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Nationalement vôtre

Ce dimanche 2 juin se disputait le dernier match de la saison de CFA. Le Racing s’imposait face à Raon-l’Etape et validait ainsi sa promotion en National. In extrémis. Un dénouement inespéré au terme d’une cuvée 2012-2013 où le RCS aura surtout brillé par son inconstance. Petit retour sur l’heureux épilogue.

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Place Broglie lundi soir : plusieurs centaines de supporters du Racing fêtent la montée en National (Photo : Planète Racing).

Au soir du 10 avril, il étaient peu à y croire encore. Le Racing venait de se faire brinqueballer par Moulins à domicile (défaite 4-0) et ne disposait plus du moindre joker. Avec six victoires sur les sept ultimes manches, l’impensable a finalement eu lieu. Ils l’ont fait ! Sans impressionner outre mesure, il est vrai. La vérité mathématique est cependant implacable. Ex-æquo en tête, en duo avec le malheureux Raon-l’Etape, le Racing est promu en vertu de la différence de buts particulière.

Une victoire sinon rien

Tout en haut du classement pour la deuxième fois de la saison seulement, cette montée en D3 fait presque figure de hold-up. Toutefois, au regard du potentiel du RC Strasbourg, c’est une forme de logique qui se matérialise. Il n’en est pas moins regrettable d’avoir attendu le dernier carat. Quand on soutient le Racing, on se rappelle forcément que le quitte-ou-double est rarement profitable.

29 mai 2009, Montpellier. 14 mai 2010, Châteauroux. Déjà à l’époque, j’en avais été de ces expéditions de la dernière chance. A l’arrivée, deux défaites et deux désillusions plus grosse l’une que l’autre. A Montpellier, la montée en D1 s’était irrémédiablement envolée, tandis qu’à Châteauroux la première descente en National de l’histoire du club s’était concrétisée. C’est dire si j’appréhendais ce déplacement dans les Vosges dimanche. La ridicule théorie du chat noir, on finit par y croire. En l’espèce, les données étaient claires : une victoire sinon rien.

Raon ou la stratégie du pourrissement

2 juin 2013, Raon-l’Etape. Ou plutôt Epinal. La France n’est définitivement pas un pays de football. L’imbroglio qui a causé le report de la rencontre (initialement programmée une semaine plus tôt) dépasse l’entendement. Imaginez un peu en Allemagne, Italie ou Angleterre que l’on reporte un match pour cause de ferveur…

Oui, plusieurs milliers de fans strasbourgeois avaient prévu d’envahir festivement le petit stade Gasser. Oui, il fallait faire quelques efforts d’aménagement pour ne pas entasser ce beau monde comme du bétail. C’était possible, mais Raon adopta la stratégie du pourrissement. Ils ne voulaient pas d’une marée bleue chez eux ? Ils l’ont eue, ailleurs. Ils voulaient jouer à domicile ? Ils ont joué à l’extérieur. Au terme de palabres interminables la rencontre fut finalement délocalisée à Epinal. Tout bonnement navrant.

Au stade de la Colombière, le Racing s’est imposé 3 à 2. Les Strasbourgeois se sont montrés opportunistes quoique désinvoltes, se faisant remonter de 3-0 à 3-2 dans les derniers instants. Côté football, ce ne fut pas le Brésil. On s’y attendait. En l’occurrence seule la victoire compte. On a gagné, on est en National. Le temps du bilan (critique évidemment) de la saison arrivera d’ici peu, sur ce même blog.

 3 000 fans à la Colombière

Quand on est supporter, on ne se focalise pas uniquement sur le rectangle vert. S’il fallait absolument être à Epinal dimanche dernier, c’est que le spectacle des tribunes en valait la peine. Peu après midi, toute une colonie de bus et de voitures s’était mise allègrement en route. Un déplacement court qui a motivé et mobilisé plus que de raison. Comme tant d’autres, je prenais place dans l’un des nombreux cars affrétés par les associations de supporters. Pour accompagner le trajet, un bon Bardolino.

On arrive sur place à une heure du coup d’envoi, fixé à 16h30. Le contingent strasbourgeois est divisé en deux : tribune Paysagère pour les uns, gradins Wassmer pour les autres. Pour accueillir les hordes de sauvages que nous sommes, les CRS sont sur le pied de guerre. Et comme on est vraiment des animaux, pas besoin de prévoir les commodités nécessaires. Quatre toilettes de chantier pour 3 000 fans, le ratio est confortable. Mention spéciale aussi pour les sandwiches infâmes et le prix des boissons.

Foule joyeuse et bigarrée

Au fur et à mesure que les gradins se garnissent, j’observe cette foule joyeuse et bigarrée : jeunes, anciens, hommes, femmes, enfants. La Fanscène strasbourgeoise affiche un visage rayonnant de santé. L’échauffement se termine, le stade se remplit pour un total de 4 000 spectateurs. On est chez nous.

Tant numériquement que qualitativement, la prestation des supporters du Racing est exceptionnelle. Comme à leur habitude, les ultras chantent sans discontinuer, réussissant ponctuellement à entraîner tout le monde. Point de spectateur dans nos rangs, il n’y a que des supporters. La joie collective au moment de chacun des trois buts provoque une clameur incommensurable. C’est fini, l’arbitre siffle : l’attente laisse place au soulagement.

Retour en National

Joueurs et supporters communient de concert de longues minutes durant. Juchés sur les grillages, les plus pétulants affichent leur état de transe. De mon côté, j’éprouve une certaine pudeur. Je me suis connu plus démonstratif. Je ne digère toujours pas le saccage du blason historique et le label « RCSA » me donne des boutons. Au-delà du résultat sportif, il y a la culture club. A-t-on fait assez pour développer le club en 2012-2013 ? J’en doute. J’y reviendrai prochainement.

Le RCS repartira donc en juillet pour la seconde année de National de son histoire. Avec un budget estimé à près de cinq millions d’euros, il fera partie des favoris. Gageons qu’il assumera pleinement son rôle et que le scénario de 2010-2011 ne se répètera pas. Sous la houlette de Laurent Fournier, le Racing avait alors raté la montée en D2 malgré un excellent bilan comptable (trois défaites en quarante matches) et un contexte extra-sportif impossible. A présent place aux vacances. Et à la réflexion.


Le football est ma religion, le Racing ma confession. Je ne suis pas baptisé, si ce n’est à la sueur de mes premières émotions de supporter. Déjà 20 ans que ça dure et ce n’est pas prêt de s’arrêter…

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