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L’État renonce à extraire les déchets dangereux de Stocamine

L’État choisit de ne pas prendre le risque de remonter les déchets dangereux de Stocamine, enfouis au fond des anciennes mines de potasse à Wittelsheim. Le gouvernement met en avant des questions de sécurité et… de coût. Les élus alsaciens dénoncent une décision précipitée, prise sans concertation.

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L’État a indiqué avoir choisi de ne pas retirer les déchets dangereux enfouis au fond des anciennes mines de potasse à Wittelsheim, près de Mulhouse. Ces mines avaient été reconverties en centre d’enfouissement des déchets ultimes en 1999, Stocamine. Mais le centre a été fermé en urgence en 2002 à la suite d’un incendie. Depuis, la question de l’avenir de ces 40 000 tonnes de déchets stockés à 600 mètres sous terre, dont certains éléments se retrouvent dans la nappe phréatique d’Alsace, est régulièrement posée.

Selon l’État, une expertise indépendante et internationale conclut que le déstockage n’est possible qu’avec l’aide « des techniques les plus pointues au niveau mondial, complètement différentes de celles utilisées jusqu’alors par l’exploitant MDPA, » que la réalisation du confinement prévu, peut être menée en partie en parallèle d’un déstockage, que les déchets non solubles (amiante…) n’ont pas d’impact sur la nappe et que l’impact des déchets solubles, en cas de défaillance du confinement, apparaîtrait dans 600 à 1 000 ans avec un effet qui resterait alors très limité. »

Pour François de Rugy, ministre de l’Environnement, retirer ces déchets serait donc trop cher, trop compliqué, risqué et guère utile :

« Au regard des éléments ci-dessus, la poursuite du déstockage présenterait donc des risques qui apparaissent plus graves que la poursuite du confinement déjà prévu, sans être assurée d’être menée à bien. Ainsi, compte tenu des enjeux, de la balance des risques, et de l’investissement technique important nécessaire à un déstockage supplémentaire dans de bonnes conditions, l’Etat a choisi de poursuivre le chantier de confinement des déchets restants, en s’entourant de toutes les garanties en termes de protection de la nappe phréatique. »

Bigbag de déchets dans une galerie de stockage à 500 mètres sous terre. (Photo Pascal Bastien / Divergence)

Selon le préfet du Haut-Rhin, l’état actuel du confinement permet « de garantir un niveau élevé de protection de l’environnement et de la ressource en eau avec un déstockage déjà réalisé de près de 95% du mercure parmi les déchets enfouis, la réalisation d’un confinement des déchets restant au fond, selon les meilleures techniques internationales et la mise en place de mesures supplémentaires (galerie de contournement, zone drainante…).

« Une décision incompréhensible »

Cette décision indigne les élus alsaciens, qui ont tous oeuvré depuis des années pour certains en faveur d’un déstockage. Jean Rottner, président (LR) de la Région Grand-Est et ancien maire de Mulhouse, juge « incompréhensible cette décision » dans un communiqué publié immédiatement après l’annonce :

« Seize ans après l’arrêt du stockage des déchets dangereux dans le sous-sol haut-rhinois, et après de nombreuses études, d’une enquête publique, de recours juridiques, notamment de la Région Grand Est, mais aussi d’une inquiétude réelle des habitants, des associations et des élus locaux, une décision définitive dans ce dossier sensible était très attendue. Aussi, la décision du Ministre de la Transition Ecologique et solidaire intervenue durant ce week-end, est non seulement très surprenante mais surtout incompréhensible et inacceptable. Elle va à l’encontre de toute logique environnementale. Elle va à l’encontre des attentes des populations et des acteurs locaux. Elle va à l’encontre de l’avenir de la nappe phréatique alsacienne. Elle va à l’encontre de l’indépendance de la justice qui ne s’est pas encore prononcée sur le recours de la Région Grand Est. »

Un rapport parlementaire préconisait l’évacuation de ces déchets dangereux, notamment pour des questions environnementales. L’un des coauteurs du rapport, Bruno Fuchs, député (LREM) du Haut-Rhin a condamné « sans réserve » cette décision :

Deuxième auteur du rapport et également député du Haut-Rhin, Raphaël Schellenberger (LR), s’est aussi indigné :

Seul Vincent Thiébaut, député (LREM) du Bas-Rhin et président de la commission d’enquête, se félicite de cette décision et approuve la décision du gouvernement dans un communiqué :

« Il apparaît néanmoins que le scénario du déstockage total présenterait des risques plus importants et plus graves qu’une poursuite du confinement. Il présente notamment des risques forts pour les travailleurs au fond, et des risques importants pour l’environnement immédiat du site. »

Une enquête de Rue89 Strasbourg indiquait pourtant que les conditions de sécurité pour les travailleurs au fond de Stocamine pouvaient être garanties, et qu’un déstockage sûr était avant tout une question de moyens.


#déchets

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