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Maïeul Rouquette (EELV) : « Le vote utile est une expression scandaleuse »

Béret vissé sur la tête et écussons EELV sur sa veste, Maïeul Rouquette tracte devant la gare de Strasbourg. Ce matin-là, il s’agit d’une distribution de flyers en vu du prochain meeting d’Eva Joly*. Le jeune homme s’engage dans sa première campagne et soutient à 200 % sa candidate aux lunettes rouges. 3ème volet de notre série de portraits de jeunes militants.

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Maïeul Rouquette, jeune Vert est un habitué du tractage. Il soutient Eva Joly, en meeting à Strasbourg le 14 mars 2012. (Photo L.D)

Maïeul est habituellement au rendez-vous du tractage sur les marchés le samedi matin, « plus propices au dialogue et à l’échange que lorsque les gens prennent un train ou se pressent pour se rendre à leur travail », remarque cet étudiant de 22 ans, en Histoire du christianisme à Strasbourg. Pour autant, son engagement est multiple. Associatif, solidaire, militant et politique. Originaire de la région parisienne, Maïeul reprend son engagement vert auprès des Jeunes écologistes Alsace lors de son arrivée à Strasbourg il y a deux ans.

Il se tient aussi au fait des activités de l’amicale des étudiants de sa fac, participe aux cercles de silence (organisés chaque 30 du mois place Kléber) en soutien aux sans-papiers. La tendance « geek » de Maïeul l’amène aussi à s’intéresser au développement de logiciels libres. Enfin, il consacre le temps qu’il trouve encore à la Jeunesse ouvrière chrétienne. Même s’il se dit parfois « sur les rotules », Maïeul a toujours tenu à « avoir des liens partout, c’est tactique. Pour emporter l’adhésion de ceux qui sont réticents, il faut occuper le terrain ».

« Je trouve le nucléaire aberrant »

Si les Jeunes Ecologistes constituent avant tout un mouvement de jeunesse plus qu’un parti, l’étudiant est en parallèle encarté à Europe Ecologie-Les Verts (EELV). Son engagement politique trouve ses racines au lycée. « C’était à l’époque du CPE en 2006. Combattre ce contrat, c’était une question de dignité. En même temps, dans le cadre de travaux personnels encadrés, j’ai travaillé sur le thème du nucléaire, que je qualifie d’aberrant », explique aujourd’hui le jeune militant. Cette période, Maïeul l’a vraiment vécue comme un déclic, même s’il a grandi dans une famille politisée.

Petit, il a, certes, suivi sa mère militante verte et chrétienne, impliquée dans la défense des sans-papiers et adepte des manifestations écolo à vélo, à Melun. Pourtant, c’est cette charnière du lycée qui a joué un rôle majeur dans l’engagement du jeune homme. Aujourd’hui, au sein des Jeunes écologistes Alsace, Maïeul explique que « s’engager apporte un enrichissement relationnel et humain et cela permet également de se former ». Il est maintenant briefé sur les aspects techniques et la gestion des réseaux sociaux, sur le nucléaire et les questions de laïcité.

« Je ne me présenterai pas spontanément à une élection »

« L’écolo aimerait avoir tort », répète Maïeul, qui se souvient d’une grande tristesse au moment de Fukushima et regrette que « l’on s’habitue au pire ». Au sein du mouvement Vert de jeunesse, il organise donc des actions de sensibilisation ponctuelles et bien visibles, comme des défilés colorés anti-nucléaires. Les Jeunes écologistes s’emparent de 2072 comme date symbole dans leur vision à long terme des conséquences des actions menées en 2012. Et c’est là qu’entre en jeu la notion d’écologie politique, que Maïeul Rouquette défend avec ferveur et conviction. Ou comment penser la reconversion écologique de l’économie et admettre que les choix publics ont une conséquence directe sur la planète.

A l’entendre défendre ce discours avec passion, on serait presque surpris d’apprendre que Maïeul n’a pas l’ambition de devenir candidat au niveau local. « Pour le moment, on ne me demande pas de me présenter et je ne le ferai pas spontanément », insiste le jeune homme. Pourtant, pour la bonne marche démocratique, Maïeul prône le non cumul des mandats et « puisque c’est mathématique, il faudra donc penser à un moment donné à un renouvellement ». A ce moment-là alors, il se souviendra sûrement de l’engagement de sa mère. Elue conseillère régionale Verte pendant six ans à la région Ile-de-France, elle a su dire non alors qu’on la sollicitait pour un deuxième mandat. « Car pour faire de la politique, il faut savoir ne pas faire que ça, sinon, on ne le fait pas forcément bien ».

Eva Joly ou « le vote juste »

Non cumul des mandats, éviter le discours du « tous pourris », réhabiliter la notion de conflit d’idées pour sortir d’un « consensus qui mène au désistement du politique »… Autant de réflexions de fond, défendues par ce jeune écologiste calme et réfléchi. Il irait même dans le sens d’une sixième République, et donc de nouveaux contours constitutionnels. Pour Maïeul, le cœur du calendrier électoral devrait se recentrer sur les législatives, dans l’optique d’une fonction présidentielle apaisée et allégée « pour se rapprocher du système allemand » [Ndlr, Malgré les démissions des deux derniers présidents allemands].

Eva Joly, candidate EELV reçoit pourtant la pleine adhésion de Maïeul. S’il a voté blanc au deuxième tour des primaires (« la politique fait aussi changer d’avis sur la personne… ») il soutient aujourd’hui la seule candidate « capable d’un réalisme politique ». « Les faits [nous] donnent raison », se justifie-t-il. « Eva Joly propose du concret, n’est pas dans la vocifération et en a encore sous le talon. Elle a été la seule candidate à présenter un contre budget crédible », ajoute l’étudiant. Pourtant, après les bons scores des Européennes de 2009 et même la formation d’une deuxième force politique en 2010 dans certaines régions, que penser du vote utile quand EELV comptabilise 2% d’intentions de vote ? Cette expression, qu’il considère comme « scandaleuse », irrite Maïeul, pour qui le vote utile est au contraire « celui qui change la société. C’est quand ça va mal qu’il faut se serrer les coudes » et, pour les législatives, le militant écologiste en est sûr, « ça sera autre chose ».

* Meeting d’Eva Joly à Strasbourg, le 14 mars 2012, à 20h au Palais des Fêtes.

La semaine prochaine, le portrait d’Olivier Garrecht, militant au Front National. A lire également dans cette série de portraits : Clémentine, militante socialiste, Meliké, militante UMP

 


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