Entre 17 heures et 22 heures ce jeudi 10 octobre, 220 adhérents du Parti socialiste du Bas-Rhin ont voté pour leur tête de liste aux élections municipales de mars 2014. Le maire sortant et sénateur PS Roland Ries remporte la mise avec 71,7% des voix (152 votants), 28,3% (60 votants) allant à son challenger Jean-Michel Augé, qui fut son directeur de cabinet en 2008. La différence : 8 bulletins blancs ou nuls. Loin du plébiscite, donc, contrairement à 2007, où le même Roland Ries sortait vainqueur de la primaire avec 94% des voix des militants.
Un tiers seulement des adhérents s’est déplacé
Aujourd’hui, 698 adhérents ayant plus de 6 mois d’ancienneté au PS inscrits sur les listes électorales à Strasbourg et à jour de cotisation, ou mineurs de 17 ans et résidents étrangers résidant dans la capitale alsacienne, auraient pu s’exprimer. Seul un peu moins d’un tiers s’est déplacé pour cette élection jouée d’avance. Manque d’enthousiasme dans les rangs du PS pour ce candidat de la continuité ? « La période est morose, juge Mathieu Cahn, premier secrétaire fédéral du PS du Bas-Rhin. La déprime touche tout le monde, sans épargner nos militants… » Pour celui qui a joué les juges de paix, le contrat est rempli, « tout s’est bien passé, il n’y a de contestations du vote ni dans un camp ni dans l’autre ».
Le vote s’est tenu à la Maison des associations, place des Orphelins à la Krutenau, où trois urnes étaient tenues par quelques-uns des dix secrétaires de section du PS de Strasbourg, sous la présidence de Mathieu Cahn. Etaient notamment présents Eric Elkouby et Martine Jung pour les sections gare/Kœnigshoffen et Montagne-Verte/Elsau, Christian Spiry pour Marne/Forêt-Noire, Philippe Walter pour la Robertsau, Jean-Baptiste Mathieu pour le centre-République, Camille Gangloff pour Neudorf ou Yves Vitale pour la Meinau.
L’affluence était peu ou prou à l’image de celle du débat de lundi soir opposant les deux compétiteurs, auquel 100 à 150 élus et militants ont assisté à la Maison des syndicats rue Sédillot. Lundi, alors que les consignes étaient « pas de tweets ni de posts sur Facebook », peu d’infos ont tout d’abord filtré. Les langues se sont déliées dans les jours suivants.
Roland Ries vante son bilan
Alors que la soirée s’est déroulée sous l’égide de Mathieu Cahn, assisté d’un représentant par candidat, Roland Ries et Jean-Michel Augé ont tout d’abord exposé les grandes lignes de leur profession de foi pendant une dizaine de minutes chacun. Le maire sortant a évoqué le bilan du mandat qui s’achève (construction de logements et isolation des bâtiments, « tarification plus juste des services publics », nouvelles places de crèche, clauses sociales pour les marchés publics, créations de clusters d’entreprises innovantes…).
Son ancien dir’ cab’ a basé quant à lui son introduction sur ses trois sujets de prédilection, la crise économique et son corollaire, l’emploi, la crise écologique et ses enjeux locaux, la transparence en politique et le non-cumul des mandats. Pour mémoire, Chantal Augé, son épouse qui siège au conseil municipal sous la bannière écologiste depuis un an, est l’une des initiatrices de la création d’Anticor 67, une association contre la corruption en politique – l’une des raisons de son débarquement de l’exécutif fin 2011.
Jean-Michel Augé, « grand donneur de leçons »
Les compétiteurs ont ensuite répondu aux questions de la salle pendant un peu plus d’une heure. Pour plusieurs élus et militants présents, Jean-Michel Augé « est resté vague » sur la faisabilité de ses mesures, telles que la mise en place de 280 hectares de panneaux solaires dans la CUS ou la création d’une « super cour des comptes interne à la collectivité pour encadrer les investissements locaux ». Roland Ries lui, aurait été efficace, quoique peu inventif et orateur moyen, « fidèle à lui-même ». La crainte de certains de ses soutiens était « qu’il reste sur le bilan ». Or, notent les mêmes, « il est aussi allé sur les perspectives, en matière de protection sociale, de réinvention des politiques locales grâce aux nouvelles technologies, de réduction de la place de la voiture… »
Pour une élue, « le débat a été assez atone, mais sans langue de bois. Jean-Michel [Augé] est apparu comme déconnecté des réalités du terrain et grand donneur de leçons ». A l’applaudimètre, le maire aurait été le grand gagnant de la soirée. L’un des soutiens de Jean-Michel Augé est bien sûr d’un autre avis : « Au moment des échanges avec la salle, on est resté sur un dialogue de sourds. Il n’y a eu aucune réponse de l’un et de l’autre à une même question pour qu’on puisse comparer. Roland Ries est resté essentiellement sur le bilan… »
Après le débat de lundi, deux scénarios étaient envisagés aujourd’hui. Scénario 1 : avec une participation importante (plus de 300 votants) Jean-Michel Augé ne dépassait pas les 10% et Roland Ries faisait le plein des voix de militants qui, pour beaucoup, sont satisfaits du bilan du sortant. Scénario 2 : le score était plus serré avec une participation faible, Jean-Michel Augé devenant « le réceptacle des mécontents ». C’est ce qui s’est finalement produit. Cet après-midi, un élu socialiste analysait :
« En fait, il n’y a pas de véritable clivage entre Roland Ries et Jean-Michel Augé, sinon que le second veut faire plus que ce qui a été fait pendant 6 ans sur les thématiques emploi et écologie, avec la création de 600 emplois d’avenir (mais où?), l’accélération de la rénovation thermique des logements. Mais ceux qui se mobiliseront [ce soir], ce sont les mécontents, qui regrettent le manque de disponibilité des grands élus, voire sanctionnent la politique nationale. Ces gens-là voteraient pour n’importe qui en face du maire. »
Robert Herrmann à la tête du groupe « projet », comme en 2007
Désormais, sa tête de liste officiellement désignée, le PS de Strasbourg va se lancer dans la constitution de la liste elle-même (65 noms), qui fait déjà l’objet de tractations et de prises de contact depuis plusieurs semaines. Elle devrait être validée au mois de novembre. En parallèle, le groupe « projet » chargé d’élaborer le programme va commencer à travailler, avec à sa tête, comme en 2007, le rallié Robert Herrmann. Les propositions décrites dans son livre, celles de l’aile gauche du PS via Générations Strasbourg, ainsi que les contributions externes, feront l’objet d’une synthèse, connue d’ici la fin de l’année. Puis en janvier, la vraie campagne pourra démarrer.
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