Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Médiathèques : la BD après Angoulême

Troisième volet de notre série sur les perles des médiathèques de Strasbourg : un peu plus d’un mois après la 39e édition du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême, que retrouve-t-on du palmarès 2012 dans les divers fonds ?

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89 Strasbourg, abonnez-vous.


Affiche du festival d Angouleme 2012 par Art Spiegelman (detail)

Il ne s’agirait pas de s’intéresser à la bande dessinée qu’une fois l’an, en même temps que tout le monde. D’autant qu’à Strasbourg, l’offre est importante dans le domaine : il y a les Arts Déco (par où sont passés nombre d’auteurs désormais reconnus), l’Atelier BD, les éditeurs (tel L’Institut Pacôme, on en reparle en fin d’article) ou les promoteurs amoureux (telle l’association Central Vapeur, on en reparle également en fin d’article), etc.

Mais l’occasion faisant le larron, Angoulême est un bon prétexte pour aller se plonger dans les rayons BD bien garnis de nos bibliothèques/médiathèques.

Angoulême, c’est un peu comme l’émission du défunt Jacques Martin, L’école des fans : il y a tellement de prix que tout le monde repart gagnant. Non, bon, ce n’est pas vrai, il y a aussi tant de prétendants au titre dans tant de genres différents, que la compétition reste rude. Mais douze (12 !) prix ?! Et même treize avec le Grand Prix ! Dans ces conditions, adieux l’exhaustivité, concentrons-nous ici sur quelques happy few.

On va dire rapidement que Jean-Claude Denis succède cette année (et donc l’année prochaine aussi) à Art Spiegelman, mais laissons-le de côté pour cette fois. Et intéressons-nous à l’autre grand gagnant, Guy Delisle, qui remporte le Fauve d’Or du meilleur album avec ses Chroniques de Jérusalem (éditions Delcourt, disponible à la médiathèque Malraux, en train d’arriver à la BMS)…

On ne va pas pinailler, parce que le plaisir est toujours au rendez-vous, mais la question peut néanmoins se poser : il ne serait pas légèrement en train d’épuiser son filon, Guy Delisle ? Oui ? Non ? En tout cas, il a lancé une mode : le regard décalé de l’expatrié en milieu plus ou moins hostile est devenu un genre en soi. Ses précédentes expériences (Shenzhen, Pyongyang, Chroniques Birmanes) font évidemment partie des catalogues des médiathèques strasbourgeoises ; commencez avec les albums édités par L’Association si vous ne le connaissez pas…

L’Association qui se trouve justement récompensée par le prix spécial du jury grâce à Frank et le congrès des bêtes de Jim Woodring. Ce dernier opus ne fait pas encore partie des fonds strasbourgeois, mais les précédents Frank, oui (à la médiathèque Malraux).

« FRANK est une œuvre tellement étrange que je me demande vraiment comment la décrire. Pas de mots, pas de temps, pas de lieu, mais nombre de personnages et de situations sans aucun précédent : cet univers existe selon ses propres règles bizarres. Il offre d’éclatants tableaux de tendresse et de carnage, de cruauté et de sacrifice, d’amour et de trahison, de terreur et de béatitude ; et il les offre enveloppés comme des sucreries d’une autre planète. »

C’est un certain Francis Ford Coppola qui signe ce début d’introduction au tome 2 des aventures de Frank. Des aventures pas forcément attirantes de prime abord, mais une fois passé le cap, on n’est pas déçus ! Ou bien ?

Petite parenthèse concernant L’Association : Jean-Christophe Menu y a publié un intéressant essai critique intitulé Plates-bandes sur l’état de la bande dessinée en France (disponible à la médiathèque Malraux). Et puis tout aussi intéressant, mais plus triste car il s’agit d’une rupture avec le fameux JC Menu : Quoi !, ou l’histoire passionnelle de L’Association racontée par neuf de ses fondateurs et/ou auteurs phares (disponible à la médiathèque Malraux).

Parmi les autres prix angoulêmiens, retenons encore le T2 d’Une vie dans les marges, de Yoshihiro Tatsumi (éditions Cornélius, bientôt disponible à la BMS), TMLP – Ta mère la pute, de Gilles Rochier (éditions 6 Pieds sous terre, disponible à la médiathèque Malraux), Teddy Beat, de Morgan Navarro (éditions Les Requins marteaux, disponible à la médiathèque Malraux. Attention, Morgan Navarro fait des livres « tous publics », mais aussi des livres réservés aux adultes : Teddy Beat, c’est assez cul). Enfin, il y a Intrus à l’Etrange, de Simon Hureau (éditions La Boîte à bulles, disponible à la BMS, à Neudorf, à la médiathèque Malraux et à la médiathèque Sud), qui nous permet de faire le lien avec l’Institut Pacôme où il a œuvré. Peut-être que certains de ses ouvrages se retrouveront d’ailleurs dans la Cabane des livres en liberté (située au parc de l’Orangerie) où l’Institut Pacôme a prévu de se défaire de son stock d’invendus la semaine prochaine : les ouvrages peuvent y être empruntés, pris, échangés, etc.

Et puisqu’on en est à donner des rendez-vous et qu’en matière de bande dessinée, il n’y a pas qu’Angoulême : Central Vapeur (en collaboration avec le département des arts visuels de l’Université de Strasbourg) organise un « Avant Fumetto » en introduction au festival international de bande dessinée de Lucerne. Ça se passera à Strasbourg le vendredi 16 mars à 17h pour une conférence au Palais Universitaire et le samedi 17 mars à partir de 16h au Troc’afé pour un mini-marché de l’illustration et un apéro-mix.

PS : Art Spiegelman était le président de ce 39e festival d’Angoulême, signalons que MetaMaus, ouvrage de référence sur la genèse et la réception de son magnifique Maus (prix Pulitzer en 1992) va bientôt entrer dans nos médiathèques. Maus y est déjà, bien évidemment.

ALLER PLUS LOIN

Le portail des médiathèques de la ville et de la communauté urbaine de StrasbourgL’Institut Pacôme (le site n’est pas à jour, mais vous pourrez vous faire une idée) – Central Vapeur

Série « Médiathèques » : mode d’emploi.

Lieux de culture, d’information, de travail, de détente, les bibliothèques/médiathèques sont de formidables outils, accessibles à tous. On peut s’y abonner contre une somme modique, on peut aussi s’y installer gratuitement pour consulter les documents sur place. Surtout, on peut s‘en servir pour développer son imagination et sa curiosité.

Tel est notamment l’objet de cette rubrique : à partir de l’actualité culturelle, sociale ou politique, quelles passerelles pouvons nous construire avec les documents contenus dans les fonds des divers établissements strasbourgeois ? En parallèle à cet exercice ludique, nous ferons aussi régulièrement le point sur les nouveautés –car contrairement aux idées reçues, le livre, la BD, le film, le disque, dont tout le monde parle ne mettent pas des années à entrer au catalogue et une fois qu’ils y sont, il suffit de les réserver pour y avoir accès dans un délai raisonnable. Enfin, nous tenterons l’une ou l’autre fois de nous glisser dans les coulisses : visiter l’atelier de reliure, les archives, assister au brainstorming sur les documents à mettre en avant (une initiative très appréciée des gens pressés, indécis, ouverts), etc.

Bref voici pour le menu : dorénavant, rendez-vous chaque jeudi pour l’épisode de la semaine !


#bande dessinée

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles
Partager
Plus d'options
Quitter la version mobile