Des étudiants ont bloqué 3 bâtiments universitaires pour « permettre aux autres de se mobiliser contre la réforme des retraites » le jeudi 12 décembre. Vers 12h30, ils n’en bloquaient plus qu’un, celui du Patio, et ils s’apprêtaient à partir dans l’heure pour rejoindre la manifestation syndicale prévue à 14h place de la Bourse. D’après 3 témoignages (2 étudiants bloqueurs et un étudiant qui a constaté les faits mais qui ne faisait pas partie des bloqueurs) « anonymes de peur des représailles », 15 militants de l’Action Française, une organisation politique royaliste, ont provoqué une altercation. Une vidéo a été prise pendant les faits.
Ceux-ci se sont dirigés vers les portes du Patio pour débloquer le bâtiment, et ont porté des coups aux étudiants qui se sont interposés. Ces derniers se sont défendus, notamment à l’aide d’une gazeuse qui appartenait à une personne qui la porte « en cas d’agression dans la rue. » Les agents de la société de sécurité du campus se sont interposés et ont obligé les militants de l’Action Française à sortir du campus. Une étudiante bloqueuse témoigne :
« Ils ont crié « Action française » au début. Certains étaient cagoulés. C’était très violent, beaucoup d’étudiants sont choqués. Ils n’ont pas hésité à nous frapper au visage. »
7 jours d’ITT pour une des personnes agressées
Trois personnes se plaignent de douleurs au visage. L’une d’entre elles est allée au service médical de l’université pour réaliser un certificat. « La durée d’incapacité totale de travail est de 7 jours à compter de la date des faits, sous réserve de complications. »
Le soir même, les militants de l’Action Française ont revendiqué « le déblocage » sur leur page Facebook, à travers un communiqué :
« Nous avons débattu jusqu’à ce que la sécurité de l’université nous demande de sortir. Cette dernière étant également quotidiennement menacée par les forces d’extrême-gauche, nous avons obtempéré, en soutien. »
« En fait, quant tu milites pour tes droits sur le campus de Strasbourg, tu n’es pas en sécurité » s’indigne un étudiant qui faisait partie des bloqueurs. Dans un communiqué de presse, l’intersyndicale de l’Université de Strasbourg appelle la présidence de l’Université à porter plainte :
« Les valeurs qu’incarne “L’Université résistante de Strasbourg” ne sauraient souffrir plus longtemps que l’Université par la voix de son président mette sur un même plan les actions conduites par des étudiants engagés dans le mouvement social contre la réforme des retraites, et les violences physiques préméditées en bande organisée commises par un groupuscule, dont le seul nom rappelle les heures les plus sombres de notre histoire. Nous lui demandons instamment d’engager toutes les démarches administratives et judiciaires utiles, qui seules permettront d’établir les faits, de sanctionner les auteurs de cette agression et de prévenir que de tels actes ne se reproduisent dans notre université. »
La présidence : « Non à la violence sur les campus »
Dans la journée de vendredi, le président de l’Université Michel Deneken a réagi par un communiqué titré « Non à la violence sur les campus » :
« Je condamne cette expédition punitive avec la plus grande force. Nul ne saurait s’arroger le droit de quelque recours à la force que ce soit en dehors des lois de la République. Les étudiants victimes de cette exaction qui portent plainte doivent savoir qu’ils ont le soutien de la présidence de l’université. Comme président je suis le garant de la liberté de tous et de chacun sur le campus de l’université. Cette liberté est notamment celle de débattre. »
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