Une quarantaine d’entreprises a montré de l’intérêt pour reprendre les Ateliers Réunis à Drusenheim et Obserhausbergen après son placement en redressement judiciaire le 5 juillet. C’est dire si les technologies de l’entreprise qui produit les mondialement connus chariots Caddie sont convoitées : car une fois signé l’accord de confidentialité, les repreneurs potentiels ont eu accès à la « data room », sorte d’intranet où toutes les données de l’entreprise sont accessibles, y compris ses projets et ses innovations.
Parmi les intéressés, il y avait notamment Wanzl, le concurrent historique de Caddie, basé en Allemagne et dont la filiale française est à Sélestat. Il ne figure plus au nombre des finalistes, au grand soulagement des salariés, qui craignaient une vampirisation de leur entreprise. Car, quand il a fallu passer au volet financier (qui met combien et quand), les repreneurs n’ont plus été si nombreux… Caddie emploie 509 personnes en Alsace sur trois sites : les bureaux à Schiltigheim, l’unité de galvanisation des fils d’acier, Revêtements Industriels de l’Est (RIE), à Oberhausbergen, et l’usine à Drusenheim. Caddie dispose également d’une unité de production au Portugal et une autre en Chine.
Six offres finales ont été étudiées mercredi 16 mai par le comité d’entreprises (CE) de Caddie. Parmi ces offres, seules deux ont été retenues par le CE, bien que toutes les deux comportent des centaines de suppressions de postes. Il s’agit des entreprises Phoenix et Altia Groupe.
Au moins 125 emplois supprimés
L’offre de reprise de Phoenix prévoit 167 suppressions d’emplois, le transfert de l’unité d’Oberhausbergen à Drusenheim dans les 24 mois, la fermeture des bureaux à Schiltigheim et la fin des primes dont bénéficiait le personnel jusqu’à présent. Phoenix ne promet que l’embauche d’intérimaires, si l’activité économique suit.
L’offre d’Altia est plus ambitieuse : 125 suppressions de postes, également le transfert de RIE à Drusenheim et la fermeture des bureaux de Schiltigheim, le maintien des avantages sociaux des salariés et surtout, l’intégration de Caddie dans le groupe à la tête d’une nouvelle division, celle des équipements industriels. Autre particularité : l’offre d’Altia est soutenue par le Fonds stratégique d’investissement (FSI), c’est à dire l’État. Altia emploie plus de 3 000 personnes, surtout dans la sous-traitance automobile. La société manque d’un réseau commercial, que peut leur apporter Caddie présent dans 130 pays.
La chambre commerciale du tribunal de grande instance de Strasbourg n’est pas liée par les préférences du CE de Caddie. Elle peut rendre une décision qui suit cet avis, choisir un autre repreneur, ou décider qu’aucune offre ne convient et prononcer la liquidation. Comme tous les employés de Caddie, Jean-Paul Ostertag, membre du CE et délégué syndical de la CFTC, croise les doigts :
« On espère survivre. On ne veut pas que l’usine ferme tout simplement, ou qu’un repreneur transfère la production ailleurs. On espère rester en Alsace. On espère aussi que le tribunal nous suivra ; en tout cas, on a éliminé des offres qui ne nous apparaissaient pas crédibles… Certaines entreprises n’ont que 200 employés, limite pour reprendre une autre de 500 quand même… »
Pour Christophe Zinck, de la CFDT et secrétaire du CE, l’offre d’Altia pourrait être une bonne opportunité pour Caddie :
« Ils ont de l’expérience dans l’acier, dans la gestion des flux. Et nous avons un savoir-faire unique dans le dressage de fils d’acier galvanisés. On est complémentaires avec Altia. Par contre, le plan social sera très dur… Les repreneurs ont indiqué ne rien ajouter aux primes légales de licenciement. »
Les présidents du Conseil général du Bas-Rhin et du Conseil régional ont promis quant à eux d’accompagner le plan social à venir. Mais ces conditions seront finalisées après l’étape d’aujourd’hui, à 15 heures au tribunal.
Pour aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : Caddie placé en redressement judiciaire
Sur Le Point : Caddie, c’est presque fini…
Sur Les Echos : Caddie, la chute d’une icône du made in France (enquête)
Sur Rue89 Strasbourg : Après la présidentielle, la crainte des plans sociaux en Alsace
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