Slogans, beau temps et chants. Tout était réuni pour que la première mobilisation intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires et CNT) depuis la crise sanitaire soit une réussite. Mais finalement, un millier de manifestants seulement a participé au cortège revendicatif, dans les rues du centre-ville de Strasbourg mardi 5 octobre 2021. Partis de la place Kléber, sous les yeux de la statue du général toujours vêtue d’une écharpe d’Octobre rose, les manifestants ont clamé de nombreuses revendications sociales, allant de la hausse des salaires à l’abandon de la réforme de l’assurance chômage en passant par les conditions de travail.
« Avec le nouveau mode de calcul de l’indemnisation, on n’arrivera pas à vivre »
La réforme de l’assurance chômage, entrée en vigueur le 1er octobre 2021, est une aberration pour Laura, Laurence et Luc, du groupe Archéos En Lutte :
« La précarité des archéologues va augmenter. Dans notre profession, on enchaîne les périodes de travail en CDD et de chômage. Avec le nouveau mode de calcul de l’indemnisation, on n’arrivera pas à vivre car il faudra absolument avoir travaillé six mois sur une année pour être indemnisé, ce qui est loin d’être toujours le cas. Il y a des contrats plus longs, et des périodes de carence plus longues aussi. »
Laura, archéologue
Les manifestants abordent souvent leurs mauvaises conditions de travail. C’est l’un des sujets les plus évoqués. Ainsi Anaïs, professeure d’allemand au collège Kléber de Strasbourg, aimerait retrouver un peu de sens à son métier :
« Dans mon établissement, il y a parfois deux surveillants pour 847 élèves. Dont un qui vient de débarquer pour remplacer une collègue partie en burnout. Quand l’un de mes élèves arrive en retard, je ne l’envoie plus à la vie scolaire car ils sont dépassés. Comment voulez-vous enseigner convenablement dans de telles conditions ? »
Anaïs aime son métier mais constate un tel découragement parmi ses collègues que nombre d’entre eux ont perdu toute motivation :
« Beaucoup aimeraient quitter l’enseignement mais se ravisent parce qu’ils n’ont pas de plan B. Il suffirait de faire un sondage en salle des profs pour le constater ! »
« Il faut que ça change maintenant »
Un constat partagé par Aminatou, enseignante en classe de CP à l’école Catherine, situé dans le quartier Hautepierre de Strasbourg :
« Concrètement, les professeurs ne sont pas remplacés lorsqu’ils sont absents. Sans les primes, nos salaires seraient dérisoires. Le service public n’est plus à la hauteur. Il faut que le gouvernement se réveille, que ce soit pour l’éducation ou le secteur médical. »
Le personnel soignant était représenté lors de cette manifestation, essentiellement pour réclamer de meilleures conditions de travail. Marie, future AES (Accompagnant éducatif et social), en dernière année d’apprentissage, souhaite une revalorisation salariale de sa profession. Du haut de ses 22 ans, la jeune femme se bat pour son avenir : « Il faut que ça change maintenant, sinon qu’est-ce qu’il adviendra dans les prochaines années ? »
De l’autre côté de la pyramide des âges, Albert Riedinger, typographe à la retraite de 72 ans, partage la même envie de lutter :
« Nous les retraités, on l’a déjà notre pension ! On se mobilise pour les jeunes, qu’ils aient quelque chose de convenable. Ce qui ne sera pas le cas avec la réforme des retraites. »
Repousser l’âge de départ à la retraite. Une folie pour Éric Borzic, ouvrier dans la métallurgie au sein d’Amcor, à Selestat : « Impossible de partir à la retraite à 67 ans quand on travaille en trois-huit à l’usine. »
Chargement des commentaires…