Musique : Disquaire Day et vinyles aux trésors

Ils ont pignon sur rue et sont toujours de bon conseil. Music Garden, L’Occase de l’Oncle Tom et Harmonia Mundi sont, chacun à leur manière, des repaires incontournables pour les mélomanes strasbourgeois et ces passionnés qui aiment fouiner dans les bacs durant des heures et, pourquoi pas, se laisser conquérir par le disque en écoute dans la boutique. Ces trois disquaires indépendants proposent donc ce samedi des dizaines de références parmi les 149 disques répertoriés dans le catalogue du Calif, le Club action des labels indépendants français. Il s’agit uniquement de vinyles, essentiellement des 33 tours, pressés en éditions limitées pour que la galette redevienne objet de culte, de passion, d’échange et de collection. En somme, un objet d’artisanat précieux facteur de transmission.

Car c’est cela la mission de cette deuxième édition française du Disquaire Day, inspiré du Record Store Day lancé en 2007 aux États-Unis et au Royaume-Uni (puis mis en place en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas) avec le soutien de pointures telles Blur, Muse, Radiohead, Paul McCartney et Metallica. Tous les acteurs de la filière du disque – artistes, labels, distributeurs et disquaires – sont ainsi associés pour promouvoir la création musicale et renforcer le lien entre les groupes et leur public – déjà bien ancré, par exemple, grâce aux concerts – via la valeur ajoutée qu’apporte le disquaire.

Jacques, patron de Music Garden et disquaire depuis 26 ans à Strasbourg, se voit justement en « passeur, à travers ce contact charnel avec la musique, ce son analogique, la chaleur qui se dégage d’un vinyle qu’on pose puis qu’on retourne ». Et de poursuivre : « Avec le virtuel vendu aujourd’hui, on nous enlève une histoire, on nous ment, on va piocher des sons par-ci par-là, mais c’est du jetable, une stratégie de consommation. En fait, acheter et écouter des vinyles aujourd’hui, c’est peut-être une façon d’être contestataire, de mener une vraie démarche de réflexion ». Et de laisser de côté sa discothèque MP3 pour venir dégoter quelques inédits sillonnés bien plus vivants qu’une simple ligne d’un téléchargement – légal ou illégal – sur son ordinateur.

Pour le Disquaire Day de ce samedi, Music Garden propose à la vente 120 références dans une fourchette de prix qui s’échelonnent entre 8 et 150 euros.

Par exemple : un mix 2012 de London Calling des Clash, un maxi 45 tours de Simple Minds (Theme From Great Cities), le coffret des Pearl Sessions de Janis Joplin, plusieurs 33 tours en couleur de The Cure, un coffret remastérisé du label Stax, quatre 45 tours en coffret de T-Rex ou encore cette perle immanquable, une réédition en 666 exemplaires en 45 tours rouge de la bande originale de Dracula AD 1972 d’Alan Gibson et qui fête ses quarante ans cette année.

Voilà donc l’occasion d’opérer un exaltant flash-back dans les bacs à disques mais aussi de se faire plaisir avec des références plus actuelles : Mass Hysteria, Arctic Monkeys (avec deux titres inédits, R U Mine ? et Electricity), Gorillaz associé à Andre 3000 et James Murphy (ex-LCD Soundsystem) pour DoYa Thing, les Parisiens de Stuck in The Sound remixés par Yuksek ou encore Revolver, Dionysos, M83, François & The Atlas Mountains, 2 Many DJ’S et même Johnny Hallyday pour son Autoportrait tiré au total à 1.000 exemplaires.

Le Disquaire Day est aussi l’occasion d’offrir plusieurs concerts dans toute la France. Strasbourg, cette année, n’en accueille aucun dans ce cadre-ci aujourd’hui mais le groupe nancéien The Aerial jouera cet après-midi à bord de l’IDTGV n° 2998 qui partira de Strasbourg à 14h16 et arrivera à Paris à 16h35. Et puisque les disquaires endossent les habits de « transmetteur » et se muent bien souvent en « officines du bonheur » selon le responsable de Harmonia Mundi Vincent Heitz, ce dernier accueillera lundi 23 avril à 17h un showcase de Groundation, ces Californiens pacifistes dont le reggae animera demain dimanche l’ultime soirée du festival des Artefacts au Zénith de Strasbourg.