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Médiathèques : qui déménage ?

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C’est en fraiche connaissance de cause qu’on affirme que déménager, ça prend du temps et de l’énergie. Mais qu’en dit la littérature ? Bref aperçu de ce que proposent les médiathèques strasbourgeoises sur le sujet.

Les petits déménagent

Lorsqu’on utilise le très pratique portail internet des médiathèques de Strasbourg pour effectuer une recherche avec comme mot clef « déménagement », ce sont d’abord et surtout des livres pour enfants qui ressortent. D’après ce qu’on en a vu, comme par exemple dans le joli Une nouvelle maison pour la famille souris de Kazuo Iwamura (édition Ecole des Loisir, disponible aux médiathèques Malraux, Neudorf, Meinau et Robertsau), ces livres sont toujours très rassurants.

Dans Je ne veux pas changer de maison !, de Tony Ross (éditions Gallimard Jeunesse, disponible aux médiathèques Malraux et Sud), il en va de même, mais on s’est souvenu à cette occasion que Tony Ross, épatant illustrateur britannique, a donné un visage au terrible petit William de sa compatriote, Richmal Crompton, et qu’avec ce dernier un déménagement tourne inévitablement au chaos, malgré la bonne volonté (obtuse) du garçonnet et celle des professionnels engagés pour l’occasion :

« Ils étaient trois. L’un était très gros et jovial, le deuxième très maigre, paraissait épuisé d’avance et le troisième arborait un sourire timide et marchait d’un pas mal assuré. Ils s’excusèrent interminablement de leur retard.

– Commencez par la salle à manger, je crois que ce sera mieux, dit Madame Brown. Voulez-vous emballer d’abord la vaisselle ? William, ne reste pas dans le passage !

Elle les laissa et ils commencèrent à empaqueter plats et assiettes, avec l’aide de William, qui allait chercher la vaisselle sur les étagères du buffet et la leur apportait.

– Vous-vous appelez comment ? demanda-t-il en trébuchant sur un saladier en verre qu’il avait laissé par inadvertance devant la cheminée. Il dut ralentir son travail pour ramasser les morceaux un par un.

– C’est pourtant vrai qu’il y a des choses qui se cassent dans les déménagements, murmura-t-il, pensif. »

Les aventures de William, éditées par Folio Junior, sont éparpillées en divers volumes qu’on peut trouver dans les différentes bibliothèques strasbourgeoises, cette histoire-ci, si vous cherchez à la localiser, s’intitule Un coup de main.

Les grands déménagent

Chez les adultes, on trouve également des bouquins rassurants, tel Le déménagement de Lucette Hoisnard (éditions SAEP, disponible aux médiathèques Malraux et Ouest) un guide parfois intéressant, mais surtout très drôle à force de se substituer au simple bon sens :

« Assurez-vous tout d’abord que vous avez la clé de votre nouvelle maison avant de quitter l’ancienne : cela vous évitera de devoir la chercher pendant des heures. »

Du coup, là aussi, on préfère le chaos ! Par exemple, le progressif mais inexorable dérèglement dans lequel Simenon plonge son personnage dans Le déménagement (éditions Omnibus, disponible aux médiathèques Malraux et Olympe de Gouges). Et pourtant ça ne partait pas si mal, il faut se méfier de ce qu’on désire…

« Maintenant, autour d’Emile, les murs étaient clairs, sans aucune trace de la vie de précédents occupants.

Ils étaient les premiers. Un des bâtiments, à l’est, n’était pas achevé et une grue gigantesque tendait son bras oblique dans le ciel.

En dehors de la commode, de la table de nuit et d’une petite table ovale, il n’y avait d’autres meubles que le lit dans la chambre, car on n’avait plus besoin de l’énorme garde-robe en noyer qui prenait toute la place rue des Francs-Bourgeois.

Il n’avait rien dit, l’avant-veille, quand le lit avait été installé en long contre le mur. Il avait regardé la commode, cadeau de mariage de la tante de Blanche, la table de nuit, le fauteuil crapaud recouvert d’une tapisserie terne.

Lors du déménagement, ils ne s’étaient séparés qu’à regret de certains meubles devenus inutiles ou encombrants.

A présent, il regardait d’un œil maussade ceux qu’ils avaient amenés. Il n’en avait pas encore parlé à Blanche. Il le ferait plus tard, dans quelques semaines. Elle était plus conservatrice que lui, plus sentimentale, et il s’attendait à ce qu’elle n’accepte qu’avec résignation de se séparer de leur lit, par exemple. »

Entre déménagement et recherche illusoire d’une maison, Michèle Lesbre dans La petite trotteuse (éditions Sabine Wespieser, disponible aux médiathèques Elsau, Cronenbourg et Olympe de Gouges), mêle passé et présent dans un récit, pour le coup faussement chaotique :

« Ma mère déménageait pour la dernière fois. Je passais dans toutes les pièces pour vérifier que chaque meuble avait bien été débarrassé du fouillis qu’elle y entassait au fil des ans, d’un endroit à un autre. La commode était presque vide, sauf une boîte dans un tiroir/ J’avais ouvert la boîte, une petite boite blanche, de celles qui d’ordinaire servent à accumuler quelques vieux boutons dépareillés, quelques bobines de fil emmêlé. Mais à l’intérieur de celle-ci, il y avait mon père : les lunettes à monture noire, un plan de maison griffonné, un récépissé de banque, sa montre, un porte-monnaie, son certificat de démobilisation, et le câblogramme qui lui avait été adressé à Beyrouth : « Fille, tout bien », signé Muller. Je n’avais jamais entendu parler de ce Muller. »

En vrac

Lewis Trondheim documente partiellement sa vie dans ses carnets et il y en a un, le Carnet de bord 10-19 avril 2002/11 juin-12 juillet 2002 (éditions L’Association, disponible aux médiathèques Malraux et Neudorf) où il raconte justement un déménagement. Pile le cœur de notre sujet ! Mais tous les exemplaires étaient empruntés, on le lira une prochaine fois.

En revanche, le film de Jean-Marie Fawer et Gautier Gumpper, Ça déménage, (éditions Agate-Neuhof, disponible à la médiathèque Malraux, au troisième étage, rayon Alsatique) était en rayon et on ne saurait trop vous le conseiller : c’est passionnant !

Malheureusement, on n’a pas d’images à vous montrer, alors en guise d’aperçu, voici un extrait de l’argument au dos du DVD :

« Au Neuhof, on déménage le plus souvent à l’intérieur du quartier, par nécessité et non par choix. Les gens ne sont pas riches et l’accès aux quartiers du centre est souvent vécu comme une impossibilité.

Qu’est-ce qu’on apprend quand on parle avec les habitants ? Que la réputation du ghetto de misère, de violence, de promiscuité est une légende écrite depuis les beaux quartiers. Au Neuhof les gens parlent de leur quartier avec des mots autrement plus chaleureux et ils expliquent les malentendus, les préjugés, les histoires écrites par des médias avides de sensationnel, le langage agressif des jeunes, leurs espoirs, leur découragement, la haine comme réponse à la frustration, la solidarité, le métissage, le regard lucide sur la société. »


#culture

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