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Municipales : des jeunes du PS accusés de « se faire mousser »

Leur démarche déplaît en interne. Forcément. Alors que quelque 700 militants socialistes sont invités demain dimanche à une journée de brainstorming sur le programme, en vue des élections municipales de Strasbourg en mars 2014, un groupe de 10 jeunes élus et adhérents sortent 64 propositions, accessibles en ligne.

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Une petite dizaine de militants socialistes, regroupés en think tank, versent 64 propositions au programme du PS pour 2014 (Photo MM / Rue89 Strasbourg)

Leurs thématiques fétiches, « la protection » et « le développement par l’innovation ». La dizaine de membres du club de réflexion, ou think tank, Générations Strasbourg, est adhérente au Parti socialiste du Bas-Rhin, pour la plupart anciens du MJS (Mouvement des jeunes socialistes) et bien placée dans l’organigramme du parti. On trouve là les conseillers municipaux strasbourgeois Paul Meyer et Syamak Agha Babaei, coordinateur et porte-parole du PS 67 pour l’un, premier secrétaire fédéral délégué en charge des relations extérieures pour l’autre. Mais aussi Jean-Baptiste Gernet, secrétaire fédéral en charge du développement et de la vie militante, par ailleurs attaché parlementaire du sénateur Roland Ries, ou Damien Senger, membre de l’association de financement du PS67 et suppléant au conseil fédéral.

Journée de brainstorming dimanche

A l’auberge de jeunesse du Rhin, de 10 heures à 16 heures ce dimanche, quelque 700 adhérents du PS de Strasbourg sont invités à venir plancher sur le programme de la liste socialiste aux élections municipales de mars – 130 environ devraient se déplacer, pronostique le 1er secrétaire fédéral Mathieu Cahn. Au lieu d’assurer aux autres socialistes la primeur de leurs suggestions, les jeunes de Générations Strasbourg se sont fait un peu de publicité (une conférence de presse mardi, une tribune sur les rythmes scolaires) en amont de la rencontre, afin de diffuser plus largement leurs 64 propositions, disponibles depuis plusieurs mois sur le site et désormais téléchargeables en PDF.

Les 64 propositions sont classées en 6 grands thèmes (Photo MM / Rue89 Strasbourg)

Leur crédo : la social-écologie ou « écologie sociale« , qui considère que les citoyens les plus modestes sont les premières victimes de la crise écologique et économique. Les solutions préconisées : l’augmentation des impôts locaux, contrebalancés par l’extension de la tarification sociale, actuellement valable dans les transports en commun et les cantines, demain peut-être pour l’eau et l’énergie. Le développement du locavorisme (Amap, paniers de légumes aux tarifs solidaires, jardins partagés, agriculture urbaine…) hors des limites du centre-ville, pour que les habitants des quartiers fassent les mêmes économies que « les bobos du centre-ville » (Paul Meyer).

Interdire la Grande Ile aux transporteurs polluants

Sur les transports, Générations Strasbourg ne va pas se faire que des amis, notamment au PS… L’idée phare est de bouter les voitures hors de la Grande-Ile, où ne pourront circuler que les résidents équipés d’une carte magnétique. Et notamment, « la femme avec enfants (sic) qui habite en zone piétonne et veut se garer de temps en temps en bas de chez elle ». Exit au centre-ville les parkings à ciel ouvert. Le think tank concède que les parkings en ouvrages doivent persister, notamment pour les Strasbourgeois des quartiers périphériques qui veulent sortir le soir et rentrer en toute sécurité (ils pourraient avoir accès au parkings pour 2 ou 3€ la soirée…) et les résidents sus-mentionnés.

Côté livraisons, l’ambition est d’accélérer la transition vers le « dernier kilomètre propre » (notre article sur ce sujet) et d’interdire dans le centre d’ici 2020 tous les véhicule de transport de marchandises à moteur thermique. Pour les remplacer, ces jeunes politiques imaginent des petits trains électriques sur pneus, qui seraient fabriqués localement et vendus à toutes les grandes agglomérations de France. Ambition : une nouvelle filière industrielle et des emplois pérennes dans ce secteur.

Quelques livrets ont été imprimés, mais non disponibles pour le public (Photo MM / Rue89 Strasbourg)

Utilisation des friches, réhabilitation des locaux de la Coop pour en faire un centre d’art et d’économie numérique, augmentation du rythme des constructions à 4000 logements par an et mise en place d’un plan de lutte contre l’insalubrité dans le parc social, mise en place de « mini-grids », des réseaux électriques par pâtés de maisons, capables d’équilibrer la consommation d’énergie entre bâtiments passoires thermiques et bâtiments passifs voire positifs (qui produisent plus qu’ils ne consomment, comme la tour Elithis), réseau de troc entre voisins, etc. Ces propositions sont variées et ne seront pas toutes, loin s’en faut, bien accueillies ou comprises par les élus et militants.

Robert Herrmann agacé

« Notre but n’est pas de noyauter les tables rondes » ce dimanche, anticipe Paul Meyer, mais « de défendre nos idées » alors que commence la réflexion en amont de l’élaboration du programme. La démarche dérange néanmoins. « Beaucoup de gens réfléchissent », pas uniquement ce petit groupe de jeunes loups aux dents longues, semble vouloir signifier Robert Herrmann, actuel 1er adjoint au maire, en charge – comme en 2008 – de l’organisation du travail sur le projet. En désaccord idéologique avec des membres de Générations Strasbourg, le futur président de la communauté urbaine en cas de victoire de la gauche en mars, fait remarquer à propos des 64 propositions :

« Je n’ai pas été destinataire de ce document. Dimanche, chacun pourra apporter ses critiques, ses propositions, son regard. Les thématiques des tables rondes seront très transversales [ndlr, telles l’égalité urbaine ou la réussite des petits Strasbourgeois…]. On avance, il n’y a pour le moment pas de calendrier fixe sur le projet. Il sera près aux alentours du mois de janvier. »

D’autres contributions attendues

A noter que cette journée n’est ouverte ni aux non-adhérents du PS ni à la presse. Outre Générations Strasbourg et les militants demain, d’autres contributions devraient être versées dans la boîte à idées de la campagne, et notamment celles de certaines commissions thématiques du PS départemental (transition écologique, Europe…). Dans ce contexte, quelques piliers de la « fédé » se sont d’ailleurs montrés tout aussi agacés que Robert Herrmann par l’initiative du groupe social-écologiste, sorti du bois alors que « commence à peine le travail collectif ». « GénérationsStrasbourg.com, en fait c’est j’existe.com », glisse l’un d’eux.

Mathieu Cahn, premier secrétaire fédéral du PS 67 et co-directeur de campagne de Roland Ries, donne le coup de grâce : « Nous recevons beaucoup de textes et de propositions qui alimentent la réflexion collective. Nombreux sont ceux qui s’exprimeront dimanche devant les militants, et pas par voie de presse, pour se faire mousser ». Derrière les idées, les égos, toujours ?


#élections municipales 2014

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