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Mis en cause dans la gestion de violences, le président de la Croix-Rouge du Bas-Rhin a démissionné

Le président territorial de la Croix-Rouge du Bas-Rhin a démissionné le 1er août 2023. Une mission d’enquête avait été diligentée après des dénonciations de violences sexistes et sexuelles. Le bureau de la DT67 avait été largement mis en cause dans sa gestion de la crise.

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Une mission d’enquête nationale a démontré que la DT67 n’avait pas géré correctement des cas de violences sexistes et sexuelles signalés à Strasbourg. Le président de la DT67 a démissionné suite à cette enquête.

Après 15 ans de bénévolat à la tête de la Croix-Rouge du Bas-Rhin, Patrick Ichter a préféré démissionner dans la tempête. Le président de la délégation territoriale de l’association en a informé le siège, à Paris, le 1er août 2023. Quelques jours plus tôt, sa hiérarchie parisienne l’avait informé de la volonté de dissoudre le bureau de la délégation territoriale de la Croix-Rouge dans le Bas-Rhin (DT67), et de la mise en place d’une administration provisoire.

La décision de la Croix-Rouge a été actée le 25 juillet, le lendemain de la parution de notre enquête sur les violences sexistes et sexuelles dénoncées par plusieurs témoins et victimes à Strasbourg au sein de la Croix-Rouge du Bas-Rhin.

Une mission d’enquête nationale a démontré que la DT67 n’avait pas géré correctement des cas de violences sexistes et sexuelles signalés à Strasbourg. Le président de la DT67 a démissionné suite à cette enquête. Photo : FlickR / Département des Yvelines / Maraude de la Croix Rouge

Un rapport d’enquête accablant

Dans cette enquête, Rue89 Strasbourg avait révélé le contenu d’un rapport interne réalisé après une mission nationale qui – pendant neuf mois – a tenté de comprendre et d’analyser ces signalements de violences sexistes et sexuelles commises au sein de la Croix-Rouge du Bas-Rhin.

Parmi les 30 entretiens menés par la mission interne, sept témoignages évoquaient des comportements sexistes. Deux plaintes pour viols ont été déposées en avril 2022. Le parquet de Strasbourg les a classées sans suite le 10 mai 2023 faute de « preuves suffisantes ».

Le rapport mettait largement en cause la gestion humaine et managériale de la délégation territoriale de la Croix-Rouge du Bas-Rhin. Il y était également question de cas de gouvernance « jugées autoritaires » de la part du bureau de la DT67, d’une « culture du secret » et d’une « culture interne de défiance ».

Notre enquête avait également démontré que trois lanceurs d’alerte et témoins de ces comportements sexistes avaient été suspendus sur décision de la DT67. Il a fallu qu’ils contactent le siège à Paris et rappellent le statut protégé de lanceur d’alerte, pour être réintégrés.

Une mise sous tutelle de la Croix-Rouge du Bas-Rhin ?

Officiellement, le siège parisien de la Croix-Rouge refuse de parler de « mise sous tutelle » de l’antenne du Bas-Rhin. Le terme mis en avant est donc celui « d’administration provisoire ». Mais officieusement, les bénévoles parlent entre eux d’une tutelle de Paris.

La responsable communication de la Croix-Rouge explique que le 25 juillet, « la Commission Vie Associative et Engagement de la Croix-Rouge française a pris la décision de dissoudre le bureau de la délégation territoriale de la Croix-Rouge française dans le Bas-Rhin et de mettre en place une administration provisoire. » Elle revient ensuite, à l’écrit, sur ce qu’est cette administration provisoire :

« Elle est composée de trois personnes choisies pour leurs compétences et leur expérience de gouvernance territoriale. Cette administration provisoire est à l’écoute de toutes celles et tous ceux qui les sollicitent. Ils s’attachent à proposer des temps d’animation (…). Ils assurent ainsi la mobilisation essentielle à la continuité des activités d’accompagnement des publics vulnérables. Ils veillent à un strict respect du code de conduite de la Croix-Rouge française par l’ensemble des volontaires. »

Cette administration provisoire de la Croix-Rouge du Bas-Rhin est en place pour un premier mandat de six mois. Elle est composée de Philippe Le Gall, François Bliard et Christian Crespi. Tous trois n’habitent pas Strasbourg, ni même la région du Bas-Rhin. Selon une bénévole de la DT67 jointe par téléphone : « Ils se réunissent régulièrement à Strasbourg, font parfois des visios pour le suivi des activités, les prises de décisions, et se déplacent aussi sur le terrain. »

Patrick Ichter n’a pas souhaité répondre à nos questions.


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