronic » prolongera l’après-midi. Les ateliers Strasbourgeois Bretz’selle, Le Stick, A’Cro du vélo, Gare Debout participeront aussi à l’événement avec un stand d’auto-réparation de bicyclettes gratuit.
Jusqu’à 20h, une programmation éclectique est annoncée avec en tête d’affiche les artistes Alex Nevil, ARP, Odjowicz et Wolves qui feront résonner le parc. Une manière de réunir les amateurs de vélos, de house et de techno.
Jérémy Govi, le candidat surprise aux législatives qui veut « porter la voix des quartiers populaires »
Jérémy Govi est animateur au centre socio-culturel d’Hautepierre. Impliqué dans plusieurs associations et très ancré dans le quartier, il se présente aux élections législatives dans la circonscription du centre et de l’ouest strasbourgeois. Rencontre à son lancement de campagne.
« Hautepierre, c’est un peu ma famille », déclare Jérémy Govi, candidat sans étiquette aux élections législatives pour la circonscription du centre et de l’ouest de Strasbourg (67-1). Quelques dizaines de personnes sont présentes ce lundi 9 mai en début de soirée, pour le lancement de campagne. Le rendez-vous se tient devant les locaux de l’AJF Hautepierre, club de foot dont il est vice-président.
Défendre la jeunesse, aider les quartiers pauvres
Sur le gravier, quelques tables protégées par des tonnelles accueillent des habitants d’Hautepierre et de Koenigshoffen. Le soleil se couche lentement. Tous semblent connaitre et apprécier le candidat. « C’est un exemple pour beaucoup ici. Il file des coups de main et connait la vie dans les quartiers. Il peut apporter quelque chose de nouveau s’il est élu », explique un homme, gobelet rempli de Fanta à la main.
Les bureaux de vote de la circonscription
Jérémy Govi est animateur au centre socio-culturel (CSC) le Galet, à Hautepierre, et engagé dans l’association Solidariteam, qui organise notamment des distributions alimentaires. Il entend, à travers sa candidature et son mandat s’il est élu, porter la parole des quartiers populaires :
« Je suis fils de mineur, j’ai grandi ici. Notre objectif, c’est de défendre la jeunesse, de mettre en place des dispositifs pour permettre aux jeunes d’avoir des projets. On veut aussi aider les quartiers les plus pauvres, notamment en donnant des locaux aux associations qui en ont besoin. Avec Solidariteam, on n’a rien alors qu’on aide énormément de monde. »
Des mesures proches de celles de la Nupes
Faiçal Amroun, responsable de campagne de Jérémy Govi et ancien colistier d’Alain Fontanel (LREM) aux élections municipales en 2020, donne des éléments de programme. Ils se rapprochent de ceux de Jean-Luc Mélenchon et la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) qui se présente aux mêmes élections :
« On est aussi pour l’augmentation du SMIC à 1 400 euros et la retraite à 60 ans. Ensuite, le programme se fera en fonction des rencontres que nous ferons avec les habitants, pour porter leurs revendications. »
Plusieurs personnes interrogées sur place assurent d’ailleurs avoir voté pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l’élection présidentielle. La candidature pourrait diviser l’électorat du leader insoumis dans les quartiers populaires et affaiblir la candidate de la Nupes, l’écologiste Sandra Régol. L’ancien premier adjoint Alain Fontanel est quant à lui également en lice dans cette circonscription pour succéder au député Thierry Michels (LREM).
Interrogé sur la Nupes, Jérémy Govi affirme : « Nous on a pas calculé tout ça, on prévoit la candidature depuis février ». De droite ou de gauche ? Il répond qu’il y a « des bonnes idées partout ». Il confie que c’est Patrick Arbogast, ancien candidat indépendant aux municipales de 2020, puis suppléant dans une alliance avec « Les Républicains » aux élections départementales, qui l’a poussé à se présenter. Ce dernier est également présent pour le lancement de campagne.
« Je fais confiance à Jérémy »
Pas loin, sur une petite pelouse, des jeunes se font quelques passes avec une balle de foot. Ils se disent « contents de voir quelqu’un du quartier se présenter ». Nour, Faozia et Latifa, de l’association Femmes d’ici et d’ailleurs, expliquent que Jérémy est « toujours là en cas de besoin ». Nour précise :
« J’ai souvent eu des paniers de nourriture grâce à son association. S’il nous manque un meuble ou quelque chose, il peut nous le fournir. »
Sadia aimerait aussi voir un élu qu’elle connait à l’assemblée nationale. « Il y en a beaucoup qui sont déconnectés de notre réalité. Ils viennent pour leurs campagnes, font des promesses, et rien ne change ensuite. Moi je fais entièrement confiance à Jérémy », explique-t-elle. Béatrice vante son « bon comportement, qui donne une autre image de Hautepierre ». Myriam et Souade l’apprécient parce qu’il sait parler, en tant qu’animateur, à leurs enfants et aux jeunes du quartier.
Le lancement de campagne a des allures de pique-nique associatif. Jérémy Govi insiste : « Je voulais un moment convivial. » Après un bref discours et des prises de paroles de ses soutiens, il invite les participants à se diriger vers le barbecue, où Azziz grille des merguez. Ces prochaines semaines, il prévoit un tour de la circonscription à vélo, pour aller « à la rencontre des habitants » :
« Je débute en politique, mais j’ai de la bonne volonté, et je veux aider à améliorer les choses, parce qu’il y a beaucoup de misère et il faut que ça change. »
Victime de son succès, l’aide de l’Eurométropole à l’achat de protections hygiéniques lavables s’arrête après 5 mois
Début décembre, l’Eurométropole a mis en place une subvention de 30 euros pour aider toutes les personnes menstruées à se doter de protections périodiques lavables. Ce dispositif aux dimensions écologiques, sociales et sanitaires a largement été salué, mais vient de prendre fin, seulement cinq mois après sa création. Il ne sera pas relancé avant automne prochain, au plus tôt.
C’est avec un mélange de déception et d’incompréhension qu’Anne, 23 ans, découvre le message de clôture du dispositif « Changeons les règles : des protections menstruelles réutilisables pour toutes » sur la page internet de l’Eurométropole. Et pour cause, la communication promouvant cette subvention n’a jamais évoqué ni date butoir, ni nombre limité de bénéficiaires.
