Avant l’évacuation du squat Bourgogne à la Meinau, au printemps 2023, de nombreuses familles sans-abris s’étaient déplacées vers des bâtiments vides de la rue de Sarlat, au Neuhof. Dans le cadre du nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU), ces immeubles vont être détruits et remplacés. Dès l’arrivée des occupants, le bailleur social Habitation moderne (propriétaire des lieux) a engagé les démarches juridiques pour obtenir l’expulsion de ces sans-abris, afin de poursuivre le NPNRU.
Environ 150 personnes sans autre solution d’hébergement, dont de nombreuses familles et des malades, principalement d’origine géorgienne, occupent le squat Sarlat aujourd’hui. Lundi 16 octobre, elles ont découvert une ordonnance d’expulsion sans délai, prononcée par le tribunal judiciaire de Strasbourg et datée de début juillet. Ces documents, placardés sur les portes d’entrée du bâtiment, précisent que l’opération pourra se dérouler « au besoin avec le concours de la force publique ».
Lali, qui habite cet immeuble depuis avril, s’inquiète de se retrouver sans logement : « C’est très dur, on ne sait rien », explique la mère de famille. Me Sophie Schweitzer, avocate des occupants du squat Sarlat, dénonce le manque de transparence auquel font face ces personnes en situation de grande précarité :
« Pourquoi est-ce que Habitation Moderne ou la Ville de Strasbourg, en tant qu’actionnaire de ce bailleur, n’ont pas prévenu les habitants plus tôt, alors qu’ils ont connaissance de cette décision depuis début juillet ? Et l’assignation n’a pas été faite dans les règles. Chaque personne doit être prévenue individuellement en théorie. Là, ils ont juste accroché l’ordonnance à des portes. Je vais faire une requête pour demander un délai pour l’expulsion, au juge de l’exécution. »
Pas de date précise
Floriane Varieras, adjointe à la maire en charge des solidarités, confirme que l’expulsion « aura lieu dans les prochains jours » : « La préfecture nous a demandé la réquisition d’un gymnase, le plus vite possible. » Habituellement, suite au démantèlement d’un squat ou d’un campement de sans-abris, la préfecture rassemble toutes les personnes concernées par l’expulsion dans un gymnase avant de les rediriger vers des « dispositifs en fonction de leurs situations administratives ».
Certains sans-abris sont acheminés vers des centres « d’aide au retour » pour les inciter à retourner dans leur pays d’origine. Lali explique que les habitants du squat Sarlat demandent justement « à la préfecture et à la Ville de Strasbourg » de reloger tous les occupants sans distinction de situation administrative.
Interrogée sur la date précise de l’expulsion du squat Sarlat, la préfecture n’a pas fait suite à la sollicitation de Rue89 Strasbourg.
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