Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

La nouvelle place Sainte-Aurélie n’a pas amélioré la sortie d’école

Les parents d’élèves réclament à la nouvelle municipalité un éloignement des trafics et personnes marginales à la sortie de l’école Sainte-Aurélie. Leur ressenti est que cette place refaite avec l’arrivée du tramway est dans une situation pire qu’avant.

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« On ne va rien décider aujourd’hui. » Sur la pelouse de la place Sainte-Aurélie, la conseillère municipale en charge du quartier Gare, Marie-Dominique Dreyssé (EELV), plante le décor face à une trentaine de parents, enseignants et habitants, peu après l’heure de la sortie d’école. Les conseils de quartier ont été dissous par la nouvelle municipalité. Place à la démocratie micro-locale version écologiste ce jeudi 24 septembre.

Rencontre tendue fin juin

Le 24 juin, Marie-Dominique Dreyssé avait déjà participé à une rencontre éruptive devant l’école Sainte-Aurélie sur fond de fin de campagne pour les élections municipales. Les parents avaient invité les candidats pour les interpeller sur les seringues retrouvées dans les copeaux de bois de l’aire de jeux, la présence de personnes alcoolisées et l’insécurité dans ce parc. Les familles réclament toujours un espace, « sans rixe, sans mégot ni bouteille vide » aux abords des écoles maternelles et élémentaires. Fin mai, un mineur isolé de 17 ans a été poignardé et blessé grièvement devant les bars et restaurants de la place.

À l’époque, l’ancienne adjointe représentait la liste « Strasbourg écologiste et citoyenne ». Face à elle, l’adjoint de quartier Paul Meyer (La Coop / apparenté LREM). Face à ces règlements de compte véhéments entre collègues, les représentants socialistes, non-élus, avaient bien du mal à faire entendre une troisième voix. Les parents étaient repartis sans vraie promesse.

Rencontre le jeudi 24 septembre entre habitants et les élus de la nouvelle municipalité. (photo JFG / Rue89 Strasbourg)

« La peur chez les enfants »

Depuis l’été, peu de choses ont changé. « On peut sentir la peur chez les enfants. Ce n’est pas normal de ne pas pouvoir venir seul à l’école en CM1 », estime une représentante des parents d’élèves, avant de s’éclipser.

Une enseignante de l’école élémentaire témoigne :

« Des adultes crient sur les élèves dans la cour. C’était déjà le cas l’année dernière, mais je dirais que ça s’est aggravé depuis les nouveaux aménagements. »

La piétonnisation et le verdissement de la place sont arrivés avec le tram F vers Koenigshoffen, inauguré fin août. Moins cher, le tracé via la rue du Faubourg-National était moins populaire que celui vers la gare. La rénovation de deux places et de la rue était présentée comme une forme de compensation.

Une situation aggravée par le confinement

Pour la plupart des participants, sauf un, la situation est « pire » depuis le confinement. Cette période coïncide aussi avec l’utilisation de l’Hôtel Pax pour héberger des sans-abris à quelques centaines de mètres, rue du Faubourg-National. Pour qualifier les occupants de la place Sainte-Aurélie en journée, un habitant parle même de « déchets humains ». Cette expression lui vaut les réprobations d’une partie du groupe, notamment des enseignants. « Je retire », concède le riverain. Les esprits s’échauffent, les plaintes sont variées.

Aux côtés de Marie-Dominique Dreyssé, le directeur de la police municipale, Joseph Muller, est chargé d’expliquer les limites de ses services :

« Nous verbalisons environ 800 ivresses manifestes sur la voie publique par an. S’il n’y a pas de danger pour soi-même ou d’autres personnes, nous n’avons pas de solution. Une telle intervention nécessite un équipage pendant trois heures, jusqu’à la cellule de dégrisement. On a fait des rondes pendant deux mois entre la rue des Francs-Bourgeois et ici, il n’y a statistiquement pas plus de faits ici. »

Des médiateurs de rue promis

Le fonctionnaire pointe qu’une amende n’est pas dissuasive car « les personnes ne sont pas solvables ». Et rappelle que les occupants sont parfois « des habitants du quartier ». Il incite à « aller vers les gens, pour apprendre à les connaître ». « On a déjà essayé », balaie une jeune mère.

« Une de mes premières mesures a été de demander que la police municipale soit à pieds », fait valoir la nouvelle adjointe à la sécurité, Nadia Zourgui. Elle annonce « des médiateurs de rue dès cette année ».

La nouvelle élue « référent » du quartier Marie-Dominique Dreyssé pointe que les difficultés « existent depuis 40 ans ». (photo JFG / Rue89 Strasbourg)

Les exemples s’enchainent. D’autres participants embrayent sur la place de la Porte Blanche quelques mètres plus bas. « Avant, il y avait un équilibre entre la zone d’un côté, et les jeux où les enfants pouvaient jouer de l’autre. Aujourd’hui personne ne traverse la place », regrette un habitant. Les riverains sont lassés d’appeler le 17, dont les troupes ne se déplacent pas ou suggèrent d’appeler… la police municipale. « On connait le laïus », marmonne le directeur de la police municipale.

La directrice de l’école maternelle Saint-Aurélie s’étonne du manque de solution :

« Cela fait 10 ans que je suis ici. Les problèmes sont connus et on dirait que la municipalité les découvre. Le partage de l’espace ne se fait pas. »

Manque de vie

Une voisine pointe le manque de vie sur la place. « Avant, il y avait le compost, il y avait aussi la ferme Herrmann qui faisait une vente hebdomadaire ». Ces quelques moments de vie ont disparu. « Le compost va revenir », précise Franck Simbaro, de la direction de territoire de la Ville. À plus long terme « les aménagements ne sont pas figés », précise-t-il.

Un timide consensus émerge, il faut « faire vivre » cette place pour que les familles puissent davantage occuper l’espace et moins craindre les mauvaises rencontres. Marie-Dominique Dreyssé ne peut que constater « les limites de l’aménagement actuel ». L’élue locale promet une rencontre similaire « avant les vacances de la Toussaint » pour « rendre compte des avancées ».

Pour un habitant, les problèmes sont directement liés aux choix passés :

« Avant, il y avait des bancs partout et les gens se répartissaient dans le quartier. Désormais, il n’y en a plus rue du Faubourg-National et plus que deux sur la place Sainte-Aurélie, qui sont occupés toute la journée. Il ne faudrait pas que le raisonnement, ce soit, on ne peut plus partager les bancs, donc on les supprime. C’est absurde. »

Tout le monde s’apprête à se disperser, mais un représentant des parents d’élèves, déjà très impliqué lors de la rencontre en juin, revient à la charge. « Vous ne réglerez pas le problème de la drogue partout dans l’Eurométropole, ok. Les réunions dans trois semaines très bien, mais à court terme on décide quoi, là, tout de suite, pour cette sortie d’école ? ». Face à l’insistance, Nadia Zourgui promet de demander « des patrouilles de police municipale » à l’heure de la sortie d’école. Après environ une heure de discussion, quelque chose a bel et bien été décidé.


#école Sainte-Aurélie

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