Si elle en avait eu connaissance de ces limites, Anne se serait davantage pressée :
« Je vois beaucoup de publicités depuis plusieurs mois, mais je ne pensais pas que je devais me dépêcher pour en profiter. Alors j’ai un peu tardé. Je voulais bien me renseigner sur ce que j’allais acheter et je me disais aussi que je n’étais pas ultraprioritaire, même si l’achat de protections me revient vraiment cher. »
Anne est étudiante et souffre d’endométriose, ce qui perturbe beaucoup son cycle menstruel. Si, selon les observateurs, une femme dépense en moyenne 3 330 euros de produits menstruels jetables au cours de sa vie, soit environ 7€ par mois, la jeune femme estime à plus de 10€ ses dépenses mensuelles en raison de règles particulièrement longues. « La cup m’a permis de faire des économies pendant un certain temps, mais elle ne me convient plus. Je voulais profiter de cette subvention pour tester les culottes lavables », précise-t-elle.
Un nombre de demandes largement sous-évalué
Sauf que le dispositif a pris subitement fin le 19 avril, en raison d’un nombre de sollicitations trop élevé. Au total, 4 500 demandes ont été traitées, ce qui correspond à une dépense de 135 000 euros. Un budget qui avait déjà été significativement revalorisé, puisque le montant annuel dédié au dispositif lors de son vote au conseil de l’Eurométropole, le 19 novembre 2021, était alors « estimé à 18 000 €, pour environ 600 subventions et [devait être] affiné avec les retours d’expérience constatés. » En 2019, l’Eurométropole avait lancé un autre dispositif de soutien à l’achat de couches lavables, à hauteur de 60€ par demande (pour 100€ d’achats). Mais celui-ci, moins connu et qui concerne moins de personnes, n’a reçu que 307 demandes cumulées depuis son lancement.
Si « l’Eurométropole de Strasbourg se félicite du vif succès rencontré par le dispositif » pour les protections menstruelles, elle reconnaît également sur son site que les demandes ont « très largement dépassé les prévisions ». Un « succès » qui ne pourra donc en être véritablement validé que si le dispositif est repensé et réadapté à la demande.
La subvention doit-elle bientôt être remise en place ? L’enveloppe dédiée sera-t-elle augmentée ou les bénéficiaires devront-ils à présent répondre à certaines conditions ? Sollicité par Rue89 Strasbourg au sujet du futur de ce dispositif, l’Eurométropole n’a pas souhaité répondre pour le moment, expliquant que la question ne serait pas étudiée avant automne prochain.
Face aux mécontents de la flambée des factures d’ÉS, un énergéticien propose du gaz éligible au « bouclier tarifaire »
Ekwateur, seul concurrent d’ÉS à Strasbourg, vient de monter une nouvelle offre qui s’inclut dans le « bouclier tarifaire » du gouvernement, dont les nouveaux clients gaz d’ÉS sont exclus.
Les clients « bloqués » dans une offre de gaz aux prix non-réglementés d’Électricité de Strasbourg (voir notre article), en quasi-monopole à Strasbourg et aux alentours, vont pouvoir aller voir ailleurs si le gaz est moins cher.
Rue89 Strasbourg n’a pas été le premier média à parler de la situation des clients gaz depuis 2018, qui ne sont pas protégés par le « bouclier tarifaire » du gouvernement, mis en place en octobre 2023. Mais c’est celui qui a poussé la société Ekwateur, seul concurrent d’ÉS à Strasbourg depuis 2018, à proposer une nouvelle offre avec des prix bloqués à partir du 1er juin 2022. Le président et co-fondateur de la société Julien Tchernia raconte :
« Votre article a mentionné l’existence d’Ekwateur. Il figurait dans notre revue de presse et m’a fait découvrir l’existence de cette situation à Strasbourg. Ce jour-là, un Strasbourgeois a appelé la société pour me dire de faire quelques chose. Quand on s’est lancé, on ne souhaitait pas s’inscrire dans les prix réglementés. Mais depuis quelques mois, on se pose beaucoup de questions pour tous nos clients, surtout que le bouclier va être prolongé. On a pris quelques jours pour faire nos projections des risques financiers que cela représente et en début de semaine on a pu décider de se lancer. On devrait pouvoir commencer à souscrire à cette offre en fin de semaine. »
Strasbourg seule ville concernée
Strasbourg sera « un laboratoire » pour la société fondée en 2016. C’est la seule ville où elle proposera des Tarifs Réglementés de Vente (TRV). « Le bouclier demande de vendre à perte avant d’être remboursé en 2023 », explique le président de la société. Dans les autres villes où Ekwateur est présent, « d’autres fournisseurs de gaz proposent des offres TRV pour les consommateurs », justifie l’entrepreneur.
Environ 1 000 clients à Strasbourg
À Strasbourg et ses environs, la jeune société compte environ 1 000 clients gaz et 3 800 à l’électricité. Ces derniers sont éligibles au bouclier tarifaire, contrairement aux clients du gaz.
Au total, les habitants de 388 communes du Bas-Rhin autour de Strasbourg peuvent souscrire à la nouvelle offre Ekwateur, en concurrence avec ÉS. Il faudra donc souscrire à un abonnement fixe et un prix au kilo-wattheure dont les tarifs dépendent du niveau de consommation des ménages (« plus on consomme, plus l’abonnement est cher et moins le kilowattheure l’est », schématise Julien Tchernia).
Les clients pourront demander, en option, que le gaz soit issu de la production de biométhane. Comme l’impose la loi pour les particuliers, c’est une offre sans engagement.
À Strasbourg, Macron demande une réforme des traités européens, comme l’Allemagne
Dans un discours au Parlement européen, Emmanuel Macron s’est invité lundi 9 mai dans le débat récurrent sur l’architecture institutionnelle de l’Union. Il s’est dit pour une réforme des traités et une convention, mais aussi la création d’une « communauté politique européenne » incluant l’Ukraine. Mais les opposants dans les 27 pays sont nombreux . . .
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Un squat ouvert quai Jacoutot, dans l’ancien bureau des douanes du port de Strasbourg
Une famille géorgienne et plusieurs hommes sans domicile fixe occupent une maison voisine de la déchetterie de la Robertsau. Le squat aurait été ouvert à la fin du mois d’avril.
« Mon plus petit fils, on l’appelle le mini Messi en Géorgie. » Aleksi (le prénom a été modifié) est arrivé à Strasbourg avec sa femme et ses deux enfants le 5 mai. Après deux jours dans la rue, il a trouvé refuge dans une maison voisine de la déchetterie de la Robertsau, quai Jacoutot. Malgré l’absence d’eau courante et les innombrables difficultés de sa situation, l’ancien conducteur d’ambulance évoque rapidement ce qu’il y a de plus important à ses yeux. Son garçon de 15 ans traduit : « Mes enfants sont d’excellents joueurs de football. Je veux qu’ils intègrent un club et qu’ils deviennent bientôt footballeurs professionnels. » L’homme portant un bleu sur le front a fui après une agression et des menaces de mort liées à un « conflit familial ». Dans la pièce à côté, sa femme passe le balai.
