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Municipales : mouchoirs en main, Fabienne Keller récolte les doléances

Active sur le terrain depuis le printemps, la candidate UMP aux élections municipales de mars Fabienne Keller sillonne les quartiers de Strasbourg les uns après les autres. Armée de mouchoirs, de bonbons pour la gorge et d’un bloc-notes, elle a clôt sa moisson de doléances à l’Elsau et à la Robertsau ce week-end. Reportage.

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Fabienne Keller, Jean-Emmanuel Robert et Djemila Azrou ont rencontré des habitants de l’Elsau samedi matin. Sujets récurrents : enclavement du quartier, insécurité, commerces (Photo MM / Rue89 Strasbourg)

Froid perçant, samedi matin vers 9 heures, au marché de l’Elsau, en face de la station du tram B et le long du magasin Leclerc. Depuis 8 heures du matin, Jean-Emmanuel Robert, conseiller municipal UMP et habitant du quartier, l’ancienne adjointe de secteur Djemila Azrou (2001-2008) et plusieurs « volontaires » de la campagne de Fabienne Keller interpellent les passants, leur offrent café et bredele.

L’Elsau, un quartier « enclavé, abandonné »

L’exercice est rôdé. Cela fait 6 mois que la candidate tourne dans Strasbourg. Ce matin-là, c’est la dernière opération « Dites-moi tout » avant les fêtes de Noël. Fabienne Keller, un peu en retard, enchaîne exceptionnellement deux quartiers ce samedi, l’Elsau et la Robertsau. Avant son arrivée, Jean-Emmanuel Robert, local de l’étape, explique :

« L’Elsau, c’est un quartier isolé, bordé par la voie ferrée, l’Ill et l’autoroute. Il y a ici environ 6 500 habitants répartis entre les logements sociaux de la Sibar et le quartier pavillonnaire derrière. Avec seulement une entrée, le quartier est enclavé. Le tram arrange un peu les choses mais ces derniers temps, le sentiment d’abandon s’est exacerbé, notamment parce que le bureau de l’adjoint [ndlr, Eric Elkouby, basé principalement à Kœnigshoffen] n’est ouvert que deux jours par semaine alors que celui de Djemila l’était cinq jours d’affilée. »

Plus de distributeurs, les commerces déclinent

Premier problème soulevé par les habitants qui s’arrêtent nombreux pour discuter, râler, exposer leurs doléances et leurs attentes : la suppression des deux distributeurs de billets du quartier. « Où je sors l’argent, où je dépense l’argent », lâche un Elsauvien. Obligé d’aller à la Montagne Verte ou à Lingolsheim retirer des sous, les habitants du quartier ne le dépensent plus dans le quartier. « Du coup, les commerçants ont des difficultés, souligne un autre. Le café qui a ouvert cette année va peut-être fermer. »

Pour cause de chiffre d’affaires en berne, peut-être, « mais surtout à cause de l’insécurité », observent deux anciens. « Dès le début d’après-midi, y a toute une bande qui traîne dans le coin », continuent-ils. Arrivée entre temps, happée par l’une ou l’autre mère de famille ou retraitée, l’un ou l’autre habitant en colère, Fabienne Keller, manteau blanc, coiffure et maquillage impeccables, fait figure de madone, venue panser les plaies et écouter. Prudente, elle promet rarement. « On fera notre possible, mais pour ça, on a besoin de vous », répète-t-elle, entre une bise et une caresse.

« Ils pèsent la drogue sur la balance du magasin »

Alors qu’un groupe se forme autour du gérant du magasin Leclerc et de son adjointe, sortis exprès pour rencontrer la candidate, elle les rejoint. L’ambiance est à la morosité, teintée de révolte. Le gérant s’explique :

« On a cette bande de jeunes qui nous menace de mort, qui menace de brûler nos voitures. Ils viennent peser la drogue là, sur la balance du magasin. On a 18 employés, la direction ne veut pas prendre de risque et envisage de fermer le magasin… On a déposé plainte plusieurs fois, on a rencontré M. Elkouby, mais la police ne se déplace qu’une fois que la catastrophe est arrivée et l’adjoint ne nous dit pas grand-chose… »

