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Municipales : à l’UMP, Robert le challenger agace l’ancien Tandem

Fabienne Keller n’aura pas le boulevard escompté pour l’investiture UMP. Jean-Emmanuel Robert, conseiller municipal UMP à Strasbourg, a aussi fait acte de candidature. Accusé par son mentor Robert Grossmann de la « jouer solo », l’élu d’opposition réclame des primaires et veut incarner le renouvellement à droite.

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Jean-Emmanuel Robert, 37 ans, conseiller municipal UMP à Strasbourg (document remis)

Jean-Emmanuel Robert, 37 ans, voulait faire son petit effet et ça n’a pas loupé. Jeudi matin, le conseiller municipal d’opposition a annoncé sa candidature à l’investiture UMP dans les DNA, à un an des municipales, mais surtout une semaine après les déclarations de Fabienne Keller et François Loos. « La date est arrêtée depuis un mois, affirme-t-il. [Sous entendu, les annonces des derniers jours n’y sont pour rien.] J’avais tout préparé pour la dernière semaine de janvier, nous y voilà. Et vous savez, quand on aspire à diriger la 7ème ville de France, il faut de la constance et de la persévérance. » Rien que ça.

Les soutiens de cadres UMP à Jean-Emmanuel Robert

Minutieusement préparée donc, cette entrée en campagne. Effectivement, la lettre de soutien d’élus locaux UMP, comme le conseiller général Jean-Philippe Maurer ou le maire de Reichstett Georges Schuller, part dans la foulée dans les rédactions strasbourgeoises. « Il y aura d’autres soutiens », prévient Jean-Emmanuel Robert en fin de semaine. Et ce week-end, c’est au tour de trois anciens adjoints de Fabienne Keller de faire connaître leur position (favorable) sur cette candidature. Olivier Arbousse, Henry Bretz (UMP) et Hugues Geiger (écologistes indépendants) écrivent :

« Nous apprenons avec beaucoup d’intérêt la candidature de Jean-Emmanuel Robert pour les primaires à l’UMP, qu’il appelle de ses vœux. Oui, Strasbourg peut être reprise, et seule une primaire peut dégager une candidature légitime. Nous rappelons d’ailleurs qu’une telle primaire avait déjà opposé François Loos et Fabienne Keller au sein de L’UDF… en 2001 !

Nous qui avons travaillé avec Jean-Emmanuel Robert durant 7 ans, alors qu’il était le plus jeune vice-président de communautés urbaines de France, connaissons et apprécions son énergie sans faille, son ancrage, sa détermination et son sens de l’intérêt général. Nous pensons que Jean-Emmanuel Robert a toutes les qualités du jeune outsider qui peut créer la surprise en 2014. »

Grossmann : « Déclaration personnelle et prématurée »

Si certains se réjouissent, il y a néanmoins quelques surpris, si ce n’est franchement agacés. Au premier rang desquels son chef de groupe au conseil municipal, Robert Grossmann, « qui [l’]a lancé en politique, tout le monde le sait ». Jean-Emmanuel Robert l’a appelé la veille de son annonce, mercredi soir, comme d’autres cadres du parti, tels André Reichardt, tête de file de l’UMP du Bas-Rhin et 1er vice-président du conseil régional, ou Yves Le Tallec, conseiller général de la Robertsau.

Avec Robert Grossamnn, l’ « outsider » a eu « un long échange de 42 minutes », qui n’a semble-t-il pas suffit à enthousiasmer l’ancien président de la communauté urbaine de Strasbourg. « En phase d’observation » (dixit Jean-Emmanuel Robert), Robert Grossmann n’a pas souhaité commenter « à chaud » cette « déclaration personnelle et prématurée ». Sinon pour rappeler que l’heure est à la campagne du « oui » à la collectivité territoriale unique d’Alsace, et non « à la compétition d’égos de style Star Academy », dimanche dans les DNA.

Et pour cause, cette candidature n’est pas faite pour arranger Robert Grossmann. 1) Ce dernier n’ »excluait rien » pour lui-même dans cette bataille municipale et 2) en tant que chef de groupe, sa position va devenir compliquée : sur six élus, deux soutiennent à présent ouvertement François Loos, les UDI Huguette Dreikaus et Anne Schumann, Frédérique Loutrel et Martine Calderoli (UMP) ne se sont pas prononcées (et ne sont pas les plus actives du groupe), le cinquième n’est autre que Jean-Emmanuel Robert et le sixième… Robert Grossmann lui-même.

Statut quo dans les groupes d’opposition ?

Comment ces quatre-là vont-ils pouvoir travailler ensemble encore un an ? Anne Schumann s’interroge :

« Je ne vois pas l’intérêt d’afficher nos dissensions à un an des municipales. On a bien fonctionné à deux groupes d’opposition, mais là, c’est sûr, je ne sais pas comment ça va se passer… Pour Huguette et moi, c’est simple, mais pour Robert Grossmann, c’est le grand écart. »

Sur la candidature de Jean-Emmanuel Robert, la centriste remarque :

« Il ne nous avait rien dit mais on sentait bien qu’il avait une forte envie de faire quelque chose. Il a sans doute voulu marquer le coup après la candidature autoproclamée [de Fabienne Keller] avec Raffarin. Et puis il a l’atout de la jeunesse… »

Sur la stratégie du challenger :

« Il a rencontré François Loos récemment. Il veut sans doute ne pas être oublié en cas de liste commune à droite. »

Jean-Emmanuel Robert, lui, montre ses muscles, mais ne dit pas l’inverse :

« Qui pourrait comprendre que l’Alsace, qui a donné le plus grand nombre de suffrages à Nicolas Sarkozy en 2007 et 2012 n’ait pas de tête de liste UMP pour sa capitale ? Sur ce principe, je n’ai pas l’intention de déroger, même si je respecte les opinions différentes… J’ai par ailleurs beaucoup d’estime pour François Loos, que j’ai rencontré avant Noël. L’UDI n’est pas un parti d’appoint. »

Robert-Keller : RPR versus UDF

Favorable à des primaires à droite, le jeune élu juge la candidature à l’investiture de Fabienne Keller « légitime », elle qui a « un bilan honorable ». Néanmoins, il refuse que 2014 soit « le match retour de 2008 » ou « une question d’ego ». Ah bon ?

Mais, Jean-Emmanuel Robert versus Fabienne Keller, c’est aussi le RPR versus l’UDF, la droite versus le centre-droit. Si l’ancien maire de Strasbourg n’hésite pas à brandir dans ses discours l’étendard de la lutte contre l’insécurité, comme Jean-Emmanuel Robert, lui se « revendique d’une droite assumée, mais moderne ». Il est à ce titre opposé au droit de vote des étrangers aux élections locales et contre le mariage pour tous. Présent à la « Manif pour tous » à Paris en janvier, il était encore ce samedi place Kléber pour dire « non à la PMA (procréation médicalement assistée) pour les couples de même sexe ». Une position qui « n’est pas que théorique, mais prend racine dans [son] histoire personnelle », dans laquelle la question de la filiation est posée.

Manifestation contre le mariage gay, samedi 2 février, place Kléber (Photo Jean-Pierre Arrieudebat)

Sur cette entrée en campagne, la sénatrice Fabienne Keller, elle, « ne souhaite pas [s’]exprimer ». Un point marqué pour Jean-Emmanuel Robert, parvenu à reformer le Tandem autour d’une position commune.


#élections municipales 2014

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