Devant la maison blanche, plusieurs hommes torse nu déchargent un camion de l’association Solidariteam. Il est 16 heures ce lundi 9 mai. Un jeune surnommé « Souris » s’exclame : « On a des recharges pour un continent frère ! » À droite de l’entrée, une pièce est remplie d’une trentaine de cagettes de nourriture. Ancien fondateur controversé de l’Hôtel de la rue à Koenigshoffen, Edson Laffaiteur répond qu’il faut bien nourrir les habitants du squat.
Entrés « par une fenêtre déjà cassée » avec deux personnes sans-abri, il occupe les lieux depuis le 30 avril et projette d’accueillir une vingtaine de personnes dans le bâtiment de deux étages : « Le premier est destiné aux familles. Une autre doit arriver à 19 heures. Au-dessus, c’est réservé aux hommes isolés. » Selon nos observations, huit personnes vivent sur place. Il reste deux chambres de libre.
Dans cette bâtisse isolée en plein périmètre Seveso, les conditions de vie sont particulièrement précaires. Au rez-de-chaussée, les câbles électriques ont été arrachés. L’électricité ne fonctionne qu’aux étages. Il n’y a pas d’eau courante et aucun moyen de garder les denrées périssables au frais.
Après notre entretien, Aleksi et ses deux garçons sortent avec un seau d’eau et le remplissent dans un bassin lié au canal du Rhône au Rhin. Mais pour Edson, peu importe la précarité, voire la dangerosité de l’habitat : « Pour les gens ici, c’est du cinq étoiles. Nous on ouvre un squat pour loger des gens le temps qu’ils soient pris en charge. On ne bougera pas d’ici avant que tout le monde soit relogé. »
À la rue depuis quatre ans, Jonathan (le prénom a été modifié) ne se plaint pas de la vétusté de la maison. Il évoque de nombreux squats où il a vécu sans eau ni électricité à Lyon, avant d’être interrompu par un homme en débardeur noir au milieu des bennes de la déchetterie voisine : « Qu’est-ce que vous faites ici ? Vous êtes une asso ? C’est classé Seveso ici, vous allez vous faire expulser. »
De retour à l’intérieur, Jonathan raconte la scène à Edson, qui lui répond : « T’aurais dû lui dire qu’on est une asso ! » Peu importe si aucun statut n’a été déposé. L’ « emmerdeur » autoproclamé (c’est écrit au dos de son t-shirt) bluffe à l’envi, avec plus ou moins de réussite. Sa dernière tentative d’occupation, dans le quartier de la Meinau, n’a pas abouti. L’ancien SDF préfère se targuer d’avoir été l’origine de l’Hôtel de la Rue (tous nos articles à lire ici), un squat qui a pu exister pendant près de trois ans, avant d’aboutir au relogement d’une centaine d’habitants grâce aux efforts d’un petit collectif qui a géré l’association La Roue Tourne et tous ses partenaires, dont la Ville de Strasbourg.
Les étudiants de Strasbourg privés de restaurants universitaires les week-ends
Depuis le 1er mai, plus aucun restaurant universitaire ne peut accueillir les étudiants strasbourgeois le week-end. Un résultat dû à la conjonction d’une baisse des services du Crous à la fin de l’année universitaire et de la fermeture du FEC les samedis et les dimanches.
Julie, étudiante en reprise d’études, avait l’habitude de se rendre deux fois par jour au Centre régional des oeuvres universitaires et scolaires (Crous) et parfois de profiter de leur panier repas. Bénéficiant du tarif applicable aux boursiers de un euro par repas, elle compte beaucoup sur cette aide pour pouvoir manger équilibré. Mais en consultant le calendrier des ouvertures des restaurants universitaires (RU), elle découvre qu’elle ne peut plus s’y restaurer le week-end depuis le samedi 30 avril, date du dernier service du RU de l’Esplanade.
Une nouvelle qui inquiète beaucoup la jeune femme. Julie a déjà dû renoncer à des achats de première nécessité pour se nourrir et sait que, dans cette situation, elle devra sauter des repas à la fin du mois :
« Les étudiants vont rarement au RU tous les jours pour le plaisir. Parfois, j’aimerais manger autre chose, mais je n’ai pas les moyens. Avec cette fermeture du week-end, je vais devoir me débrouiller et je sais déjà que je serai dans la merde à la fin du mois parce que je ne peux pas dégager plus de 100 euros pour me nourrir et encore, je ne les ai pas forcément. »
Si elle comprend les enjeux financiers et le manque de personnel, avancés notamment par le FEC (Foyer de l’étudiant catholique) pour expliquer sa fermeture le dimanche, elle demande à ce qu’une alternative soit trouvée : « un système de panier repas pour tout le weekend, par exemple, serait le bienvenu pour que nous puissions réussir à nous nourrir décemment. »
Elisa, 29 ans, en troisième année de licence, anticipe aussi cette fermeture. Elle se rend dans les restaurants universitaires tous les midis et régulièrement le soir et le week-end. Elle y bénéficie aussi des repas à un euro et d’une alimentation équilibrée. « J’ai des soucis de santé, notamment de l’anémie, donc j’ai besoin de manger régulièrement un peu de viande. Sans le Crous, je ne pourrais pas y avoir accès », précise-t-elle.
Des repas en moins et pas forcément remplacés
L’étudiante a peu d’alternatives aux restos universitaires. Elle vit en résidence universitaire, près du RU Paul Appell et partage sa cuisine avec les autres locataires. Mais celle-ci est souvent laissée dans un mauvais état par les autres occupants, explique-t-elle :
« Notre cuisine commune est dans une situation hygiénique assez catastrophique. Les personnes qui l’utilisent ne nettoient pas après elles, les poubelles de table débordent, car tout le monde y jette n’importe quoi, les éviers sont tout le temps bouchés, ce qui entraîne des odeurs épouvantables. Le week-end, c’est encore plus compliqué, car les femmes de ménage ne passent pas, alors qu’elles viennent une fois par jour en semaine. »
Elisa n’incrimine pas le Crous, mais plutôt les habitudes des autres étudiants locataires. À cause de cette cuisine presque inutilisable, elle doit se rabattre sur de la nourriture à bas coût quand le RU est fermé, « malgré le fait que ce soit mauvais sur le long terme », regrette-t-elle.
