Changement d’avis face aux circonstances ou bluff organisé ? Après avoir annoncé qu’ils partaient seuls, Alain Fontanel (LREM) et Jean-Philippe Vetter (LR) ont trouvé un accord de dernière minute pour le second tour des élections municipales à Strasbourg, prévu dimanche 28 juin. L’actuel premier adjoint, Alain Fontanel, prend la tête de cette liste d’union à droite.
Son ancien opposant occupera la 3e place :
« Ce n’était pas le temps des idéologies, c’est la convergence entre deux programmes proches face à des personnes doctrinaires. »
Jean-Philippe Vetter
La nouvelle liste a été déposée in extremis avant 18h, juste après l’annonce de l’échec des négociations entre les écologistes et les socialistes, vers 15h.
Signaux inverses
Dès ce lundi 1er juin, Jean-Philippe Vetter avait posté sur Facebook un texte où il se déclarait « prêt à porter un projet d’avenir » et d’aller « au-delà des coalitions entre candidats ». Mardi matin, il postait des photos de son début de campagne sur le terrain. Depuis plusieurs jours, il disait en privé à ses connaissances ses réticences à une alliance avec LREM, notamment en raison de l’impopularité d’Emmanuel Macron.
Alain Fontanel avait quant à lui écrit à la mi-journée à ses colistiers que « des postures partisanes [ont] empêché un rassemblement crédible et responsable » et qu’il allait « continuer […] avec la même équipe ». « Un vrai message », confirme un colistier, surpris néanmoins qu’il ait fuité avant officialisation. Le candidat macroniste avait « carte blanche » pour négocier seul pendant les 48 dernières heures. Jean-Philippe Vetter a aussi négocié seul dans les dernières heures. Alors qu’à gauche, ce sont des négociations par « délégations » de plusieurs personnes qui prévalu.
Mathématiquement, cet attelage a désormais une longueur d’avance sur la gauche. En cumulé, ils ont rassemblé 38,12% des voix au premier tour, avec de bons scores dans les quartiers nord, de quoi surpasser le score du 15 mars de Jeanne Barseghian (27,89%) et de Catherine Trautmann (19,77%).
Échec entre écologistes et socialistes
Après plusieurs jours de discussions, les écologistes et les socialistes n’ont pas réussi à s’entendre pour créer une liste commune au second tour des élections municipales. Depuis le week-end, les appels d’élus et personnalités de gauche s’étaient pourtant multipliés pour éviter une quadrangulaire périlleuse, avec le risque que la droite ou « En Marche » l’emportent au final.
Les deux camps risquent de se disputer longtemps la responsabilité de cette non-union. Tandis que leurs rivaux font campagne sur la difficulté de la crise économique.
Les deux femmes avancent plusieurs versions sur les nombre de places et l’ordonnancement proposé, suivant une règle proportionnelle. Mais s’accordent sur un point de désaccord, la présidence de l’Eurométropole, souhaitée par Catherine Trautmann.
Passé les « regrets », Catherine Trautmann attaque frontalement ses anciens partenaires :
« C’était les méthodes du vieux PS, mais en pire. Syamak Agha Babaei était le chef de délégation qui a passé beaucoup de temps au PS. Et les écologistes s’étaient gardé le poste de numéro 2 à l’Eurométropole pour Syamak Agha Babaei. C’est pour cela qu’ils ne voulaient pas d’une Strasbourgeoise en numéro 1. Je demande à voir comment ils garderont leur cohésion et cohérence. »
Moins offensive dans ses propos, Jeanne Barseghian estime que la discussion doit se faire avec les maires des 32 autres communes (50 sièges sur 100) et pas seulement entre Strasbourgeois (la majorité strasbourgeoise envoie une quarantaine d’élus).
Sur le fond, deux projets routiers ont été cités par Jeanne Barseghian, lors d’un point presse : « l’accès nord au port » et « les millions pour la requalification de l’A35, auquel nous préférons des alternatives d’éco-mobilité ». « On en a à peine parlé », estime de son côté la socialiste. Elle reproche d’avantage que les écologistes « n’ont pas su mettre en avant leur projet », « perçu comme coercitif » voire « négatif » en citant l’autonomie alimentaire ou les repas végétarien dans les cantines. Elle reproche de la défiance, pas tant de Jeanne Barseghian, mais de son équipe.
Dans un communiqué, Catherine Trautmann indique « n’avoir connu dans le cadre de ces négociations que de la défiance depuis le début » et parle même de « climat hostile. » L’ancienne maire socialiste voulait en outre que la « feuille de route soit revue à l’aune de la crise sanitaire que nous avons traversée et qui contient en germe une crise économique et sociale sans précédent, » ce qui n’était « pas prévu par la candidate écologiste considérant au contraire que son projet reste d’actualité. »
De son côté, Jeanne Barseghian pointe que « l’équipe de “Faire Ensemble Strasbourg” voulait imposer la présidence de Catherine Trautmann à la métropole. » Or la candidate écologiste réserve cette place en cas de victoire pour un troisième tour de négociations « avec les communes de première et seconde couronnes. »
Les deux femmes avancent plusieurs versions
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