En janvier 2010, quelques personnes investissent une maison inhabitée alors depuis onze années, située juste derrière les bains municipaux de Strasbourg, au 18 rue Prechter. Ces premiers « squatteurs » sont des personnes sans domicile ainsi que des travailleurs sociaux, dont certains ont élu domicile dans cette bâtisse de 1555, aujourd’hui appelée la Maison Mimir.
Leur but était alors d’aménager un lieu social autogéré et d’en faire un endroit habitable, de rencontre et de création artistique. Petit à petit, plusieurs centaines de personnes ont rejoint le projet en donnant de leur temps ou en participant aux activités. Avant la fermeture en septembre 2015, ils étaient plus de 2 000, chaque année, à franchir la porte de la Maison Mimir.
En 2013, l’occupation devient légale lorsqu’un un bail emphytéotique est signé avec la mairie. Les « Mimiriens » (ndlr : ceux qui fréquentent et/ou font vivre la Maison Mimir) pourront garder leur maison durant vingt ans, jusqu’en 2033, contre 300 euros en tout et pour tout.
Mais à la mi-2015, la police constate que les normes de sécurité ne sont pas respectées et que de l’alcool y est vendu, ce qui n’était pas prévu. Les occupants prennent la décision de fermer pour un an, le temps de prendre du recul pour mieux revenir. Ce retour ne pourra se faire qu’une fois les travaux réalisés. Pour l’un d’eux, c’est vital :
« On a toujours dit que c’était « prix libre » ici, les gens donnaient ce qu’ils voulaient. Là on a besoin de cet argent pour avancer, faire les travaux nécessaires pour la réouverture de la Maison Mimir. »
« Aujourd’hui, Mimir a 6 ans. Elle a appris à parler et peut vous demander de l’argent »
Outre les quelques faits anodins reprochés à l’association, c’est le bâtiment lui-même qui est pointé du doigt. En effet, s’il veut pouvoir accueillir du public, il doit être, entre autres, aux normes qui incombent à ces lieux : les normes ERP (établissements recevant du public).
Pour ce faire, les membres de Mimir travaillent en collaboration avec l’Atelier NA et ont d’ores et déjà complètement vidé la maison pour y débuter les travaux. Pour l’architecte – qui a souhaité garder l’anonymat – ce n’est pas une mince affaire :
« Il y a 320 m² de superficie, c’est énorme. Il faut tout refaire et surtout, le moins cher possible. On fait tout nous-mêmes ou alors, lorsqu’on a besoin d’artisans, ce sont des personnes qui nous aident bénévolement mais on essaie de réduire les coûts au La première chose à faire, c’est la mise aux normes ERP du rez-de-chaussée et de la salle à l’extérieur pour pouvoir rouvrir. La sécurité en cas d’incendie, l’accessibilité, l’isolation… Tout le monde a un discours écolo, et là on veut le concrétiser et faire une maison passive, qui consomme très peu d’énergie. »
Un financement participatif de 7 000 à 100 000 euros
Pour financer ce projet, l’association a lancé une campagne de financement participatif (ou crowdfunding en anglais) sur internet. En parallèle, chacun peut apporter à la Maison Mimir des matériaux utiles aux travaux, comme l’explique une Mimirienne :
« On a lancé une collecte de bouchons de liège pour l’isolation, on en a déjà un peu mais ils nous en manque encore beaucoup. Il y a la campagne de financement participatif aussi qui est importante. Aujourd’hui, Mimir a 6 ans. Elle a appris à parler et peut donc demander de l’argent. »
Sur le site de financement participatif Ulule, la Maison Mimir présente son projet, son histoire. Chacun peut y participer en offrant la somme qu’il souhaite, ou des bouchons en liège. Huit paliers dans les travaux ont été prévus : dès 7 000€ collectés, le lieu pourra rouvrir.
Avec 70 000€, la maison sera entièrement rénovée. Mieux, avec 100 000€, les Mimiriens envisagent de refaire tout le bâtiment à neuf, avant d’ouvrir un nouveau lieu. « On peut toujours rêver » ont inscrit les porteurs du projet à côté de ce palier.
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