Une baisse de l’offre habituelle et une fermeture contextuelle
Cette situation découle de deux éléments : la diminution des offres de restauration habituelles du Crous, à l’approche de la fin de l’année scolaire (avec la fermeture prévue du RU de l’Esplanade) et la fermeture du FEC le week-end.
Ce dernier ne fait pas partie des établissements du Crous, mais propose, en tant que restaurant agréé, des repas financés par celui-ci, au même prix pour les étudiants. Depuis mars, un affichage informe aux étudiants la fermeture du RU le dimanche dès le 1er avril, indiquant que, « face à l’augmentation des repas servis, face à l’augmentation des charges (pâtes, huiles, gaz, etc) le Crous n’a pas donné suite à notre demande d’aide exceptionnelle. »
Contacté pour plus de précision, le directeur du Foyer de l’étudiant catholique, Étienne Troestler mentionne également une hausse de demande liée à la mise en place du repas à un euro pour certains étudiants :
« Ce dispositif est vraiment très bien, car il répond à un vrai besoin chez les étudiants précaires. Son succès nous le prouve. Mais alors que le nombre de repas que nous servons ne cesse d’augmenter, la subvention qui nous est allouée par le Crous stagne. Nous ne nous en sortons plus dans ces conditions. »
Contrairement à ce qui est mentionné dans le message de fermeture, Étienne Troestler fait peser cette responsabilité sur le Cnous (Centre national des œuvres universitaires et scolaires) qui élabore les budgets des centres régionaux (Crous). Ce sont ces derniers qui répartissent ensuite les enveloppes dans les différentes structures des régions.
Une demande en hausse depuis l’arrivée des repas à 1€
Le Crous de Strasbourg note également cette hausse importante de bénéficiaires. Le nombre de repas servi a augmenté de 20% entre 2019 (année de référence avant Covid) et 2021, passant de 1 072 674 à 1 283 619. Pour mieux orienter les étudiants, le calendrier des ouvertures et fermetures des RU, contient depuis cette année les restaurants du Crous ainsi que les restaurants agréés (le FEC, Ort et le Stift).
Sophie Roussel, directrice du Crous de Strasbourg en poste depuis mars, travaille à renforcer la communication entre les différents RU pour que les périodes de fermetures soient au moins échelonnées. Elle explique cependant que la reprise du service le week-end n’est pas forcément la demande la plus prioritaire :
« En moyenne, 350 repas sont servis le samedi à l’Esplanade. Un chiffre qu’il faut mettre en rapport avec les 68 000 étudiants inscrits à Strasbourg. De plus, la fermeture du week-end ne dure que 48 heures alors qu’il y a des vacances de plusieurs semaines pendant lesquelles la demande baisse, mais reste toujours présente. Nous travaillons déjà à être plus efficaces sur ces périodes. La fermeture du FEC le week-end est une donnée supplémentaire que nous devons prendre en compte, nous n’avons pas pris part à cette décision. »
La directrice du Crous rappelle également que la subvention que reçoit le FEC n’avait pas évolué non plus pendant la période de Covid, alors que la restauration tournait au ralenti. Pour elle, le foyer devrait être à l’équilibre entre ce trop-perçu et la situation actuelle. « J’invite également les étudiants en situation de précarité à ne pas oublier qu’ils peuvent emporter un repas supplémentaire lors de leur venue et demander une aide spécifique ponctuelle, même s’ils ne sont pas boursiers », conclut-elle.
Le planning des Resto U de l’année prochaine doit être élaboré en juin. La fréquentation, les moyens matériaux et humains ainsi que la localisation des établissements entrent en jeu. Une réouverture les samedis est probable, mais celle du dimanche est lourdement remise en question.
Suite à un rassemblement de parents exaspérés, l’école maternelle de la Musau obtient une remplaçante
Après des mois d’appels au rectorat de l’académie de Strasourg, et une manifestation pour dénoncer une situation critique, l’école maternelle de la Musau aura enfin une remplaçante permanente à partir de mardi 10 mai.
Une enseignante remplaçante permanente doit débuter mardi 10 mai à la maternelle de la Musau, une semaine après la manifestation d’une vingtaine de parents d’élèves devant l’école. Ce jour là, trois enseignants étaient absents et d’autres à l’extérieur, ce qui ne laissait plus qu’une maîtresse pour 90 élèves. L’une des enseignantes absentes est en arrêt maladie depuis début novembre, un arrêt prolongé de semaines en semaines sans qu’une remplaçante ne soit nommée. Une trentaine d’élèves étaient répartis au gré des possibilités dans les autres classes deux jours par semaine…
Une des parents mobilisée attribue ce succès à la notoriété qu’a obtenu le mouvement suite à cette mobilisation. Les parents ont envoyé les articles de Rue89 Strasbourg, des Dernières Nouvelles d’Alsace, et d’Alsace20 au rectorat de l’académie de Strasbourg. Le lendemain, le rectorat à annoncé la mise en place d’une remplaçante.
Journaliste de Grani.ru, média bloqué par Moscou, Ioulia Berezovskaïa « ne peut pas s’arrêter maintenant »
Journaliste russe indépendante exilée en France depuis huit ans, Ioulia Berezovskaïa pose un constat alarmant sur les conditions d’exercice du métier de journaliste et sur l’information à laquelle ont accès les citoyens en Russie. Elle est à Strasbourg mardi 10 mai.
Ioulia Berezovskaïa, 49 ans, rédactrice en chef de Grani.ru (« faces » en russe ) a fait des études de journalisme à l’Université d’état de Moscou, puis une filière francophone de journalisme dans la même institution. Après avoir été journaliste radio (l’Écho de Moscou) et de presse écrite, elle dirige la rédaction de Grani.ru, un des premiers médias russe en ligne. Détenu par le controversé milliardaire russe, Boris Berezovski (pas de lien avec Ioulia), celui-ci se retire du projet en 2005. Ioulia et un autre journaliste le rachète. Le média en ligne poursuit grâce à un soutien de la NED (New endowment for Democracy) et aux annonceurs.
Grani adopte dès le départ une ligne éditoriale opposée au régime russe et ne s’interdit de traiter aucun sujet avec un ton parfois au vitriol. Constitué en association loi de 1901, en 2015, Grani.ru reçoit cette même année la mention spécial du prix des droits de l’Homme de la République française.
Ioulia Berezovskaïa sera à Strasbourg mardi 10 mai, invitée dans le cadre d’un cycle de conférence sur la guerre en Ukraine organisée par l’Université de Strasbourg (voir en fin d’article).
Rue89 Strasbourg : Pouvez-vous présenter Grani.ru ?
