Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

« Les bénévoles du compostage ont besoin du soutien logistique de la future mairie »

Les membres du Réseau des Structures de Compostage Urbain de Proximité (RéSCUP) appellent les candidats aux élections municipales 2020 à soutenir le compostage collectif de proximité. Les dispositifs existants ont du mal à faire face à la demande croissante des Strasbourgeois. Les bénévoles dénoncent un manque de soutien de la municipalité.

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« Les biodéchets représentent environ le tiers du poids de nos poubelles. Au-delà des objectifs réglementaires locaux, nationaux et européens (proposer une solution de tri des biodéchets aux citoyens avant fin 2023 par exemple), la prise de conscience citoyenne sur la nécessité de mieux gérer les biodéchets pour ne pas les transporter vers des traitements d’incinération ou d’enfouissement est aujourd’hui indéniable.

Le compostage : une solution accessible

Pour cela, une des solutions les plus accessibles et les plus efficientes est le compostage. Les demandes pour composter collectivement ne cessent d’ailleurs de croître, comme nous le constatons tous les jours sur le terrain. C’est la preuve de la volonté de nos concitoyens de s’impliquer dans un changement vertueux de pratiques.

« Les demandes pour composter collectivement ne cessent d’ailleurs de croître, comme nous le constatons tous les jours sur le terrain. » (Photo Pierre Pauma / Rue89 Strasbourg / cc)

Le compostage collectif présente plusieurs avantages qui relèvent de l’intérêt général. Tout d’abord en favorisant le tri, il constitue un outil de prévention pour contribuer à l’évitement et la réduction de nos déchets.

Ensuite, il constitue une solution de valorisation de proximité des résidus organiques bien meilleure que l’enfouissement et surtout l’incinération. En effet, il permet de replacer les biodéchets dans une économie circulaire qui les ramènent sur la terre, pour la fertiliser. En ce sens, le compostage joue un rôle pédagogique important.

Enfin, le compostage collectif est un vecteur de lien social. Installé en pied d’immeuble ou dans les quartiers, un bac à compost induit des rencontres entre les personnes, contribue à dynamiser l’espace public et collectif, et génère souvent d’autres projets (jardins partagés, cabane à livres, etc.).

21 associations, 180 sites, 5 200 foyers adhérents

Sur le territoire de l’Eurométropole de Strasbourg, des sites de compostage collectif de proximité sont répartis dans différents quartiers. Leur gestion est assurée par des structures le plus souvent associatives et généralement par des bénévoles. À leur initiative, ces structures ont souhaité se rencontrer pour échanger sur leurs pratiques et leurs difficultés. Ces rencontres ont abouti à la naissance en 2019 du réseau RéSCUP (Réseau des Structures de Compostage Urbain de Proximité de l’Eurométropole de Strasbourg). Il regroupe actuellement 21 structures associatives (parmi les 28 recensées jusqu’ici sur le territoire) soit environ 180 sites et 5200 foyers adhérents.

Un accompagnement insuffisant

Pour la création d’un site de compostage collectif de proximité, chaque structure peut bénéficier d’un accompagnement par les services de la collectivité (ou par délégation) : identification et mise à disposition d’un site adéquat, soutien technique et subvention à l’achat de matériel. Cet accompagnement est nécessaire, mais insuffisant car la plupart des structures associatives rencontrent aujourd’hui des difficultés similaires.

La première difficulté est l’engorgement des sites. Face à l’engouement de la population, de plus en plus d’associations doivent, à leur corps défendant, refuser de nouveaux adhérents. En effet, la gestion de chaque site demande du temps : permanences, brassage des bacs, transport de la matière carbonée structurante (copeaux de bois, feuilles, sciure, etc.). Toutes ces missions sont assurées par des membres actifs bénévoles dont la collectivité n’a d’ailleurs, à ce jour, pas cherché à connaître le temps de travail gratuit fourni. En bref, les sites actuels tendent à être rapidement saturés et leur nombre ne permet plus de répondre aux demandes émanant de la population.

La problématique du transport

Même si nous privilégions toujours la gestion « in situ », la seconde difficulté concerne la gestion des différents flux sur chaque site (matière structurante et compost). D’une part, pour obtenir un bon compost, il est indispensable d’ajouter aux biodéchets de la matière structurante (appelée « le brun », « matière carbonée » ou « matière sèche ») qui n’est pas toujours disponible sur place.

D’autre part, le compost ne peut pas systématiquement être utilisé à proximité des bacs et il peut s’avérer nécessaire de le transporter sur un autre site pour l’utiliser ou pour le laisser mûrir davantage. Que ce soit pour la matière sèche ou pour le compost, leur transport nécessite des
moyens logistiques importants que les associations n’ont pas.

« Le compostage collectif doit être davantage promu »

En conclusion, nous pensons que la gestion de proximité des biodéchets dont le compostage collectif est l’un des principaux vecteurs constitue une réponse aux attentes des citoyens, à l’enjeu environnemental d’évitement, de réduction et de gestion de proximité des biodéchets et au besoin de créer des lieux effectifs de rencontres et d’échanges sur l’espace public. Ce sont ces enjeux qui font que nous nous engageons au sein de nos associations.

Pour nous permettre de poursuivre ce mouvement, le compostage collectif de proximité doit être davantage promu, accompagné et encouragé. Nous comptons donc sur vous pour que ce sujet soit intégré aux réflexions de la future municipalité pour proposer des outils qui permettront de soutenir et de pérenniser ce modèle. »


#déchets

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