La « Maison de l’Alsace »
Centre névralgique mais surtout fierté pour Alsaciens chauvins, la charmante demeure haussmannienne trône au 39, avenue des Champs-Elysées, sur la plus belle avenue du monde donc, à deux pas de l’Arc de Triomphe et voit ainsi passer devant elle des myriades de touristes. Propriété des conseils généraux du Bas et Haut-Rhin depuis 1968, elle a d’abord un rôle de promotion touristique mais offre aussi un pied-à-terre parisien aux nombreuses entreprises, associations et collectivités alsaciennes qui désirent recevoir dans la capitale. On trouve dans ses étages une trentaine de bureaux et des salles de réception disponibles à la location. Et puisqu’on ne travaille jamais mieux qu’avec le ventre plein, le restaurant L’Alsace situé au rez-de-chaussée ravira qui veut déguster une authentique choucroute ou autre met gastronomique à condition, il faut bien l’admettre, d’y mettre le prix. Actuellement, le bâtiment est en cours de rénovation. Une verrière panoramique sera installée au dernier étage, l’entrée sera réaménagée. Fin des travaux ? Courant 2013. Coût estimé ? Environ 15 millions d’euros. Une vitrine au soleil, ça se paie.
• Métro 1 et 9, Arrêt Franklin D. Roosevelt. Site officiel
Les brasseries traditionnelles (et autres lieux de gastronomie)
«Bofinger», «Chez Jenny», «Au Bretzel»… Des noms qui rappellent à coup sûr d’agréables souvenirs à des générations de parisiens. Verlaine et Apollinaire étaient déjà en leur temps des habitués de la mythique «Brasserie Lipp» (photo au début de l’article), élevée depuis au grade de monument historique mais toujours prisée de nombreux intellectuels. Les brasseries traditionnelles constituent LA première image d’Alsace que l’on remarque à Paris et touristes comme locaux y assouvissent leur appétit avec des produits du terroir accompagnés, forcément, de bons vins de chez nous.
Pour les plus petits budgets, l’alternative sympathique s’appelle (entre autres) «Flam’s». La franchise qui monte compte désormais cinq restaurants dans la capitale où on peut y trouver une variété de Flammekueches de qualité raisonnable. Au passage, si vous lisez ceci et que vous n’êtes pas alsacien, contentez vous de commander une « tarte flambée », on vous comprendra plus facilement, mais c’est gentil d’avoir essayé !
• Sélection de brasseries et restaurants alsaciens à Paris par J.L. Delpal : ici.
Bars, pubs et lieux de sorties
Autant le dire tout de suite, ces derniers ne courent pas les rues. Bien sûr, quand on sait qu’une bière sur cinq vendue en France est une Kronenbourg, il n’y a pas d’immenses difficultés à trouver de la bière alsacienne à Paris. Mais pour les plus exigeants d’entre nous, il existe tout de même des troquets où l’on trouvera (selon les arrivages) des cervoises plus rares. La Chope d’Alsace notamment, dans le 6ème, La Gueuze aussi, dans le 5ème qui a pour agréable particularité de proposer des réductions aux étudiants en happy hour.
Dans un autre registre, le O’Neil (dans le 6ème arrondissement également, quartier Saint-Germain), propose un joyeux mélange entre culture irlandaise et alsacienne. En plus, les propriétaires brassent eux mêmes leur bière (presque sous vos yeux !) et vous proposent de l’accompagner avec un choix d’une bonne vingtaine de flams’ différentes, sucrées ou salées. Des gens biens. Le quartier alsacien « historique » de Paris (autour de la Gare de l’Est), lui, ne présente plus guère d’intérêt et ce, à tous les niveaux d’ailleurs. Le nom des rues adjacentes rappelle éventuellement un temps où le lieu était encore le temple des expatriés venus d’Alsace. Seule La Strasbourgeoise, brasserie authentique et fine, subsiste mais à vue d’œil, il n’y a guère que l’enseigne en lettres gothiques qui sonne alsacien dans ce gris paysage.
« L’école Alsacienne »
Peu connue entre Vosges et Rhin, elle est pourtant synonyme d’excellence pour les franciliens. L’établissement privé (laïc et sous contrat) est installé en plein cœur du quartier latin. Il accueille les élèves du jardin d’enfant à la terminale, en tout cas ceux qui ont pu l’intégrer et dont les parents sont prêts à débourser 2490 € par an. Créée en 1870 par des intellectuels alsaciens, elle doit son existence à la vague d’ « émigration » vers Paris qui entoure la défaite de 1871 en conclusion du conflit franco-prussien. A cette époque, l’Alsace retombe dans le giron de l’Empire allemand et nombreux sont ceux qui fuient la région. Léonard Lipp, le fondateur de la brasserie du même nom (dont je parlais plus haut) compte parmi ces réfugiés. Je reviendrai d’ailleurs sur ce phénomène dans un post ultérieur.
Pour en revenir à l’école alsacienne, elle berce donc logiquement dans l’humanisme. Moderne, elle est réputée pour son attachement à l’épanouissement de l’enfant, ses méthodes pédagogiques avant-gardistes et, forcément, pour la renommée des personnalités qui l’ont fréquenté : Stéphane Hessel, Michel Rocard, Théodore Monod, … Carlos aussi.
• Site officiel
La « petite Alsace »
Dans la catégorie « insolite », ce mini-hameau hors du temps va à coup sûr vous surprendre. Des pieds de vignes qui tortillent le long de belles maisons à colombages dans Paris intra muros ? Oui, c’est possible. Mais si cela ne vous dit pas grand chose, c’est parce que ce lieu unique est plus qu’isolé, perdu dans les dédales du quartier de la Butte-aux-Cailles, au 10 rue Daviel plus précisément. Quarante petites maisons individuelles s’y jouxtent autour d’une vaste cour doucement bucolique. Ce petit coin de paradis, ou d’Alsace – pléonasme – a été construit en 1912 par l’architecte Jean Walter pour y loger des familles ouvrières. Y vivent depuis environ 300 personnes. Un siècle plus tard, l’ensemble n’a pas bougé, tout juste a-t-il été rénové, ce qui tranche énormément avec la grisaille des immeubles en bétons qui se sont dressé autour. Un village d’irréductibles en quelque sorte, mais surtout, une superbe curiosité dans un 13ème arrondissement déjà caractérisé par son éclectisme.
• Y aller : Métro 6, Arrêt Corvisart.
Plus globalement, l’Alsace à Paris, c’est à la fois nombre et trop peu de choses. Chauvin – toujours – on se dira que le premier croquis et la structure de la tour Eiffel n’est pas l’œuvre de son illustre constructeur éponyme mais bien celle de Maurice Koechlin, un ingénieur buhlois malheureusement oublié par la postérité. Aussi, on aimera admirer la réplique de la « Statue de la Liberté » plantée sur la pointe de l’Ile aux Cygnes, à deux pas de l’atelier où elle fut conçue par le colmarien Bartholdi. Et ainsi de suite.
Des petits coins d’Alsace, il est donc possible d’en trouver un peu partout à Paris. Il suffit peut-être d’ouvrir les yeux ou plutôt de vouloir les dénicher. Je me ferai un plaisir de vous les faire découvrir dans mes contributions futures. D’ailleurs, si vous connaissez d’autres lieux sympathiques ou curiosités du même type, n’hésitez pas à les partager dans les commentaires. Paris est si grand pour un alsacien.
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