Ioulia Berezovskaïa : Nous avons toujours été un média farouchement anti-Poutine et même lors de la parenthèse Medvedev (élu président de 2008 à 2012 car Vladimir Poutine ne pouvait alors enchaîner trois mandats présidentiels, NDLR) nous ne nous faisions aucune illusion. Grani a commencé à parler de “prisonnier politiques”, un terme qui n’existait plus dans les médias depuis la fin de l’URSS. Nous avons lancé un site spécialement dédié à cette question, Grani s’est imposé comme un média militant spécialisé dans les droits de l’Homme. On a été très influent dans les années 2000 et jusqu’à notre blocage en 2014. À cette époque une série de lois liberticides a été adoptée, comme la loi Lougovoï qui permet de bloquer des sites dont les autorités considèrent qu’ils « appellent à prendre part à des manifestations non autorisées assimilés à des publications extrémistes ».
« On assiste à un nettoyage de l’espace médiatique russe »
Malgré notre blocage, le projet a continué, grâce à des solutions comme des sites miroirs. Mais notre fréquentation -jusque-là nous avions 1,5 million d’utilisateurs uniques- a baissé drastiquement. Les annonceurs ont fui aussi. La Cour européenne des droits de l’Homme de Strasbourg a condamné cette décision en 2020, mais le déblocage n’a pas eu lieu car la Russie s’en moque.
Grani.ru est moins actif et moins suivi qu’auparavant, trois personnes environ animent le site, c’est compliqué sans ressources, nous avons failli le fermer. Mais comme on conserve une certaine audience, notamment sur les réseaux sociaux, cela nous paraît important de continuer, alors qu’on assiste à un nettoyage de l’espace médiatique russe et que tous les médias indépendants ferment ou s’arrêtent. En tant que symbole, on ne peut pas s’arrêter maintenant.
Qu’est-ce qui a motivé le blocage à l’époque ?
Nous étions dans le viseur des autorités depuis un moment, mais c’est l’annexion de la Crimée en février 2014 et le traitement que nous en avons fait qui a déclenché le blocage en mars. À partir de là, la peur s’est diffusée. La solidarité avec nous de la part des autres médias a manqué. Certains confrères voulaient quand même continuer. On a vu que l’autocensure se développait. Cela a concerné l’annexion de la Crimée mais aussi les crimes de guerre russes en Syrie, etc. Alors que des médias russes travaillaient sérieusement sur d’autres sujets, comme la répression qui fait rage contre les Tatars en Crimée (une minorité ethnique et religieuse de ce territoire), est tabou. Parler de l’annexion est considéré comme du « séparatisme ».
L’annexion de la Crimée a été un tournant pour moi, et je suis partie avec mes enfants. Aujourd’hui depuis la guerre en Ukraine, de nombreux Russes, et pas seulement des journalistes, quittent leur pays. On assiste à un véritable exode, c’est devenu impossible de rester, et d’un point de vue moral également.
Vous parlez d’un tournant avec l’annexion de la Crimée, comment a évolué le journalisme russe depuis ?
La situation n’a cessé de se dégrader et la répression n’a cessé de s’intensifier avec des lois liberticides et un harcèlement des médias et des militants des droits de l’Homme. Un autre tournant a été le pseudo référendum de 2021 qui a permis à Poutine de rester au pouvoir. Il y a eu la tentative d’assassinat de l’opposant Alexei Navalny. Mais paradoxalement beaucoup de projets médiatiques et journalistiques s’étaient lancés depuis 2014. Cela a été une période assez riche : beaucoup d’investigations, de contenus innovants et créatifs, d’enquête à partir de sources ouvertes. Ce mouvement a été impressionnant et a eu beaucoup d’impact.
« Depuis l’invasion de l’Ukraine, la répression a franchi un autre niveau »
La pression sur les médias s’est accentuée alors que la vague protestataire grossissait en 2021. C’était devenu de plus en plus difficile pour les journalistes et les militants : l’organisation de droits de l’Homme la plus active, Memorial, a été interdite fin 2021 (selon la justice russe, l’ONG créée en 1989, a violé la loi qui régit les « agents de l’étranger », un qualificatif attribué par les autorités et que les organisations ou individus concernés doivent mentionner systématiquement, NDLR).
Et depuis la guerre en Ukraine déclenchée en février ?
Les poursuites judiciaires n’ont pas commencé le 24 février. Journalistes et médias étaient sur une liste noire, considérés comme « agents de l’étranger », mais depuis c’est un autre niveau. Des centaines de sites ont été bloqués, y compris de l’étranger. Le quotidien Novaia Gazeta (dont le rédacteur en chef a reçu le prix Nobel de la paix 2021) a d’abord essayé de ne pas couvrir la guerre -que le régime exige de nommer “opération spéciale”- pour s’intéresser à la répression intérieure, mais ils ont finalement fermé, comme la radio Écho de Moscou ou la chaîne de télévision Dojd. Aujourd’hui des centaines de journalistes se trouvent à l’étranger, ils sont partis du jour au lendemain.
Comment les Russes peuvent-ils avoir accès à de l’information indépendante ?
Ces journalistes vont sûrement se réorganiser, lancer des nouveaux titres à l’extérieur, on espère qu’ils seront soutenus par les organisations internationales, mais c’est compliqué : il faut trouver un moyen de produire du contenu pour aller sur le terrain et trouver un moyen aussi d’accéder aux lecteurs russes : le rideau de fer est là, il y a bien les VPN (réseaux privés virtuels, qui permettent de contourner les blocages, NDLR), mais la majorité du peuple ne sait pas comment faire.
« Quand est-ce que Youtube sera bloqué à son tour ? »
Facebook et Twitter ont été bloqués, la grande question est : quand est-ce que ce sera le cas pour Youtube ? Des journalistes de Dojd ont lancé leur chaîne sur ce réseau. Il y aussi des chaînes sur Telegram qui ont des dizaines de milliers d’abonnés…
Mais pour moi, il est déjà trop tard, la question ce n’est pas d’obtenir l’information, on trouvera toujours des solutions techniques, le problème est plus profond : c’est les Russes dans leur majorité qui ne veulent pas s’informer.
On s’est tous trompés, bon peut-être nous chez Grani.ru un peu moins que les autres. Mais nos confrères occidentaux aussi ont été trop optimistes et se sont laissés inspirer par le développement de la société civile : mais cela représente de tout petits cercles. La majorité de la société russe adhère à la propagande. En dehors des militants qui sont soit à l’étranger, soit considérés comme des « traîtres de l’intérieur. »
Que pensez-vous de la décision d’interdire de diffusion en Europe les sites de médias affiliés au Kremlin, comme Russia Today par exemple ?
