Depuis lundi 15 février, 70 des 115 conducteurs de bus de Keolis Striebig, une entreprise régionale de transports en commun, sont en grève dans les dépôts de bus d’Illkirch, de Molsheim et d’Illkirch-Graffenstaden. Dès le 18 février, le site de Brumath a aussi été touché par ce mouvement.
Cette grève perturbe depuis 19 jours certaines lignes de bus de la CTS. La compagnie strasbourgeoise a sous-traité une partie de son service à Keolis Striebig. Ces perturbations continueront pour la quatrième semaine consécutive suite à l’échec des négociations entre les syndicats et la direction.
Premiers échanges au tribunal administratif
Pendant les 15 premiers jours de grève, les conducteurs de bus n’ont eu aucune réponse de la direction de Keolis Striebig. « Aucun rendez-vous nous a été proposé pour entrer en négociation avec eux, personne ne nous a contactés », affirme Pascal Vaudin, secrétaire général de la filiale des transports de la CFDT dans le Bas-Rhin.
Durant cette période, les seuls échanges entre les représentants syndicaux et la direction de Keolis Striebig ont eu lieu au tribunal administratif de Strasbourg. Mardi 23 février, Martin Godefroy, directeur de Keolis Striebig, a assigné les 70 grévistes, la CFDT et la CGT en justice pour avoir bloqué les sorties de bus des dépôts de Molsheim, de Strasbourg, d’Illkirch-Graffenstaden et de Brumath. Une affirmation démentie par Pascal Vaudin :
« Nous n’avons jamais bloqué aucun bus. Un huissier est d’ailleurs venu pour attester qu’il n’y avait aucun blocage. Nous respectons depuis lundi 1er mars le plan de continuité de transport mis en place par la CTS. Cette semaine, nous avons laissé circuler deux lignes de bus à partir du dépôt de Strasbourg, deux à partir du dépôt de Molsheim et sept à partir du dépôt d’Illkirch-Graffenstaden pour assurer un minimum de transports en commun. La circulation est assurée par des conducteurs non-grévistes. »
Martin Godefroy demandait notamment au juge d’ordonner la fin des piquets de grève ainsi qu’une amende de 147 euros par grévistes, selon Pascal Vaudin. Le juge des référés a conclu qu’il n’y avait pas d’abus de droit de grève, ni de réel blocage des dépôts de bus et a débouté la direction de Keolis Striebig de ses demandes.
Une médiation de la CTS lance le dialogue social
Une opération de médiation organisée par la direction de la CTS, samedi 27 et dimanche 28 février, aurait permis d’engager le dialogue social entre les conducteurs grévistes et la direction de Keolis Striebig, selon Ghazi Mansouri, délégué syndical de la CGT :
« Samedi, nous avons rencontré le directeur de la CTS, Emmanuel Auneau, pour lui faire part de nos revendications. Le président de la CTS Patrick Maciejewki est venu nous voir le dimanche sur notre piquet de grève au dépôt de bus de Strasbourg pour parler avec chacun des grévistes. Peut-être que c’est cette pression de la CTS sur l’entreprise Keolis Striebig qui a permis de débuter les négociations syndicale avec la direction.
Dès mardi 2 mars, les grévistes ont donc pu faire part de leurs revendications lors d’une négociation entre la direction de Keolis Striebig et les représentants de l’intersyndicale CFDT-CGT. Les conducteurs de bus se disent victimes d’inégalités de traitement. Ainsi, le temps de travail de certains employés inclut des « temps annexes » (temps de battement, de changement d’uniforme, d’attente) alors que ces moments ne sont pas payés pour d’autres. Ces disparités existent également au sein d’employés appartenant au même service. Pascal Vaudin dénonce une autre discrimination, plus récente :
« La direction a décidé unilatéralement d’accorder aux salariés de bureau 40 euros par mois, sans rien donner aux conducteurs de bus. Pour nous, c’est un affront et cela crée de la discrimination entre les salariés. »
Les grévistes réclament donc l’harmonisation du calcul du temps de travail et une prime annuelle de 500 euros. Les grévistes demandent aussi la réintégration d’un salarié renvoyé durant la période d’essai de son CDI alors qu’il faisait grève.
Trois négociations, aucun accord
Cette première réunion du 2 mars a tourné court. Mais le lendemain, les grévistes ont cru apercevoir un début d’accord lors d’une discussion préparatoire entre le directeur Martin Godefroy et les représentants de la CGT et de la CFDT. « Ce n’était pas une discussion officielle mais à l’issue de la réunion nous pensions que le versement de la prime de 500 euros était acquise », précise Amadir Bouchaib, délégué syndical de la CFDT.
Jeudi 3 mars, la direction de Keolis Striebig n’a pas gardé la même position que la veille. Elle a proposé aux grévistes une prime de 85 euros par an sur 3 ans. « C’est inadmissible de nous proposer 85 euros de prime alors que nous en demandions 500. On ne peut pas accepter ce montant. Ces quatre heures de réunion n’ont servi à rien, » s’insurge Pascal Vaudin. La direction de Keolis Striebig a aussi refusé de réintégrer le salarié renvoyé au début de la grève.
N’obtenant aucune avancée lors de la troisième réunion de négociation vendredi 5 mars, les conducteurs de bus de Keolis Striebig ont décidé de poursuivre leur grève pour une quatrième semaine. Le délégué syndical CGT Ghazi Mansouri parle d’un échec total de la dernière rencontre :
« La direction de Keolis Striebig est restée concentrée sur des problèmes administratifs pour ne pas discuter de nos revendications. À aucun moment, il n’a été question de la prime. C’est une discussion stérile qui n’a aucune utilité. »
D’après Ghazi Mansouri, les grévistes ont aussi refusé de poursuivre les négociations avec la direction de Keolis Striebig lundi 8 mars.
Contacté, le directeur de Keolis Striebig s’est dit encore ouvert à la négociation qu’il souhaite poursuivre en mettant en place dès lundi un protocole de sortie de crise. Malgré l’absence d’accord après trois réunions, Martin Godefroy a rappelé que beaucoup de sujets avaient été « défrichés », sans apporter plus de précision.
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