C’est par une lecture de l’arrêté préfectoral qu’a débuté la manifestation de soutien au peuple palestinien, samedi 28 octobre vers 15h. Alors que 3 000 personnes commençaient à se sentir serrées place Dauphine, en face du centre commercial Rivétoile, les organisateurs ont tenu à rappeler les consignes spécifiques appliquées à ce rassemblement (listées dans l’article précédent).
Car les 25 organisations ayant collectivement appelé à défiler voulaient à tout prix montrer aux autorités, et à la préfecture en particulier, qu’un rassemblement en faveur des Palestiniens ne serait pas synonyme d’émeutes, ni un creuset de propos antisémites ou d’apologie du terrorisme. Et ce, malgré l’opération terrestre débutée le matin même à Gaza par l’armée d’Israël, qui a également imposé un black-out complet aux 2,5 millions de Gazaouis
Pari gagné pour le collectif des organisateurs. Les slogans entendus étaient franchement hostiles à Israël, et au gouvernement français, accusés de perpétrer ou de laisser commettre des crimes de guerre dans la bande de Gaza, après l’attaque du Hamas au matin du 7 octobre. Mais il n’y a pas eu de slogans antisémites ni même religieux tout au long du parcours.
Indignation face à la violence de la répression
Rabih, Libanais en France depuis 2010, est effaré par la violence qui frappe les Palestiniens :
« Avant l’attaque du Hamas, rien que depuis janvier, il y avait déjà 300 morts palestiniennes à Gaza et en Cisjordanie, et personne n’en parlait. L’histoire n’a pas commencé le 7 octobre, ce conflit a débuté au début du siècle dernier. Ce qu’il se passe en Palestine, c’est un nettoyage ethnique depuis cette époque ! »
Rabih
Alors que des cris scandent « Israël assassin, Macron complice », Rose, la cinquantaine, pousse son vélo parmi les manifestants. Pour elle, Israël s’affranchit du droit international :
« On voit un État qui est attaqué par des terroristes et qui se venge sur des civils avec son armée… Plus de 7 000 morts parmi les Gazaouis, dont 3 000 enfants, on en est là à ce jour… Est-ce normal pour un État ? Et la France qui n’arrive pas à appeler au cessez-le-feu, j’ai beaucoup de mal avec ça. »
Rose
Rose n’est « pas complotiste » mais elle trouve que l’attaque du Hamas est une diversion opportune pour le gouvernement israélien :
« Le gouvernement était paralysé (dans sa tentative de réforme du système judiciaire, NDLR), il faisait face à des manifestations monstres et depuis l’attaque du Hamas, c’est la concorde nationale ! Comment l’armée d’Israël et ses services secrets ne l’ont pas vu venir, comment est-ce possible qu’ils aient laissé passer 2 000 terroristes ? J’ai du mal à comprendre. »
Rose
Samia, qui défile avec ses trois filles dont une en poussette, est à bout de nerfs depuis trois semaines :
« Je ne suis ici ni pour le Hamas, ni pour le Fatah (parti politique palestinien, au pouvoir en Cisjordanie, NDLR). Je suis ici pour les enfants, les mères, les vieux qui sont privés de tout depuis l’attaque et tués par l’armée israélienne. Comment est-ce possible qu’on laisse faire ça ? On n’en peut plus de ce massacre, c’est insoutenable. »
Samia
Dans le cortège qui arrive à la Gare, Anne, la quarantaine avec un keffieh autour du cou, est satisfaite par la tenue de la manifestation :
« Je n’ai pas entendu un “Allah ouackbar” et c’est tant mieux. L’attaque du Hamas est terrible mais il faut reconnaître qu’elle a rappelé à tout le monde l’existence de ce conflit… Les Palestiniens sont opprimés depuis tant d’années. Je suis allée en Cisjordanie, il faut voir comment les colons s’attaquent quotidiennement à eux et comment Israël multiplie les vexations, les bloquent dans leurs vies… C’est infernal, ça ne peut pas continuer. »
Anne
Vers 17h30, la manifestation arrivée place de la Gare s’est dispersée sans incident après un bref discours promettant d’autres rendez-vous en soutien aux Palestiniens et une minute de silence dédiée à toutes les victimes du conflit. Restée discrète tout au long du parcours, la police nationale n’a pas eu à intervenir pour disperser la manifestation mais la préfecture indique que neuf personnes ont été interpellées au cours de l’après-midi.
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