C’est une question très compliquée pour moi, je suis forcément mal à l’aise avec l’interdiction et la censure, et même la tentation de la trop grande régulation des médias ou des réseaux sociaux en Occident. Une des missions que s’est donnée Grani.ru c’était de republier du contenu interdit pour s’opposer à la censure, même des contenus très polémiques ou auxquels on ne souscrivait pas forcément, qui pouvaient être considérés comme trop virulents ou toxiques. C’était l’objet du site que nous avons lancé zapretno.info.
Au moment du lancement de Russia Today en France en 2017, on m’a demandé de signer une pétition contre son autorisation d’émettre. Je n’ai pas pu, même si j’étais d’accord sur le fond, même si je déteste la propagande de Poutine. Selon moi, il faut combattre la désinformation du Kremlin mais sans renier les valeurs européennes car c’est ce que Poutine cherche.
Pourtant aujourd’hui la guerre de l’information est devenue tellement intense : ce ne sont que mensonges, appels à la haine et aux meurtres, menace de frappe nucléaire. On peut considérer que dans cette situation de quasi guerre contre l’Europe, les autorités avaient raison de bloquer les médias russes affiliés au régime.
Est ce que les journalistes russes réfugiés à l’étranger peuvent s’estimer en danger ?
Le régime n’a pas hésité à frapper ses opposants à l’étranger, mais pour l’instant il n’a pas visé de journalistes. Personnellement, je me considère en sécurité en France depuis que j’y vis en exil. Ce n’est pas arrivé jusque là et espérons que non. Aujourd’hui, heureusement, les services russes ont beaucoup moins de liberté d’action qu’ils en avaient jusqu’à présent.
Plein les yeux, plein les oreilles, le concept du NL Contest de retour du 20 au 22 mai
La 16e édition du NL Contest, festival des cultures urbaines, aura lieu les vendredi 20, samedi 21 et dimanche 22 mai au skatepark de la Rotonde à Strasbourg. Le festival reprend son créneau et son ampleur d’avant la crise sanitaire.
Après une édition en ligne en 2020 et un festival ramassé en 2021 en raison de l’épidémie de coronavirus, l’association Nouvelle Ligne a préparé une édition 2022 du NL Contest intense et variée, prévue du vendredi 20 au dimanche 22 mai au Skatepark de la Rotonde. Pouvant accueillir jusqu’à 37 000 spectateurs, le festival invite 450 athlètes et artistes, 40 compétitions et programme trois soirées de concerts.
Julien Lafarge, coordinateur général de l’association et du festival, a souhaité mobiliser les partenaires publics et privés afin de proposer cette année un prix d’entrée plus bas :
« L’entrée est à 5 euros la journée. Nous avons souhaité rester sur des prix bas pour rendre cet événement accessible à tous et à toutes. Les billets se retirent sur notre site ou par points de vente. Nous proposons également un tarif spécial à 7,50 euros la journée, en partenariat avec la Compagnie des Transports Strasbourgeois (CTS) afin de favoriser la « mobilité douce ». Avec ce ticket spécial, il est ainsi possible de prendre les transports en commun de manière illimitée toute la journée. »
Le prix d’entrée était également de 5€ en 2021 et en 2019. Jusqu’en 2019, les pass 3 jours s’élevaient à 10€, avec un tarif préférentiel à 6€ en préventes. L’association affirme qu’elle n’a pu continuer de proposer ces tarifs en raison de la pandémie.
Plusieurs tournois ouverts aux amateurs
Le week-end offre la possibilité de concourir en amateur comme en professionnel (voir ici pour les inscriptions). Des tournois féminins sont également organisés. L’événement propose diverses activités de glisse, telles que le roller park ou le roller halfpipe (roller qui se pratique le long des rampes), le BMX (vélo bicross), le VTT, le skateboard ou encore le freestyle scooter (pratique acrobatique de la trottinette). Les gagnants peuvent recevoir jusqu’à 15 000€.
Le week-end regroupe également d’autres tournois liés aux cultures urbaines. Le Streetball NL Contest, tournoi de basketball de rue, se déroulera en gymnase ou en extérieur selon la météo. Les équipes doivent se composer de trois joueurs et d’un ou deux remplaçants.
La Battle NL Contest consiste en un tournoi de différents styles de danse, tels que le breakdance ou d’autres styles hip hop. Julien Lafarge, en collaboration avec l’association Illusion Crew, propose un format particulier cette année :
« En phase de qualification, deux joueurs de deux équipes adverses s’affronteront dans un premier temps. À l’issue de chaque étape, l’équipe gagnante devra choisir un danseur de l’équipe adverse pour rejoindre leur groupe afin d’arriver en finale qui se composera ainsi de deux équipes de cinq danseurs. L’objectif est de mettre l’accent sur l’échange entre danseurs de disciplines différentes mais issus de la même culture, tout en ajoutant un peu de compétition entre membres du même groupe pour pimenter un peu le tout ! »
Cunninlynguists reprogrammés
De nombreux artistes hip hop et DJs sont programmés, dont le trio américain CunninLynguists en concert le vendredi sur la grande scène du NL Contest. Ils seront précédés du groupe local Goldencut. Le samedi, une jam session improvisée prévoit de faire danser les festivaliers qui seront motivés par les chorégraphies des danseurs et danseuses de la Compagnie Watt. Les collectifs de DJs Ordinaire, Bienvenue au Club et WomX sont annoncés dans la « Fresh Zone ».
Cette « Fresh Zone » est un espace de repos où les festivaliers pourront admirer des fresques réalisées par le collectif de graffeurs strasbourgeois Downtown. Le graffeur allemand Cone the Weird va également réaliser une performance artistique sur un mur éphémère installé pour l’occasion.
En plus de la musique et des graffitis, le festival accueillera entre 60 et 80 exposants, dont certains proposeront à boire et à manger.
Exposition, concerts et jeu de piste… Jusqu’au 31 mai, fêter l’Europe malgré la guerre
Jusqu’au 31 mai, Strasbourg célèbre les cultures et les institutions européennes lors de la 19ème édition de la Fête de l’Europe. Au programme : une journée dédiée à l’Ukraine, des concerts, une exposition sur l’Europe queer et un Eurobus qui va à la rencontre des Européens de demain.
2022 est une année particulière dans l’histoire qui lie Strasbourg à l’Europe. Marquée par la présidence française de l’Union Européenne (UE), elle correspond aussi aux 70 ans du Parlement européen, aux 60 ans du jumelage entre Strasbourg et Stuttgart ou encore aux 30 ans d’ARTE. Autant de raisons supplémentaires pour cette 19ème édition de la fête de l’Europe qui se déroule jusqu’au 31 mai. Tout en prônant les valeurs d’union, de paix et de diversité culturelle, l’édition 2022 dédie une journée de sa programmation à l’Ukraine. Samedi 14 mai, de 11h à 19h, il sera possible de profiter de la richesse de la culture ukrainienne en découvrant broderies, architectures et spécialités culinaires du pays au Lieu d’Europe, avec la participation de l’association PromoUkraïna.
