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Les habitants de la rue du Parc se mobilisent contre la construction d’un ensemble immobilier

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La maison au 12 de la rue du Parc est protégée, car remarquable. Mais le jardin lui… (Photo EJ)

Décidément les dossiers d’urbanisme sont toujours chauds à la Robertsau. Les habitants de la rue du Parc manifestent actuellement leur opposition à un projet du promoteur immobilier Greenstone, au numéro 12 de la rue du Parc.

L’acquisition par un promoteur immobilier d’une maison cossue et de son terrain rue du Parc à la Robertsau provoque la mobilisation d’une partie des résidents. Stéphane Meyer, animateur de cette mobilisation et habitant de la rue du Parc, en explique les raisons :

« C’est une rue de maisons du début du XXème siècle d’une très grande cohérence puisque toutes les maisons ont une architecture similaire, un jardin, et qu’au surplus toutes les maisons coté pair, et plusieurs coté impair sont du même architecte à savoir Gustave Oberthur, célèbre par ses réalisations à Strasbourg. Malheureusement cette cohérence risque d’être totalement détruite par un projet immobilier qui consiste à rajouter un bâtiment sans aucun rapport avec l’existant. »

Les habitants ont d’ailleurs toujours essayé, par un système de cooptation d’éloigner les projets immobiliers, et de privilégier les personnes qui souhaitaient conserver les maisons telles quelles.

En 2012, après de décès de la propriétaire du n°12, ils sentent que leurs petits arrangements ne fonctionneront pas cette fois-ci. En effet, les héritiers vendent une partie du terrain à promoteur immobilier, Greenstone qui y prévoit un petit immeuble de huit appartements appelé « Jardin Secret ». Philippe Godin, gérant de Greenstone, dément toute atteinte à la maison de la rue du Parc :

« Les propriétaires, qui ont été contactés par de nombreuses personnes et sociétés, ont choisi notre projet, notamment parce que nous étions les seuls à préserver la maison. »

La maison du numéro 12 et son jardin dans lequel est prévu un projet immobilier Photo EJ

Une rencontre est organisé le 14 mai 2012, avec le collectif d’habitants de la rue et Alain Jund, l’adjoint à l’urbanisme, ainsi que l’adjointe de quartier Nicole Dreyer et le directeur des services.

Selon Stéphane Meyer, la Ville va exercer son droit de préemption sur la vente :

« Les responsables municipaux présents à la réunion ont indiqué aux 3 propriétaires que le caractère remarquable de la demeure s’opposerait à la délivrance d’un permis de construire et justifiait une mesure de protection qui serait insérée dans les nouveaux documents d’urbanisme. »

Couac municipal ?

Pour les habitants, l’affaire est entendue, ce projet de se fera pas. Nicole Dreyer confirme quelques jours plus tard par courriel :

« Nous avons décidé avec le maire, que cet ensemble présente effectivement un réel intérêt architectural et paysager et qu’il mérite d’être protégé à ce titre. Cet intérêt a d’ailleurs été mis en évidence par les études préalables menées dans le cadre de l’élaboration du futur PLU communautaire et une trame devrait être inscrite dans ce futur document pour assurer la protection de cet ensemble et préserver son caractère particulier et homogène. »

Aussi, ils sont surpris de voir début juin 2013, un panneau avec un permis de construire. Adjoint au maire en charge de l’urbanisme, Alain Jund explique ce revirement de la Ville :

« J’ai toujours été très attentif à respecter la dimension patrimoniale, mais il n’est pas question de figer la ville et d’empêcher toute évolution. A partir du moment où la maison est conservée au n° 12, et que le nouveau bâtiment vient s’y accoler, il n’y aucune raison de ne pas accorder le permis de construire. »

De son côté, Philippe Godin affirme que son projet (730 m², 2 étages avec combles) n’est pas plus haut que l’actuelle maison :

« Nous avons travaillé avec la police du bâtiment. On ne peut pas s’opposer à la construction d’un immeuble sur ce terrain privé et le projet respecte l’ensemble des règles d’urbanisme. L’argument patrimonial ne tient pas, car si on se place dans la rue, et que l’on regarde autour de soit, il y a des éléments architecturaux totalement hétéroclites. »

Les premières esquisses du projet de Greenstone : Jardin secret 3. (Document Greenstone)

Les habitants qui étaient opposés à ce projet estiment avoir été trompés. Ils se mobilisent à nouveau et envoient au maire de Strasbourg des recours gracieux. Stéphane Meyer :

« Il y a unanimité des habitants contre ce projet, puisque chaque maison habitée dans la rue a envoyé un recours gracieux et en plus des recours des propriétaires concernés de la rue Adler. »

Les habitants vont profiter de la rentrée pour continuer leur mobilisation particulièrement vis à vis des parents de l’école de la Robertsau avec des pétitions.

La rue du Parc (Photo EJ)

On doit à Gustave Oberthur notamment le lycée de Pontonniers, l’église et le presbytère St Sauveur à Cronenbourg, le 4 de la rue de la Haute Montée, la capitainerie du Port du Rhin, le siège de Gaz de Strasbourg, l’hotel de la maison rouge, le siège de la CTS, de nombreuses maisons particulières à la Robertsau et au Wacken.


#Robertsau

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