« Vous avez demandé une caméra de vidéosurveillance à l’arrière ? », demande Fabienne Keller. « Non, on n’y a pas pensé. » Les responsables du magasin, dépités, continuent à discuter avec les habitants, inquiets de la possible disparition de « leur » seul supermarché. Fabienne Keller, elle, alpaguée par des jardiniers du coin, des responsables d’associations, prend visiblement son pied. Tout le monde a un grief contre le maire actuel et son équipe : une réfection de voirie non-obtenue, une opération de rénovation urbaine « comme au Neuhof » qui ne vient pas, etc.

Au bar PMU, tout le monde connaît « Fabienne »

Au bout d’une heure et quart, glacée, le mouchoir vissé au nez, l’ancienne maire de Strasbourg court se réchauffer en voiture. Direction la Robertsau et un tout autre public, plus aisé, quasi-acquis. Un bonbon pour la gorge et le chauffage à fond. « Ces rencontres, c’est mon carburant, assure Fabienne Keller, mais là, il faut que je sois équipée, il fait vraiment très froid… » Pause boisson chaude au bar PMU Le Tivoli à la Robertsau, où elle connaît et salue tout le monde. « A force, j’ai un café comme ça dans chaque quartier. »

Dehors, la table « Dites-moi tout » avec café, bredele et clémentines, installée devant la station de bus Schott en face du marché, est deux fois plus grande que celle à l’Elsau. Les « volontaires » ici se confondent avec les habitants, de nombreux passants s’arrêtent pour papoter, beaucoup se connaissent et nombreux sont ceux qui souhaitent le retour de « Fabienne ». A défaut, certains prônent le « tout sauf Ries ». Pourquoi ? « Parce que c’est un clone de Hollande, en plus pâle. La densification de la ville, c’est une aberration. Si Ries est battu, ce sera à cause du Bruckhof. »

« Densifier la Robertsau, c’est un crime »

Dans ce quartier cossu, où la plupart des ménages « a deux, voire trois voitures », glisse l’ancien adjoint (1989-2001) de Catherine Trautmann, Jean-Charles Quintiliani, actuel conseiller municipal d’opposition aux côtés de Fabienne Keller, le problème numéro 1, c’est la circulation et son corollaire, le stationnement. Alors, les nouvelles constructions aux abords du parc de Pourtalès, mais également le projet d’agro-quartier (un écoquartier avec des espaces cultivés, soutenu par l’ADIR, association de défense des intérêts de la Robertsau, et étudié par le conseil de quartier) font frémir. « Densifier la Robertsau, c’est un crime », assène une dame. « Le quartier est déjà saturé », juge un monsieur.

Jean-Charles Quintiliani (à gauche), mais aussi Pascal Mangin ou Yves Le Tallec étaient présents à la Robertsau samedi pour « soutenir Fabienne » (Photo MM / Rue89 Strasbourg)

« Il faut bien loger les jeunes quelque part », reconnaît en aparté Jean-Charles Quintiliani, également favorable à l’extension du tram dans le quartier, qui ne fait pourtant pas l’unanimité. Non loin de la candidate, quelques élus et responsables, le conseiller municipal Pascal Mangin, le conseiller général Yves Le Tallec, Elsa Schalck, proche de Philippe Richert, se retrouvent dans une ambiance détendue. L’on est entre soi.

Local de campagne à la Krutenau

Fin de la matinée, le bloc-notes de Fabienne Keller est noirci de noms, d’adresses, de fonctions, de numéros de téléphone. Après plusieurs mois d’écoute et de rencontres, la candidate va s’atteler maintenant au programme (et à la liste) en vue des élections municipales de mars. Y travaille le groupe de soutien autour de Bernard Stalter, notamment dans les locaux de campagnes baptisés « L’Atelier », situés quai des Bateliers à la Krutenau. Ce programme, cette liste, c’est pour quand ? « Vous verrez. » On s’impatiente.

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