Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Non, Nadia Zourgui n’a pas bénéficié de passe-droit pour l’attribution de son logement

Sur les réseaux sociaux, l’adjointe en charge de la tranquillité publique est accusée d’avoir bénéficié d’une attribution de logement social express. Une information reprise par Heb’di. Le président du bailleur 3F Grand Est dément : Nadia Zourgui a obtenu un appartement au loyer élevé, incompatible avec les revenus habituels des demandeurs de logement social.

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« Un logement social attribué en trois mois ! (…) L’attribution express de ce logement laisse songeur. » La rumeur a commencé sur Facebook mi-février. Sur une page créée fin janvier (PNA, Premières Nouvelles d’Alsace), la diffusion d’un message : « L’affaire Nadia Zourgui après l’affaire Suzanne Brolly ? », signé « Les Lanceurs d’alerte ». Deux semaines plus tard, Heb’di relaye le même soupçon : « Strasbourg : les Verts ne lavent pas plus blancs – Une deuxième affaire d’attribution de logement ? » Dans la foulée, la rédaction de Rue89 Strasbourg est sollicitée pour enquêter sur le sujet.

Vue sur le quartier d’Esplanade, où Nadia Zourgui a obtenu un logement social du bailleur 3F en novembre 2020 (document remis).

Un logement social plus cher, donc moins de demande

Le 23 août 2020, Nadia Zourgui finalise sa demande de logement 4/5 pièces auprès du bailleur social 3F. Fin novembre, elle obtient un appartement de 107 mètres carrés dont le loyer est de 1 145 euros par mois. Il permet de loger l’adjointe en charge de la tranquillité publique, ses deux enfants, son mari et son beau-père de 82 ans.

« Je n’ai jamais fait valoir mon rôle d’adjointe, ni demandé l’intervention de qui que ce soit, assure Nadia Zourgui à Rue89 Strasbourg. Je ne connais pas les process d’attribution de 3F. C’est au bailleur de fournir ces explications. »

Contacté, le directeur général du bailleur social 3F Carlos Sahun décrit une procédure « normale » :

« Madame Zourgui a reçu un logement pour lequel le plafond de revenu à ne pas dépasser est de 62 000 euros pour son foyer (ou 27 256 euros par an pour un foyer d’une seule personne). Cet appartement fait partie d’un patrimoine réservé à des candidats qui peuvent payer un loyer mensuel de plus de 1 100 euros par mois. Donc ce délai de trois mois ne m’étonne pas, quand on sait que 70% des inscrits dans le fichier de demandes de logement n’ont pas les moyens de payer ces loyers. »

« Nous ne sommes pas influencés par la Ville »

La rumeur soulève aussi la présence d’un élu de l’Eurométropole de Strasbourg au sein du conseil d’administration (CA) de 3F. Syamak Agha Babaei, ou Lucette Tisserand auraient-ils pu appuyer la demande de logement de Nadia Zourgui ? Nous avons interrogé un autre membre du CA de 3F, Éric Senet, chef d’entreprise et représentant d’Action Logement. Cet ancien élu et colistier de Jean-Philippe Vetter (LR) aux élections municipales, estime qu’il n’y a pas d’ »affaire Zourgui » :

« 3F n’est pas financé par la Ville ni l’Eurométropole. Donc des membres du CA comme Syamak Agha Babaei ou Lucette Tisserand n’ont pas d’influence sur les attributions de logement. »

Surtout que ce dernier a été remplacé par l’élue strasbourgeoise Lucette Tisserand le 28 août lorsque les représentations de l’Eurométropole dans des dizaines d’organismes ont été renouvelées.

Le directeur général du bailleur social abonde :

« Aucun administrateur ne peut se mêler de la gestion courante. Il n’en a pas le droit et je le refuserais s’il essayait. Nous ne sommes donc pas influencés par les membres du CA, a fortiori chez 3F, où je ne tiens pas mon mandat de la Ville de Strasbourg, mais de mes trois actionnaires principaux : 3F, Action Logement et le Medef. On n’a pas de lien particulier avec l’Eurométropole. »

Imbroglio autour de la vente d’une propriété

Les dénonciateurs de cette attribution de logement affirment également que Nadia Zourgui est propriétaire d’une maison, située dans le quartier du Neuhof. Or, un demandeur de logement social ne peut pas être propriétaire d’un logement. Sur ce point, Nadia Zourgui rétorque que la propriété est en vente. « Nous ne pouvions plus assumer les traites de cette maison (le remboursement du prêt bancaire, ndlr) », explique-t-elle.

Un compromis de vente avait ainsi été signé devant un notaire le 2 juillet 2020.

« L’Eurométropole a imaginé un moment user de son droit de préemption sur la parcelle de notre maison pour mener des projets urbains, avance Nadia Zourgui, au point d’organiser une visite sur place en octobre, ce qui a conduit mes acheteurs à renoncer à leur investissement. L’Eurométropole a finalement renoncé à son droit de préemption, donc je ne suis toujours pas tirée d’affaire et je continue les visites en espérant pouvoir vendre le plus vite possible cette maison… »

Nadia Zourgui, adjointe à la maire, en charge de la tranquillité publique.

Contactée, la Ville de Strasbourg a expliqué son projet d’acquisition avortée au niveau de la propriété de Nadia Zourgui dans le Neuhof. La municipalité a pour projet de créer une voirie entre la rue parallèle et la rue des Jésuites. Mais les terrains municipaux étaient insuffisants pour réaliser le tracé envisagé. La Ville a alors envisagé de préempter l’immeuble avant de renoncer au projet « les services concluant que cet immeuble ne pouvait participer à la redéfinition des espaces publics et des cheminements au voisinage du groupe scolaire. »

Face à ces accusations, Nadia Zourgui témoigne de son incompréhension devant « cet acharnement dont ma famille et moi-même sommes victimes. »


#logement social

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