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Louise Fève, de la CGT cheminots : « Seuls, nous n’arriverons pas à faire reculer le gouvernement »

Au quatrième jour de grève des cheminots strasbourgeois contre la réforme des retraites, les membres du syndicat CGT se félicitent des nombreux soutiens de leur mobilisation. Ils espèrent néanmoins que la grève s’étendra à d’autres secteurs au niveau local.

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Aucun TER en circulation le mardi 7 mars. Puis un quart des TER en circulation en Alsace entre le mercredi 8 et le vendredi 10 mars. À Strasbourg, la contrôleuse et déléguée du personnel CGT Louise Fève se félicite d’une « grève suivie » parmi les cheminots alsaciens. Toutes professions confondues, la direction des lignes TER Alsace a constaté un taux de gréviste de 38% au départ de la grève reconductible appelée par l’intersyndicale pour pousser le gouvernement à retirer son projet de réforme des retraites. Aiguilleur et membre du comité de grève, le cégétiste Clément Soubise est aussi enthousiaste :

« Depuis mon arrivée à la SNCF en 2015, je n’ai jamais connu une telle participation à la grève et aux manifestations. Le 19 janvier, plus d’une centaine de personnes ont participé au cortège des cheminots. »

De gauche à droite : Maxime Kieffer, Louise Fève, Christelle, contrôleuse contractuelle, Mehdi, salarié du sous-traitant Newrest, et Clément Soubise. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg /cc

« Les collègues demandent où sont les autres grévistes ? »

Mais si la mobilisation est forte et la grève reconduite jusqu’au lundi 13 mars (l’Assemblée générale décide chaque jour de la poursuite du mouvement pour le lendemain), les cheminots craignent d’être isolés dans la grève. Interview de Louise Fève, Clément Soubise et Maxime Kieffer, secrétaire général du syndicat CGT cheminots Strasbourg.

Rue89 Strasbourg : Au quatrième jour de grève, quel est l’état d’esprit des cheminots mobilisés ?

Louise Fève : Lors de l’assemblée générale du vendredi 10 mars, nous avons justement évoqué le moral des troupes. Plusieurs collègues ont demandé « où sont les autres grévistes ? ». Ils espèrent ne pas être les seuls mobilisés dans la grève reconductible.

Il y a une attente de voir des signaux de mobilisation d’autres entreprises. C’est normal, la grève c’est aussi une question de moral. C’est pour ça qu’on mène des opérations de tractage, pour sensibiliser les voyageurs sur la réforme des retraites et appeler à participer à la manifestation. C’est aussi dans ces moments qu’on est encouragé à maintenir la mobilisation. Et puis en manifestation, on entend des dizaines de personnes nous dire « Heureusement que vous êtes là. » Mais c’est certain que les cheminots ne veulent pas être seuls. Car seuls, on n’arrivera pas à faire reculer le gouvernement.

« Continuer de se mobiliser pour faire converger les luttes »

Maxime Kieffer : Oui, il y a des doutes sur cette grève générale mais on est clairement pas les seuls mobilisés. Ailleurs en France, le secteur automobile, les dockers et les enseignants sont aussi entrés en grève. Donc on est loin d’être résigné.

En manifestation, on a vu des salariés d’entreprises privées qui n’avaient jamais fait grève. Il y a une vraie contestation de ce projet, par l’immense majorité de la population, il faut maintenant continuer de se mobiliser pour faire converger les luttes.

Quel est votre regard sur la mobilisation au niveau local ?

Clément Soubise : J’éprouve beaucoup d’enthousiasme face à la solidité du mouvement chez nous. Bien sûr, tout le monde n’est pas en grève reconductible localement. Mais lors de la dernière manifestation, j’ai rencontré des salariés du secteur du BTP, où il est plus difficile de se mobiliser. Et pourtant, ils étaient une petite équipe à manifester et faire grève pour la première fois. Ils étaient prêts à convaincre leurs collègues de se joindre à la lutte. Cela témoigne d’un enracinement profond de la contestation. C’est ce que je choisis de voir.

Pour rappel, lors du dernier mouvement social comparable à la SNCF, en 2019, nous avons fait deux mois de grève sans aucun autre secteur en grève reconduite en Alsace. Ce premier projet de réforme des retraites avait quand même fini par être retiré.

« Le meilleur moyen de nous soutenir, c’est de faire grève »

La mobilisation actuelle suffira-t-elle à mettre fin à ce projet de réforme des retraites ?

Louise Fève : Seules des grèves étendues, notamment au secteur privé, pousseront le patronat à demander au gouvernement de renoncer à sa réforme. C’est pour cela que nous sommes attentifs à ce qui se passe dans les entreprises.

Maxime Kieffer : Il faut se mobiliser au plus proche du terrain, c’est à dire auprès des travailleurs, dans les entreprises. Il faut absolument convertir ce soutien à la grève des cheminots en participation à la grève.

Comment soutenir les cheminots en grève ?

Louise Fève : Retrouvez nous en manifestation intersyndicale samedi 11 mars à 10h30 au départ de la place de la gare de Strasbourg. Nous n’avons pas mis en place de caisse de grève, parce qu’à Strasbourg comme à Mulhouse, le meilleur moyen de nous soutenir c’est de faire grève avec nous.


#cheminots

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