Le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot a donné une longue interview au quotidien en ligne de l’écologie Reporterre. L’interview balaie un grand nombre de dossiers de son ministère (glyphosate, hydrocarbures, nucléaire, COP 23, traité CETA de libre-échange avec le Canada) et plus brièvement la politique générale du gouvernement.
On sent le ministre tiraillé entre reculs et quelques avancées. Parmi les sujets abordés, la validation du Grand contournement ouest (GCO ou A355) de Strasbourg. Cette future autoroute payante de 24 kilomètres (voir tous nos articles) a fait l’objet d’un arbitrage ministériel favorable début octobre après plusieurs semaines de doute, notamment suite à la suspension d’infrastructures similaires.
« Des indemnités ou des contentieux lourd »
Guère emballé par le projet, le ministre avance des raisons financières :
« Je mets fin aux projets qui ne constituent pas la meilleure réponse aux besoins de mobilité du quotidien de nos concitoyens et qui ne sont pas financés, lorsque cela m’est possible juridiquement. Mais je ne peux pas prendre des mesures rétroactives qui nous conduiraient à des indemnités ou à des contentieux très lourds. On a suspendu avec Élisabeth Borne tous les projets qui n’étaient pas pertinents et crantés juridiquement et financièrement. Mais sur le grand contournement ouest de Strasbourg, les procédures ont eu lieu et je ne peux pas revenir dessus… »
En ce sens, il distingue le cas du GCO et avec l’autoroute A45 entre Lyon et Saint-Étienne. Ce projet a été suspendu, alors que le contrat n’est pas signé. Le contrat de concession de 54 ans du GCO a de son côté été paraphé début 2016. Notons néanmoins que la société Arcos, filiale de Vinci, n’a pas encore les autorisations pour les travaux définitifs et que les travaux préparatoires, limités aux champs, n’ont à ce stade pas d’effets définitifs.
En octobre 2017, le gouvernement avait néanmoins demandé au concessionnaire de suspendre les travaux préparatoires en forêt et de revoir la copie sur les compensations pour la nature. Cette décision faisait suite à l’avis défavorable « surprise » (mais en théorie consultatif) des scientifiques du Conseil national de protection de la nature (CNPN). Un nouveau dossier doit repasser devant l’institution en décembre.
Au moins, il y a eu une interview
Notons que le ministre a accepté de répondre aux questions du site indépendant, ce que n’avait pas fait la ministre de l’Écologie Ségolène Royal lors du quinquennat précédent malgré des demandes répétées.
Lors d’une visite de travail à Strasbourg lundi 13 novembre, la ministre des Transports Élisabeth Borne a également confirmé que l’État irait au bout de l’engagement pris par le gouvernement précédent sur le GCO. Le président Emmanuel Macron aurait eu un discours similaire avec les élus locaux lors de son passage à Strasbourg le 31 octobre. Un message qui a rassuré les dirigeants strasbourgeois. La mise en service de l’autoroute est toujours prévue pour l’automne 2020.
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