L’Europe en musique
De nombreux rendez-vous musicaux sont aussi proposés aux habitants et aux touristes de l’Eurométropole. L’association « À livre ouvert/Wie ein offenes Buch », en partenariat avec l’Orchestre universitaire de Strasbourg, propose un véritable retour aux sources à travers des lectures musicales des textes fondateurs de l’Europe. Un premier événement aura lieu le 13 mai à 20h30 à l’église Saint-Guillaume. Une seconde lecture se tiendra à la librairie Kléber le 25 mai à 18H30.
Il sera également possible de retrouver le talentueux Orchestre universitaire sous la direction d’Eric Staiger, les 11 et 13 mai, à leur concert Aurore symphonique. Pour l’occasion, les musiciens reprennent les créations de compositeurs scandinaves telles que le concerto pour flûte de Nielsen et la symphonie n°2 de Sibelius.
Pour ceux qui préfèrent un dépaysement aux sonorités plus chaudes, l’orchestre transfrontalier, composé d’une vingtaine de musiciens français et allemands, fera voyager ses spectateurs du côté des Balkans et des Caraïbes le temps de leur concert « La musique n’a pas de frontières !« . Les amoureux du jazz se réjouiront de la présence du groupe local Far Est Unlimited (FEU), qui a l’habitude de s’inspirer de différentes musiques traditionnelles européennes pour ses créations.
(Re)découvrir les institutions en s’amusant
Cette fête est également l’occasion de découvrir les institutions autrement. En plus des classiques visites du Parlement européen, il sera possible de se laisser guider par la pétillante clown et tragédienne de rue alsacienne, Maria K. Au cours de ses « visites (Im)pertinentes », elle fera découvrir aux plus curieux les différentes institutions du quartier européen en les dépoussiérant à coup de burlesque et de poésie.
Pour poursuivre l’aventure, il sera aussi possible de se lancer dans l’Europe Quest, en accès libre pendant tout le mois de mai. Ce jeu de piste propose de partir à la découverte de cinq bâtiments emblématiques du Conseil de l’Europe (le Palais de l’Europe, le Palais des Droits de l’Homme, l’Agora puis l’EDQM, ainsi que le Centre de la Jeunesse). Partant du parvis du Conseil de l’Europe, ce jeu de piste peut se faire seul, entre amis ou en famille. Seule contrainte : il faut être muni d’un smartphone pour scanner le QR code qui active le jeu en ligne. Une fois lancé, il n’y a plus qu’à se laisser guider par un « passeur d’étoiles », au rythme de quizz, de puzzles et d’énigmes.
À la rencontre des Européens d’hier et d’aujourd’hui
L’Église Saint-Guillaume accueillera l’exposition We are part of culture- L’Europe queer. Mise à disposition par le collectif 100%MENSCH de Stuttgart, elle est composée de portraits de plus de 30 personnalités LGBTQI+ qui ont marqué la culture européenne de l’Antiquité à nos jours.
Une culture que les Européens continuent d’alimenter aujourd’hui. Pour partir à leur rencontre, l’Eurobus reprend la route, après une première apparition l’année dernière, pour permettre à la Fête de rayonner au-delà du centre-ville. De Mundolsheim à Bischheim en passant par Oberschaeffolsheim et le Jardin des Deux Rives, entre quizz et ateliers, ce bus aux couleurs de l’Europe proposera aux habitants des animations ludiques et pédagogiques de plein air pour que petits et grands puissent en apprendre plus sur leur continent tout en s’amusant.
Pour son dernier week-end, la Fête de l’Europe investira également les médiathèques et plusieurs cinémas strasbourgeois. Ces derniers diffuseront quatre films traitant de la question climatique, de l’égalité femmes-hommes ou d’immigration, comme le très beau long-métrage animé Flee. Ils seront tous précédés ou suivis de débats. Ces projections, comme la plupart des événements, seront accessibles gratuitement sur réservation.
Les Insoumis strasbourgeois se mobilisent pour garder les votes des quartiers populaires aux législatives
Porte à porte, tractage, boitage… Après les négociations pour l’union de la gauche à Paris, les militants Insoumis strasbourgeois travaillent à conserver la dynamique de l’élection présidentielle pour les législatives. Reportage à la cité de l’Ill, quartier populaire qui a mis Jean-Luc Mélenchon largement en tête au premier tour.
Tracts à la main, Boris accueille Pauline, Jérémy (prénom modifié), Denis et Sébastien Mas, qui se présentera à l’élection législative dans la circonscription du Nord de Strasbourg (67-3) sous la bannière de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes). Jeudi 5 mai, devant la pharmacie de la cité de l’Ill, l’équipe de militants Insoumis s’apprête à partir pour une session de porte-à-porte. Boris, le directeur de campagne, explique :
« On peut encore empêcher Macron de mener ses politiques antisociales et violentes si on obtient une majorité de gauche à l’assemblée. Pour cela, il faut que les gens qui ont voté Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle restent mobilisés, notamment dans les quartiers populaires, et ce n’est pas gagné, parce que les élections législatives sont peu connues. »
« Mélenchon incarne la possibilité que les choses changent enfin »
Il s’agit de la sixième action de la semaine pour ce groupe local. Deux jours plus tôt, ils organisaient une cession de tractage devant le supermarché Auchan de Schiltigheim. Les militants mettent aussi des prospectus dans les boites aux lettres. « Je suis très surpris par le nombre de personnes qui veulent s’investir pour l’Union populaire. Rien que pour notre circonscription, le nombre d’adhérents est passé de 100 à 200 depuis la présidentielle, dont 45 membres actifs qui étaient présents à la dernière réunion de mobilisation le 29 avril », expose Boris.
