Après trois ans et demi de travaux, l’heure est aux finitions. Jeudi 12 juillet, les bâtiments du futur consulat de Turquie à Strasbourg sont remplis de techniciens venus pour réaliser les derniers tests sur l’électricité, le chauffage ou les quatre ascenseurs du bâtiment. Pour les fonctionnaires turcs, l’emménagement dans les locaux du quai Jacoutot est prévu au début du mois de septembre. Les salariés de l’entreprise Demathieu Bard, responsable du chantier, sont soulagés de voir la fin de ce chantier aussi monumental que compliqué.
La façade en grès des Vosges : une première mondiale
Han Tümertekin a été désigné par le ministère des Affaires étrangères turc pour dessiner les cinq bâtiments sur ce terrain de 8 900 m². Ouvriers et responsables de chantier ont bien ressenti le désir de grandeur exprimé par les plans du bâtiment. Les façades de l’édifice sont recouvertes de 4 500 m² de grès des Vosges : une première mondiale. Il a fallu inventer et tester un mode de pose de ces blocs roses saumons, explique un responsable du chantier :
« On a dû obtenir une autorisation pour cette nouvelle façon de poser une façade en grès des Vosges. On a aussi dû faire des tests sismiques parce que c’est une configuration tout à fait unique. Les façades sont recouvertes de blocs qui font 800 kilos chacun. Toute cette phase a coûté très cher et nous a pris beaucoup de temps… »
Du marbre, du noyer, de la porcelaine…
Le terrain du futur consulat de Turquie à Strasbourg a été vendu pour 1,78 millions d’euros par le Conseil Municipal. Entre 2012 et 2018, les coûts de ce chantier sont passés de 25 à 42 millions d’euros. Un responsable du chantier pour Demathieu Bard invoque des demandes « sur mesure » de l’architecte, attentif « aux moindres détails. » Les prix se sont aussi envolés lors de la pose des 4 400 m² de marbre, de 4 000 m² de parquet en noyer ou suite à l’achat de lustres en porcelaine à 20 000€ pièce. « Lorsque l’on travaille avec des matériaux aussi nobles et qu’on fait en plus du sur-mesure, les coûts grimpent vite », explique un salarié de l’entreprise. Un collègue met aussi en cause les retards pris dans la conception du bâtiment :
« Le consulat de Turquie a régulièrement changé ses exigences, surtout au niveau de la sécurité du bâtiment. C’est un chantier compliqué du fait des allers-retours entre le terrain et l’administration turque à Ankara. »
Parmi les cinq bâtiments du complexe, le plus élevé atteint près de 23 mètres de haut. La partie ambassade est consacrée à la représentation de la Turquie auprès du Conseil de l’Europe. Au rez-de-chaussée, cinq pièces de 1 000 mètres-carrés au total serviront aux réceptions. L’édifice central doit accueillir les employés de la diplomatie turque et le consulat général. Ici, les 125 000 citoyens turcs du Grand Est pourront demander leur passeport, transcrire les naissances, les décès ou les mariages. La dernière section du bâtiment servira de résidence au consul. Il contient une salle de sport et un hammam ainsi qu’une terrasse avec fontaine et une vue imprenable sur la Cathédrale de Strasbourg.
Plusieurs responsables du chantier évoquent la venue du président turc pour inaugurer le consulat. Rami Sayliman, consul général de Turquie à Strasbourg, promet pour l’instant « des invités de haut niveau » sans préciser ni la date exacte de l’inauguration, ni les personnalités attendues.
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