Souvenons-nous. Entre mai et juin 2010, les Strasbourgeois avaient été invités à donner leurs opinions et leurs souhaits concernant la rénovation de la place du Château. Les 6 800 m² de la place allaient devenir piétons. L’espace est fermé au public depuis la fin du mois de mars et les travaux ont mis au jour des vestiges. Depuis le mois de juillet, l’Institut national des recherches archéologiques préventives (Inrap) est sur le site pour partir à la découverte de ces trésors enfouis sous plusieurs mètres de profondeur, au pied de la Cathédrale Notre-Dame.
Plusieurs strates morcellent les fouilles. La première couche accumule des éléments datant de la construction de la cathédrale, commencée en 1180 et terminée en 1437. Grès rose, céramique, éclats de vitraux… la place du Château servait à l’époque à évacuer le déblais des artisans. Lors de ces découvertes, les archéologues ont saisi l’opportunité de se trouver à quelques dizaines de mètres de la Fondation de l’Oeuvre Notre-Dame pour inviter les tailleurs à venir certifier que ces « déchets » étaient bien des traces de la construction de la Cathédrale. Des comparaisons ont été faites, pas de doute, les morceaux retrouvés montrent bien les « stigmates » marqués par des outils que l’on employait au Moyen-Âge.
Un four à chaux extrait la semaine dernière
L’un des éléments les plus intéressants découverts à ce jour est un four à chaux, tout juste extrait de terre la semaine dernière. La datation estime que ce four existe depuis le VIIIe siècle, mais la date pourrait remonter jusqu’à l’Antiquité tardive. Ce four à chaux, dont la taille (7 mètres de diamètre) laisse à supposer qu’il a servi à construire un grand bâtiment, pourrait certifier la présence d’une ancienne cathédrale fondée à cet endroit. Des textes évoquaient la construction d’une cathédrale, commandée par l’évêque Saint Arbogast de Strasbourg, à la fin du VIIème siècle. Mais aucun vestige n’avait été découvert.
Heidi Cicutta est la personne qui surveille les fouilles. Elle est encore surprise des merveilles extraites par l’Inrap :
« Quand les vestiges ont été découverts, l’Etat a lancé un appel pour trouver des archéologues. Nous sommes ravis d’avoir été choisis. C’est en soi formidable de travailler au pied de la Cathédrale. Et en terme d’informations, les fouilles sont aussi inédites. Mais c’est quand même un travail oppressant puisqu’il faut avoir terminé les recherches à la fin du mois de septembre pour laisser place au chantier de rénovation. »
Parmi les autres éléments sortis de terre figure un morceau d’architecture propre à la construction d’un aqueduc. Étrange. Les fouilles ont aussi sorti de terre une plaque peinte sur laquelle six lignes de graffitis latins ont été gravées. Cette plaque, d’époque pompéienne, suppose la présence d’une habitation occupée par un très riche propriétaire. Elle a été envoyée à Metz pour obtenir d’un graphologue toutes les informations qu’elle recueille. Bernadette Schnitzler, directrice du Musée archéologique de Strasbourg, s’imagine déjà exposer cette plaque dans les vitrines de son établissement.
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