Lors de sa dernière visite à Strasbourg le 26 avril, Emmanuel Macron s’est livré à un bel exercice du « en même temps » dont il est coutumier. Interrogé sur le feuilleton de la sortie de l’Alsace du Grand Est, il s’est présenté comme opposé à une réforme institutionnelle mais il a proposé à Frédéric Bierry, président de la Collectivité d’Alsace et porteur de ce projet de sortie, d’en reparler. Un flou qui a évidemment relancé le sujet, pour le plus grand plaisir de Frédéric Bierry et des régionalistes.
Pourtant, révèle France Bleu Alsace, une trentaine des principaux maires du Grand Est, dont sept alsaciens, avaient pris les devants. Ils avaient écrit la veille de son déplacement au président de la République pour lui rappeler qu’une « nouvelle modification de l’organisation territoriale serait incompréhensible, contre-productive et irrespectueuse du travail entrepris par le plus grand nombre depuis 2016 (année de fusion des collectivités régionales d’Alsace, de Lorraine et de Champagne-Ardenne, NDLR) ».
Pour ces maires des plus grandes villes du Grand Est et d’Alsace, « la Région Grand Est a trouvé sa place aux côtés des autres collectivités territoriales. Son émergence et son influence n’ont, en rien, affecté les identités locales. Bien au contraire, les soutiens régionaux en investissement n’ont jamais été aussi importants. »
Un nouveau front d’Alsaciens pour la Région Grand Est
Sept maires alsaciens figurent parmi les signataires, dont Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg, Pia Imbs, maire de Holtzheim et présidente de l’Eurométropole, ce qui n’est pas une surprise. En revanche, d’autres maires alsaciens expriment ainsi une nette opposition au projet porté par Frédéric Bierry : Michèle Lutz, maire de Mulhouse, Stéphane Leyenberger, maire de Saverne et Gilles Frémiot, maire de Heidwiller. D’autres sont vice-présidents de la Région Grand Est comme Bernard Fischer, maire d’Obernai et Claude Sturni, maire de Haguenau.
La publication de cette lettre rend visible l’existence d’une opposition politique à la sortie de l’Alsace du Grand Est. Jusqu’à présent, les élus qui étaient opposés au projet de Frédéric Bierry se contentaient de se taire à chaque irruption du débat dans la sphère publique. Un silence qui permettait au président de la Collectivité d’Alsace de poursuivre ce dossier sans opposition, en se prévalant d’un large soutien des élus et des Alsaciens d’une manière générale.
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