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L’UMP alsacienne appelée à choisir Fillon, les militants partagés

D’habitude à l’UMP, c’est tous derrière le chef. Mais là, pour la première fois, il y a discussion. Qui sera le nouveau leader ? Jean-François Copé, François Fillon, ou bien encore Nathalie Kosciusko-Morizet, voire Bruno Le Maire ou même Xavier Bertrand ? Les militants bas-rhinois sont un peu perdus. Ils auraient voulu Nicolas Sarkozy. Heureusement, les élus UMP alsaciens indiquent la voix à suivre : ce sera Fillon. Et tant pis pour ceux qui à droite auraient aimé reproduire l’élan démocratique des élections primaires socialistes.

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Au bureau national de l'UMP, l'entente cordiale entre François Fillon (à g.) et Jean-François Copé ? (Photo UMP / FlickR / CC)

C’est Philippe Séguin qui a ouvert la désignation du président du parti de droite, à l’époque le RPR, au vote des militants pour la première fois en 1999. Depuis, l’UMP a conservé ce mode de désignation mais l’élection était toujours jouée d’avance : Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Xavier Bertrand, Jean-François Copé… n’avaient pas de réel adversaire lorsqu’ils ont brigué la direction du parti de droite. C’est assez normal, comme l’explique François Miclo, journaliste strasbourgeois à Tak.fr et membre du cabinet de Philippe Richert, président du Conseil régional :

« A droite, on est légitimistes, surtout en Alsace. On suit un chef naturel dans une tradition qui remonte au général de Gaulle pour la Ve République. Lorsque Jacques Chirac a fondé le RPR, c’était une machine destinée à le propulser président de la République et l’UMP a repris cette tradition. Pour la première fois, les militants UMP se retrouvent confrontés à devoir faire un choix entre deux candidats à la légitimité similaire. François Fillon parce qu’il a été le Premier ministre de Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé parce qu’il est secrétaire général… »

Du coup, les militants de l’UMP sont un peu perdus. Dans la fédération du Bas-Rhin, environ 3 000 adhérents, on pleure encore Nicolas Sarkozy. Beaucoup ne comprennent pas qu’il ne soit pas candidat, comme l’explique l’un d’eux :

« Notre leader naturel, c’est Nicolas Sarkozy. Il reste en retrait mais il est partout… Et on voit bien dans la campagne actuelle, parmi les candidats, c’est à celui qui sera le plus sarkozyste ! Alors Copé, Fillon… Tout ça ressemble trop à une primaire pour l’élection présidentielle. Tout se passe comme si on allait à nouveau faire l’impasse sur les scrutins locaux, alors qu’on devrait s’atteler à leur reconquête. »

D’autres militants sont plus optimistes. Pour certains, cette soudaine réalité du choix pourrait pousser l’UMP vers plus de démocratie interne, comme le pense Frédéric Huss :

« C’est vrai que les militants sont un peu déboussolés, on avait plutôt l’habitude de choisir nos responsables locaux. Mais si on regarde ce qui s’est passé à gauche, ça a bien fonctionné. Les élections primaires ont été assez violentes mais ils ont su se rassembler, se mobiliser et gagner les élections. Et à l’UMP, ce sera la même chose. C’est bien pour le mouvement, le parti a plus à gagner dans le débat plutôt qu’en l’étouffant et en devant gérer des rancœurs qui se traduisent en candidatures dissidentes ensuite. »

Pour un autre militant, cette élection ne provoquera pas de scission de l’UMP :

« On en discute quand on est entre nous, autour d’une table. D’après ce que j’ai pu voir, les discussions restent très calmes, tout se passe bien. Pour beaucoup, le choix est très difficile. Il faut dire qu’entre Copé et Fillon, les différences idéologiques n’ont rien à voir avec celles qui existent entre Benoit Hamon et Manuel Valls par exemple. »

