
L’inauguration du « bastion social » de Strasbourg est ce samedi 9 décembre à 15h. L’ouverture de ce bar associatif, nommé l’Arcadia, devrait se faire en présence de Steven Bissuel, le président du collectif néofasciste. Ce mouvement national lié à l’extrême-droite et identitaire a déjà ouvert des établissements à Lille, Lyon et en Meuse. Ils auraient pris possession d’un local au centre-ville de Strasbourg, la localisation reste secrète. Le Groupe union de défense (GUD) Strasbourg s’est dissous pour rejoindre le Bastion social.
Les signataires de l’appel à manifester
BAF Strasbourg, AFA Strasbourg, Solidaires Alsace, CNT STP 67, UD CGT 67, FSU 67, Collectif d’ailleurs nous sommes d’ici 67, Collectif Contre la Répression Alsace, Zin pour les femmes, Centre Démocratique du Peuple Kurde – Strasbourg, MJCF 67, UEC Strasbourg, NPA 67, OCL Strasbourg, OCML-VP, AG des étudiant.e.s en lutte – Strasbourg, CGT Mosaïque Action Sociale 67, Groupe Antifasciste Anticapitaliste Haut-Rhin, Front Social 67, Front Social 68, Jeunes La France Insoumise Strasbourg, Support Transgenre Strasbourg, La France Insoumise Strasbourg, ATTAC Strasbourg, EELV Strasbourg, Les Amis du peuple kurde en Alsace, Cercle Communiste d’Alsace, Collectif Vérité et Justice pour Hocine Bouras.
Le même jour, samedi 9 décembre à 15h, un contre-événement est lancé pour les antifascistes de différentes organisations. La Brigade antifasciste de Strasbourg (Baf) et l’AFA ont initié cette rencontre contre l’ouverture du bar, rejoints par nombres d’associations, de syndicats et de militants politiques. Le rendez-vous est donné rue du Faubourg national.
Face à face entre néofascistes et antifascistes
Sur le groupe facebook de l’événement pour la manifestation de samedi, il est écrit :
« Ne voulant plus se limiter à être un « club de ratonnade », le GUD essaye de sortir de sa situation groupusculaire. Comme le feu Bastion Social de Lyon, le bar identitaire La Citadelle à Lille, la Taverne de Thor dans la Meuse, sous couvert de récupérer la lutte contre la misère sociale et le mal-logement, les fascistes entendent surtout disposer d’un QG pour la préparation d’agressions. Devons-nous rappeler les violences quotidiennes dans le Vieux Lyon ? »
Pas d’affrontement souhaité
Mickaël est un étudiant strasbourgeois de 21 ans. Depuis un an, il est membre de la Baf, militant antifasciste. Lorsqu’il a appris l’ouverture de L’Arcadia, il n’a pas vraiment été surpris :
« Un membre du GUD à Strasbourg avait annoncé il y a longtemps : « quelque chose se prépare à Strasbourg, vous n’êtes pas prêt ». Steven Bissuel avait également annoncé dans une interview à la chaîne internet d’extrême droite TV libertés, qu’il préparait quelque chose en Alsace. À Lyon le GUD a été délaissé. Aujourd’hui je pense que ce groupe néofasciste souhaite sortir de la formation groupusculaire, pour attirer plus de monde et être plus visible. De base on s’imaginait des choses, on pensait plutôt à un congrès avec les groupes néo-fascistes européens, mais finalement c’est un bar qui devrait ouvrir. Disons que de base, ils squattaient déjà quelque part, les soirs de matchs on sait où les trouver. Ils sont dans un bar à l’arrêt de tram juste à côté du stade de la Meinau. »
« Un local néo-fasciste à Strasbourg, ce n’est pas rien »
Le parcours reste secret pour des raisons de sécurité. Tout devrait se faire dans le quartier gare, en dehors de la Grande-Île, sécurisée par des barrages filtrants à chaque pont. La manifestation devrait durer environ une heure. Pour Mickaël, c’est un moment important :
« On essaie de ramener de plus de monde possible. On essaie d’avoir un certain front uni contre le fascisme et surtout contre son installation dans la ville. L’objectif n’est pas de les rencontrer. C’est une manifestation populaire pour sensibiliser la population à ces questions là. Un local néo-fasciste à Strasbourg, ce n’est pas rien. Ces gens menacent la liberté de chacun, ils ont prouvé leur homophobie, leur racisme, etc. Il y a un danger, ce n’est pas un petit truc. »
Roland Ries condamne l’ouverture de L’Arcadia
Dans un communiqué publié jeudi matin, le maire de Strasbourg, Roland Ries, condamne « fermement l’idéologie de rejet qui sous-tend » l’ouverture de L’Arcadia.
« À l’heure où Strasbourg, capitale de Noël, est sous les feux des projecteurs et où plus de deux millions de visiteurs viennent s’imprégner des valeurs de partage et d’humanisme propres à notre ville, ce projet vient entacher notre image et va à l’encontre de notre vocation de capitale européenne des droits de l’homme. L’intitulé de « Bastion social » cache en effet une activité bien moins honorable que celle affichée, car il s’agit en vérité d’une démarche d’exclusion, comme en témoigne le slogan « Les nôtres avant les autres ».
Ma position est sans ambiguïté. La solidarité n’est pas une valeur compatible avec la discrimination. Il revient à l’ensemble de nos concitoyens de ne pas céder aux discours de haine. Je les invite à s’engager dans des démarches ouvertes à tous, sans exclusive. Cette attitude constructive est la meilleure réponse à une telle initiative. Je mets en garde contre les appels à la violence et j’en appelle plus que jamais à l’apaisement et au dialogue. »
Y aller
Non à l’ouverture d’un local fasciste à Strasbourg, samedi 9 décembre à 15h, rue du Faubourg national, à Strasbourg
Aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg: Des identitaires du « bastion social » ouvrent un bar associatif à Strasbourg
Sur Rue89 Lyon: À la manière des néofascistes italiens, le GUD ouvre un squat à Lyon
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