Mardi 7 juillet, 3 heures du matin. Près de l’incinérateur du Rohrschollen, au sud du Port-du-Rhin, un tas de déchets s’enflamme, générant un incendie de 150 mètres-carrés sur 8 mètres de hauteur. Les deux employés présents sur place donnent l’alerte aux pompiers, qui mobiliseront au total 117 personnels.
Des risques d’incendies accrus… et connus
Le broyeur de l’usine Sénerval est chargé de traiter, entre autres, les encombrants des déchetteries de l’Eurométropole. Depuis le déconfinement, il tourne 24 heures sur 24. D’où la présence de deux employés sur le site cette nuit-là en plus des deux salariés d’astreinte présents habituellement. Pour le groupe Séché Environnement, propriétaire de Sénerval, il s’agit de « moyens renforcés » pour faire face à l’afflux des déchets post-confinement. L’entreprise était bien consciente des risques accrus d’incendies :
« Depuis que les déchetteries ont rouvert, les particuliers déstockent beaucoup plus d’encombrants. Donc on gère des quantités de déchets beaucoup plus importantes que d’habitude, avec des risques d’incendies plus importants. Ainsi, sur le site de Sénerval à Strasbourg, on est passé d’un accueil de 100 à 120 tonnes, à plus de 140 tonnes de déchets chaque jour. Or, ces encombrants qui s’entassent contiennent parfois des pièces qui présentent des risques inflammatoires, tels que des composants électriques ».
Constance Descotes, directrice de la communication du groupe Séché Environnement
« Le feu prend extrêmement vite »
Suite à cet incendie, un employé de l’Unité de Valorisation Energétique (UVE) grince des dents : « C’est surtout dangereux quand les déchets traînent à l’air libre, soumis au vent et à la pluie. Et au milieu d’une montagne de canapés et de matelas, le feu prend extrêmement vite », commente l’un d’entre eux.
Constance Descotes, directrice de la communication du groupe Séché Environnement, explique que « la situation devrait s’améliorer au fur et à mesure que les gens auront moins de choses à déposer en déchetterie ». Mais cet afflux dure depuis le 25 mai, date à laquelle les particuliers ont été à nouveau autorisés à déposer des encombrants en déchetterie.
« On les avait prévenus »
Certes, Sénerval a renforcé ses moyens de prévention, en se dotant de canons à eau supplémentaires et d’un groupe électrogène de pompage de l’eau des bassins. Mais le groupe concède que « le fait de mettre des moyens supplémentaires permet de prévenir et réagir plus rapidement en cas de départ de feu, mais il est difficile de supprimer totalement le risque d’incendie ». Une stratégie qui a provoqué la colère de certains salariés.
Mi-juin déjà, les employés interpellaient le responsable des opérations industrielles de l’incinérateur de Strasbourg, Patrice Eon. Les salariés de l’UVE s’inquiétaient du risque incendie lié à cet amoncellement de déchets et autres encombrants. « 3 semaines après, ça y est, il y a le feu… on les avait prévenus », fulmine un salarié.
A la suite de cet incendie, plusieurs strasbourgeois, jusqu’au Neudorf, se sont plaint d’une odeur désagréable pendant la nuit et jusqu’au mardi matin.
7h30 ça allait encore, cette nuit ça m’a réveillé j’ai cru que l’appart prenait feu
— XPen Radio (@xpenradio) July 7, 2020
Dans la matinée du 7 juillet, la Préfecture a indiqué que « les services du service départemental d’incendie et de secours du Bas-Rhin ont procédé à des mesures qui n’ont pas relevé de toxicité particulière. »
L’année dernière, Rue89 Strasbourg avait déjà évoqué les dysfonctionnements de l’incinérateur après son redémarrage en juin 2019, et relevé un amoncellement extraordinaire de déchets sur le site, en novembre dernier.
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