L’enveloppe allouée au cabinet CoManaging pour interroger les Alsaciens sur leur région et en tirer une marque était de 350 000€. Le résultat a été une marque partagée, autour d’un A-Coeur en forme de bretzel, on aime ou pas, dévoilée le 30 mars. Mais pour les socialistes qui forment l’opposition au Conseil régional, cette marque coûtera bien plus cher que ça au contribuable alsacien. Selon leurs calculs, le Conseil régional devra débourser environ 2 millions d’euros.
Comment en sont-ils arrivés à cette somme ? D’abord, les socialistes, emmenés par Pernelle Richardot, ont ajouté à la facture de CoManaging les deux avenants qui ont été votés en août 2011 et mars 2012 par la commission d’appel d’offre. Le premier rallonge la dotation de CoManaging de 36 783, 54 € (TVA comprise) et correspond à des entretiens supplémentaires pour la première tranche conditionnelle du marché, qui concerne la « conception d’une stratégie d’attractivité et de marque pour l’Alsace ». Le deuxième avenant, aussi en faveur de CoManaging, est de 23 920 € et correspond à des « corrections importantes apportées dans le guide de marque. Selon ces calculs, le total du montant déboursé par la Région à CoManaging serait donc de 411 095€.
Le coût du déploiement : plus d’un million d’euros
Les socialistes ajoutent ensuite le coût de la soirée de lancement du 30 mars. Selon leurs estimations, cette soirée a coûté au moins 100 000€. Le président du Conseil régional leur a répondu en séance ce vendredi matin que la soirée n’avait coûté que 50 000€, car elle a été organisée directement par les service de la Région. En l’espèce, ni les socialistes ni la Région n’ont fourni de document permettant de déterminer avec précision le prix de cette soirée.
Des « aides au déploiement » de la marque Alsace ont été prévues, elles sont de 500€ à 2000€ pour les entreprises alsaciennes qui souhaiteraient modifier leur communication future en intégrant le code partagé de la marque Alsace. Pour cette aide réservée aux 200 premières entreprises demandeuses, le Conseil régional a provisionné une somme de 200 000€. Les socialistes ajoutent eux 400 000€ à la somme globale.
Mais surtout, le Conseil régional voudrait s’offrir un domaine de premier niveau sur Internet, c’est à dire l’extension « .alsace » dans les adresses des sites web (par exemple: www.conseil-regional.alsace). Cette possibilité a récemment été offerte par l’Icann, l’organisme de régulation technique de l’Internet mondial, mais revient très cher car il faut mettre en place une architecture réseau très solide, capable de recevoir et traiter les requêtes en provenance de serveurs éparpillés dans le monde.
Les différents frais de cette procédure (candidature, études, architecture…) sont évalués à 274 114,32€ ainsi qu’une provision de 790 000€ pour les dix futures années de fonctionnement du .alsace. Les socialistes arrivent donc à un total de 1 975 29,98€.
Philippe Richert, président du Conseil régional, conteste ces calculs, indiquant notamment qu’il convient de séparer les coûts de création de la marque Alsace des coûts de déploiement et de développement :
« Les socialistes essaient de se faire mousser en alignant des millions d’euros, mais ce n’est pas la réalité. Le coût de la marque, c’est l’étude de CoManaging. Point. Quant au .alsace, il s’agit d’une stratégie de préemption du nom de notre région, qui n’est pas lié directement à la marque. Mais on ne pouvait pas prendre le risque qu’un autre organisme ne s’approprie le nom de notre région. On nous l’aurait tout autant reproché si nous ne l’avions pas fait. Par ailleurs, il y a un modèle économique derrière cette démarche, qui peut déboucher sur des recettes pour la future structure qui gérera la marque. »
Au final, le coût de la marque Alsace se décompose donc ainsi: 411 095€ pour la création et entre 200 et 474 000€ pour son déploiement si on intègre ou non le domaine .alsace. Pernelle Richardot indique que la marque Strasbourg Europtimist a coûté 26 000€. Oui mais combien la ville va débourser pour le .strasbourg ?
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