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Médiathèques : Les Journées de Strasbourg

Quatrième volet de la série sur les médiathèques de Strasbourg. Pour ceux qui suivent : la semaine dernière, nous vous annoncions une petite incursion en territoires féministes. Et bien sûr, cette promesse sera tenue. Mais la semaine prochaine seulement (juré, craché). Car cette semaine-ci, histoire d’être raccord avec l’actualité : place aux Journées de Strasbourg. Et c’est plus spécifiquement à la médiathèque Malraux que nous sommes allés chercher de quoi satisfaire notre curiosité.

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Banderole sur l'Aubette (Photo J.U.)

En préambule, si vous souhaitez en savoir davantage sur les Journées de Strasbourg, cliquez : (mais n’oubliez pas de revenir ensuite sur cette page, n’est-ce pas ?)

Oui, comme vous venez de le constater, le programme de ces deux journées est dense ! D’où l’idée de demander un peu d’aide, afin de débroussailler tout ça. Direction donc la médiathèque Malraux (les autres bibliothèques et médiathèques de la ville ont aussi au moins un rayon dédié à ces sujets, mais à Malraux c’est carrément un demi étage), et plus spécifiquement le troisième niveau et sa section politique/sciences sociales. Avec, en arrière-pensée, l’espoir de trouver une table déjà toute faite consacrée aux journées de Strasbourg, où il n’y aurait qu’à piocher.

Et non. En 2011, une telle sélection existait bien, mais cette année, le programme a été dévoilé tard, et puis les bibliothécaires sont ultra-concentrés sur un autre gros événement à venir (sur l’adolescence, ça commence d’ailleurs le 16 mars avec une exposition, et le 17, une table ronde consacrée aux « adolescents et la sexualité », le reste en avril). Sans compter que l’élection présidentielle approchant, les espaces consacrés aux suggestions thématiques sont déjà bien pleins.

Le thème de la semaine

Mais qu’à cela ne tienne : justement, le thème de campagne mis en avant cette semaine, à savoir l’argent, le pouvoir d’achat, peut à lui seul recouper trois ou quatre des questions posées par les Journées (telles que Croissance zéro ? ou peut-être Sortir du libéralisme ? ou encore L’économie solidaire et sociale, une alternative au capitalisme financier ? ou L’économie financière menace-t-elle l’économie réelle ?… etc.). On ne va pas ici donner le titre de tous les livres sur le sujet ni indiquer où précisément se trouvent les ouvrages écrits par les intervenants des différents débats, ce serait trop long, fastidieux, et puis vous êtes grands : allez donc faire votre marché à la bibliothèque la plus proche de chez vous ! Et à l’occasion, faites-nous partager vos découvertes ?

Ceux qui briguent le pouvoir

Mais si vous avez envie de choix plus orientés et que ce qu’ont à dire les prétendants à la prochaine élection présidentielle vous intéresse, sachez qu’une fois n’est pas coutume, les « livres des candidats » ont été acquis. A ce propos, la photo ci-dessus est sans doute à lire « en creux » : ces ouvrages-là sont ceux qui n’ont pas (encore) été empruntés… Mais voilà que nous dérivons vers le hors-sujet : revenons plus spécifiquement à nos Journées de Strasbourg.

Pour ou contre ?

Et pour contrecarrer cette tendance au coq-à-l’âne, adressons-nous à une des bibliothécaires, Véronique, avec mission pour elle, si elle l’accepte, d’extraire un thème de la liste des débats et de proposer un livre en rapport. Elle réagit à Quelles sont les attentes de l’opinion à 5 semaines du 1er tour ?, car il y a peu, la médiathèque Malraux, dans le cadre de son cycle de rencontres intitulé Questions de sociétés, recevait un des deux auteurs de Faut-il croire les sondages ? (éditions Prométhée, collection Pour ou contre ?, disponible à la médiathèque Malraux)

« Nous avions invité Nicolas Hubé à une conférence et ce qui était intéressant, c’est qu’il expliquait bien qu’une opinion c’était quelque chose de tout à fait abstrait. Il expliquait bien, surtout, comment se construisaient les sondages. Parce qu’on nous sort tous les jours, en ce moment, des sondages politiques (et même depuis un an ou deux). Par exemple : « Et si Marine Le Pen arrivait au deuxième tour, qu’est-ce qui se passerait ? » Là, on est complètement dans la fiction, dans des choses qui ne veulent finalement rien dire du tout. Ça ne sert à rien, deux ans avant une élection de demander « Qu’est-ce qui va se passer si Marine Le Pen arrive au second tour ? ». Il montrait bien à quel point tout ça se construisait avec les médias et les politiques. Il avait commencé par expliquer comment un sondage se faisait d’un point de vue statistique, et déjà à ce niveau-là, les sondages qui se font en France ne sont pas des sondages au sens mathématique du terme.

C’est-à-dire qu’on choisit des échantillons représentatifs, et en les faisant « représentatifs » (par exemple on veut une femme de 40 ans, un chômeur de telle région et un cadre de telle autre), du coup ça fausse la donne. Pour un sondage fiable, on tire au sort, je ne sais pas : 1.000 personnes sur 10.000, mais sans jamais remettre les billes dans le paniers des 10.000 personnes. Quand on fait ça, on a 95% de chances que le sondage soit fiable à 5% près dans un sens ou dans l’autre. Donc quand les médias passent leur temps à nous dire : « Sarkozy a baissé d’un point, Hollande a baissé d’un point, etc », en soi, de toute façon, ça ne veux rien dire. Ça n’a rien changé.

Nicolas Hubé nous disait que les médias nous racontaient une histoire. Et qu’il y a même des sondages qui paraissent où on va continuer à nous raconter l’histoire qu’on a envie de nous raconter, en prenant un morceau du sondage, mais pas l’autre partie parce qu’elle ne correspond plus à l’histoire qu’on a envie de nous raconter. L’histoire, visiblement, qui se raconte en ce moment, c’est que Sarkozy est en train de remonter. Parce qu’un président n’a jamais été en dessous au premier tour. Cette histoire-là, on nous la raconte dans les médias, mais on nous la raconte aussi à travers les sondages.

Enfin, voilà, il montrait que les sondages d’opinion ce n’était pas à croire ou à ne pas croire, c’était juste impalpable. Et il a une écriture très accessible, donc il est particulièrement intéressant. Pour ou contre ? est une collection où deux spécialistes confrontent leur point de vue. Il y en a un qui est pour, un qui est contre. C’est souvent moins tranché que ça, ce sont des ouvrages de sciences humaines donc ça reste toujours un peu plus nuancé. C’est une collection qui est plutôt bien faite. »

C’est sûr, il va falloir aller y regarder de plus près ! En attendant : bons débats, bonnes lectures et à la semaine prochaine pour quelques explorations féministes. Cochon qui s’en dédie.


#culture

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