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Municipales : l’UMP, rassemblée aux forceps, peine à neutraliser l’UDI

Ils savourent les dissensions au PS et comptent sur cette « fenêtre de tir » pour prendre Strasbourg en 2014. Les candidats de la droite et du centre aux élections municipales sont, pour le moment, divisés, mais font bloc pour que leurs tractations restent inconnues du grand public. Pourtant, elles n’ont rien d’une promenade de santé.

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Maire de 2001 à 2008, Fabienne Keller est la candidate UMP aux élections municipales de 2014 (Photo Pascal Bastien)

On se souvient, au printemps, de l’action en justice (perdue en première instance) de Robert Grossmann et Anne Schumann contre leur collègue du groupe UMP, UDI et Indépendants au conseil municipal de Strasbourg, Jean-Emmanuel Robert. Les deux premiers accusaient le troisième d’avoir utilisé à son avantage l’argent de la cagnotte du Tandem, héritée du partage de l’héritage après la défaite de 2008.

Depuis la déclaration de candidature à la candidature UMP de Jean-Emmanuel Robert aux élections municipales en janvier, et surtout après ce dépôt d’un recours contre lui au civil, les relations entre Robert (droite « copéiste ») et Grossmann (le gaulliste) sont glacées. Autour d’eux, le reste du groupe de 6 élus est écartelé, dans un conflit d’allégeance entre le patron UMP du groupe Robert Grossmann (Huguette Dreikaus par exemple lui resterait fidèle…), Jean-Emmanuel Robert le challenger (qui pourrait compter sur le soutien de Frédérique Loutrel, dont on a pas entendu la voix en conseil en 5 ans…) et, à l’extérieur de l’enceinte du conseil municipal, le candidat déclaré de l’UDI à la mairie, François Loos, dont Anne Schumann est une lieutenante fidèle.

Geoffroy Lebold licencié par Robert Grossmann

Comme la situation n’est jamais suffisamment tendue, Robert Grossmann a engagé cet été une procédure de licenciement à l’encontre de Geoffroy Lebold, collaborateur salarié du groupe, mais aussi secrétaire départemental adjoint de l’UMP 67 et surtout, bras droit de Jean-Emmanuel Robert. Alors que son contrat devait courir jusqu’au 31 mars 2014, comme tous ceux des collaborateurs de groupes politiques et de cabinet à la CUS, il pourrait se retrouver à la porte fin octobre.

Jean-Emmanuel Robert a tâté le terrain chez Loos, avant de se rallier à Keller (Photo Pascal Bastien)

En cause, pour Robert Grossmann, « une rupture de confiance qui date de 2011 et un comportement qui s’est aggravé depuis 2012 ». Le patron du groupe réfute la thèse du règlement de compte politique. « Je ne comprends pas ce licenciement à 6 mois des municipales, siffle quant à lui Jean-Emmanuel Robert. Pour moi, la véritable raison, c’est le soutien de Geoffroy à ma candidature. » Le principal intéressé refuse de commenter. « C’est ma vie professionnelle et, sur un plan purement légal, je ne peux pas m’exprimer. » Ambiance.

« Le bluff de Jean-Emmanuel Robert a marché ! »

Du coup, le ralliement de Jean-Emmanuel Robert à Fabienne Keller, candidate adoubée par l’UMP en juillet pour mener la liste de droite aux municipales, a « libéré » Robert Grossmann des derniers doutes qui le taraudaient (dit-il…) :

« Dans ce contexte, je ne suis plus tout à fait sûr de vouloir m’engager. La candidature de Jean-Emmanuel Robert était fondée sur la détestation de Fabienne Keller. Son stratagème n’a pas fonctionné à l’UMP, mais son bluff, lui, a marché ! Il a lancé un ultimatum à Fabienne, lui imposant toute une série de règles de fonctionnement, huit à dix personnes à intégrer sur sa liste, et elle a accepté. »

La candidate, elle, est bien sûr plus mesurée :

« J’ai rencontré Jean-Emmanuel longuement en juillet, puis à nouveau début septembre. J’ai accepté de le prendre en compte dans l’équipe. Les personnes qui rejoignent l’équipe, naturellement diverse, le font pour construire l’alternance. Les différentes sensibilités seront représentées. Je partage les positionnements de Jean-Emmanuel sur la sécurité ou le budget, j’attends qu’il respecte nos divergences, comme sur le mariage pour tous que j’ai voté. »

L’union, oui, mais derrière moi

Avant de rentrer dans le rang, et de s’assurer que ses proches (Geoffroy Lebold, Henry Bretz, Elsa Schalck…) seraient bien placés dans l’équipe de campagne, Jean-Emmanuel Robert est allé tâter le terrain chez François Loos. Une négociation qui n’a pas abouti, puisque « Loos ne promet rien à personne », martèle Anne Schumann. Le candidat UDI confirme :

« Ceux qui veulent me rejoindre le peuvent, mais il n’y a pas de discussion sur les places pour le moment. J’aurais accepté le soutien de Jean-Emmanuel Robert, mais il est resté fidèle à son parti. J’ai toujours dit que j’étais favorable à une logique d’union, mais je suis déterminé à mener ma liste. Et puis, de toute façon, on ne va pas discuter par Rue89 Strasbourg interposé. »

Le candidat UDI François Loos, comme sa collègue UMP Fabienne Keller, appelle à l’union de la droite et du centre, derrière lui/elle (Photo MM / Rue89 Strasbourg)

Soit. Tout le monde est d’accord pour reconnaître qu’à partir ensemble, UMP et UDI ont tout à gagner. Ou en tout cas, qu’ils peuvent créer une dynamique de premier tour, avec à la clé, une « fenêtre de tir due au contexte national et local », qui pourrait aboutir à la victoire de la droite au soir du second tour.

Mais à 6 mois de l’échéance, Fabienne Keller et François Loos ne comptent ni l’un ni l’autre céder un pouce de terrain. En coulisses, on glisse que chacun verrait bien l’autre à la 5ème ou 6ème place de sa propre liste, « comme ce que Catherine Trautmann a eu l’intelligence d’accepter en 2008 ». Mais pour que Keller ou Loos acceptent d’être rétrogradés, encore faudrait-il qu’ils ne soient plus « turlupinés par leur égo ».

Si on le sent un peu inquiet sur ces discussions qui patinent, André Reichardt, patron de l’UMP 67, ne perd pas espoir :

« L’union dans mon camp [ndlr, entre Keller et Robert], c’était le B.A.Ba, même si je vais veiller à ce qu’elle soit réelle. Nous avons maintenant une ardente obligation d’union avec François Loos. Je regrette que cela n’avance pas aussi vite que cela devrait, même si nous sommes encore loin de l’échéance. J’attends aussi de voir à quoi vont aboutir les négociations nationales, pour que nous puissions avoir une tête de liste consensuelle dès le premier tour. »

Pas de « name dropping »

Sur les premières des 65 (à 130) personnes que comptera la ou les listes d’opposition à Roland Ries en mars prochain, peu d’informations filtrent. « Je ne veux pas être dans le name dropping« , calcule Pascal Mangin, proche de Fabienne Keller, qui savoure les dégâts causés à gauche par la guerre des chefs. On parle néanmoins de lui comme d’un possible premier adjoint de Fabienne Keller, et de Jean-Emmanuel Robert aux Finances. Anne Schumann et Robert Grossmann, eux, songeraient aux élections suivantes, sénatoriales et territoriales. Leur fief : la Robertsau, où Jean-François Copé, président national de l’UMP, tiendra une réunion publique ce mercredi soir au Foyer Saint-Louis, à 20 heures.

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