Le risque de l’éclatement

La question de l’éclatement revient périodiquement dans le débat. L’UMP étant un grand parti, qui s’est fondé grâce à une bonne partie de l’UDF, l’ancien parti centriste, il est constamment tiraillé entre ses sensibilités extrêmes. Certains prédisaient l’éclatement de l’UMP après la défaite des élections législatives, d’autres pensent que ces élections internes pourraient fissurer son unité. Robert Grossmann, conseiller municipal UMP d’opposition à Strasbourg est de ceux là :

« Certes le PS a su retrouver l’unité après les élections primaires, mais les socialistes avaient la perspective du gouvernement. C’est quand même plus simple pour apaiser les tensions… car une campagne laisse forcément des traces. Beaucoup de gens sont mal à l’aise avec cette consultation interne. Il est très difficile de faire un choix. Moi même, qui suis un gaulliste-social, je ne vois aucun candidat représentant ma sensibilité. On a encore du temps pour que les programmes soient précisés. Donc j’attends, et j’espère que la campagne ne va pas déraper. »

Autre conseillers municipaux d’opposition, Jean-Emmanuel Robert et Fabienne Keller ont aussi déclaré qu’ils attendraient avant de faire connaître à qui ils destinent leur parrainage. Chaque candidat doit en réunir pas loin de 8 000 dans 10 fédérations différentes pour pouvoir se présenter. Un système archaïque selon certains, comme Robert Grossmann ou Jean-Emmanuel Robert, qui plaident pour que l’UMP rénove son fonctionnement : pas de cumul des mandats, plus de démocratie interne, plus de transparence, plus d’investitures décidées à Paris, etc.

En Alsace, c’est Fillon

Pour Martine Calderoli-Lotz, qui avait présenté une candidature dissidente lors des élections législatives de 2007, il ne faut pas trop attendre de ce scrutin :

« J’ai choisi Fillon parce que je l’apprécie depuis longtemps, ce sera le meilleur candidat pour la droite en 2017. Mais sur la rénovation de l’UMP, on peut toujours rêver ! Les lourdeurs et les habitudes sont telles que je doute qu’il y ait un changement dans les investitures notamment. Trop peu de gens savent vraiment comment ça se passe dans un parti politique. »

Président de l’UMP du Bas-Rhin et sénateur, André Reichardt s’interdit d’annoncer sa préférence, mais il souligne :

« Moi, j’applique des statuts. Pour une démocratisation, on verra bien mais les investitures aux élections cantonales sont déjà si difficiles… Rien ne dit qu’une consultation des militants aux élections législatives réglerait les rancœurs et les dissidences. Dans cette élection, il faut se poser la question : qui sera le président le plus rassembleur ? Je note  le retour des chapelles et des courants au sein de l’UMP depuis que Jean-François Copé est secrétaire général. C’est dommage car l’union avait pris, on se rapprochait d’un grand parti de droite, comme la CDU allemande. »

Philippe Richert, président du conseil régional et sénateur UMP, est plus direct :

« Rien ne serait pire que de se livrer à une opposition stérile aux socialistes. Pour ma part, je veux que l’alternance soit utile au pays, je porterai une opposition constructive au Parlement. Et je crois que François Fillon est plus à même de porter cette opposition que Jean-François Copé. Il a plus de hauteur. J’ai partagé mon analyse avec les militants de l’UMP dans une lettre et nous allons conduire avec de nombreux élus alsacien un comité de parrainages pour François Fillon. »

Dans ce comité, sont annoncés l’ancien député Yves Bur et la nouvelle députée de la 4e circonscription Sophie Rorhfritsch, les présidents des conseils généraux Guy-Dominique Kennel et Charles Buttner, le maire de Colmar Gilbert Meyer et celui de Mulhouse, Jean Rottner et d’autres élus régionaux de premier plan de l’UMP… Les soutiens des autres candidats par contre se comptent sur les doigts d’une main : André Schneider, député de la 3e circonscription, roule pour Jean-François Copé et Antoine Herth, député de la cinquième circonscription, pour Bruno Le Maire.


#Alsace

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