D’après Léo Paul Latasse, qui organise la mobilisation dans la circonscription du centre de Strasbourg (67-1), « tous les groupes locaux de la ville sont sollicités par de nouvelles personnes. Ils ont accueilli au moins une vingtaine de nouveaux militants depuis le résultat du premier tour. En tout, l’Union populaire compte 250 membres actifs à Strasbourg, et ce chiffre augmente », dit-il. Pauline, psychomotricienne à l’hôpital, milite pour la première fois de sa vie :
« Nous, les soignants, subissons gravement les restrictions budgétaires dans les hôpitaux. Le Ségur de la santé, c’était de la poudre aux yeux, les choses continuent à empirer. On n’en peut plus de Macron et de Le Pen. Mélenchon incarne la rupture avec ce système, la possibilité que les choses changent enfin. J’ai vraiment ressenti le besoin de me mobiliser pour participer à ça, de ne pas rester les bras croisés. »
Beaucoup de personnes pas au courant des élections législatives
À la cité de l’Ill, l’équipe se met en route vers la rue de la Fecht. « On va essayer de faire le maximum d’immeubles », lance Boris. Les militants se divisent en trois groupe et se répartissent les vieux bâtiments HLM. Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle dans les deux bureaux de vote du quartier, avec 45 et 50% des voix pour 65% de participation.
La première personne qui ouvre à Pauline et Sébastien est déjà convaincue : « J’aime bien Mélenchon, je ne vote que pour lui », dit l’homme d’une cinquantaine d’année. Mais il n’est pas au courant que les élections législatives approchent. Sébastien lui explique :
« C’est moi qui serait candidat pour votre circonscription. Il faudra voter la Nouvelle union populaire écologique et sociale. Les élections législatives sont très importantes, elles servent à élire les députés, et c’est eux qui votent les lois. On peut encore obtenir la retraite à 60 ans, l’augmentation du SMIC, le blocage des prix pour l’alimentation, le gaz et l’électricité. Mais il faudra venir voter les 12 et 19 juin. »
L’homme assure qu’il ira mettre son bulletin dans l’urne. Plus haut, une femme, la quarantaine, déclare à Sébastien et Pauline : « Moi j’aime bien Marine Le Pen. Elle est contre le passe sanitaire et met des vidéos sur Tiktok avec ses chats et sa famille, elle a l’air bien. Et ce n’est pas vrai qu’elle est raciste. »
« La politique a des conséquences énormes sur vos vies »
Pauline lui rétorque qu’elle a « des mesures contre les musulmans et les migrants dans son programme, et que Mélenchon est également contre le passe ». Le femme répond : « Ah oui Mélenchon il est bien aussi ! Mais de toute façon je ne sais pas comment on fait pour voter, je ne l’ai jamais fait. »
Le candidat aux législatives et la nouvelle militante lui expliquent la démarche. Dans la rue, ils rencontrent Mourad qui les aborde spontanément :
« Vous êtes avec Mélenchon ? J’ai voté pour la première fois de ma vie à cette élection. J’ai vu ses discours sur les réseaux sociaux et à la télé contre Zemmour. Moi je suis comme vous, je dis à tous mes amis et aux jeunes que je connais de continuer à voter pour Mélenchon aux législatives. C’est le seul qui fait face aux racistes et à Macron. »
Les Insoumis enchainent les portes et les entrées d’immeubles. Beaucoup de personnes, étrangères ou non, disent ne pas voter, et ne pas être sur les listes électorales. « Je comprends que vous soyez lassés, mais la politique a des conséquences énormes sur vos vies », argue Sébastien. Pauline ajoute : « Ça ne coûte rien d’aller voter, juste un peu de temps, alors autant le faire. Pour s’inscrire, il faut aller à la mairie de quartier. » « C’est vrai que ça ne coûte pas grand chose », lui répond une femme d’une trentaine d’années, en remettant son paillasson en place.
88 portes, et globalement un « très bon accueil »
La majorité des personnes rencontrée sont issues de l’immigration. Certaines ne savent pas que les élections législatives se tiendront bientôt mais sont des électeurs et électrices de Mélenchon. « Ces actions de porte-à-porte et de tractage sont vraiment fondamentales. Il y a énormément de gens éloignés de la politique dans les quartiers populaires. Ils ne veulent entendre parler que de Mélenchon. Il faut les informer à propos des élections législatives, constate Sébastien Mas. Deux personnes disent voter Le Pen. Cette dernière a obtenu 17 et 22% des suffrages exprimés dans les deux bureaux de vote de la cité de l’Ill.
Boris, par ailleurs syndiqué à la CGT chômeurs précaires, tente de convaincre une abstentionniste : « Moi aussi je veux que ça change, je vis avec 900 euros par mois. On ne trouve pas de travail et en même temps ils baissent nos indemnités. Là on a peut-être une ouverture. Si on laisse Macron, c’est sûr que ça sera de pire en pire. » Jérémy, qui travaille dans une banque, abonde :
« Après la victoire d’une coalition de gauche aux législatives en 1997 et la nomination de Lionel Jospin, un premier ministre de gauche, on a obtenu la semaine de 35 heures malgré le fait que le président, Jacques Chirac, était de droite. »
D’autres actions à venir dans des quartiers populaires
Vers 19h, les militants s’arrêtent après être entrés dans 11 halls d’immeubles et avoir frappé à 88 portes, avec 70 à 80% de réponse. Boris estime avoir eu un « très bon accueil globalement ». Les défenseurs de l’union de gauche ont jusqu’au 12 juin pour remobiliser. « Ces prochains jours, nous irons dans les quartiers de Schiltigheim, Hœnheim et Bischheim. Nous avons le devoir d’informer un maximum de personnes pour ne pas passer à côté d’une belle occasion d’améliorer les choses », conclue-t-il.
La circonscription ne sera pas facile à gagner pour la Nouvelle union populaire écologique et sociale car elle contient aussi la Robertsau, Souffelweyersheim ou Reichstett, communes dans lesquelles Emmanuel Macron est arrivé en tête au premier tour de l’élection présidentielle. Un nouveau porte à porte est prévu ce samedi 7 mai, place de Haldenbourg à Cronenbourg.
Marche pour l’Europe samedi à Strasbourg
Dans le cadre du Sommet de Strasbourg, une marche pour l’Europe est organisée samedi 7 mai à partir de 16h.
Dans le cadre du Sommet de Strasbourg, sorte de bouquet final de la Conférence sur l’avenir de l’Europe, une marche est organisée au départ de la place Kléber samedi 7 mai à 16h pour « s’assurer que les dirigeants européens traduiront bien en actes les propositions des citoyens. »
La Conférence sur l’avenir de l’Europe a fait travailler des représentants de la société civile (associations, ONG, syndicats…) pendant une année pour « transformer l’Union européenne. » À Strasbourg du vendredi 5 au dimanche 8 mai, une série de rendez-vous de restitution sont programmés, dont certains sont publics (voir ci-dessous le programme détaillé).
La Marche doit clore l’Assemblée de la société civile européenne, réunie à l’Aubette de 10h à 16h. Elle doit se rendre ensuite en direction du Parlement européen, qui devrait être atteint vers 18h.