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Lancée dans la production de masques, l’entreprise alsacienne Labonal attend des commandes des collectivités locales

Voyant les masques arriver de Chine ou du Pakistan, le P-DG de l’entreprise Labonal, qui s’est adaptée pour produire des masques, regrette de n’avoir reçu aucune commande de la part des collectivités territoriales alsaciennes.

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Fabriqués au Pakistan, en Chine ou en Tunisie… Les masques commandés par les collectivités territoriales alsaciennes arrivent peu à peu. Mais leur provenance désole Dominique Malfait, P-DG de l’entreprise alsacienne et productrice de chaussettes en tricot Labonal :

« J’ai du mal à admettre qu’on fasse venir des produits de l’autre bout de la planète alors que ça fait deux mois qu’on prône la relocalisation de la production en France. »

L’entreprise Labonal produit aujourd’hui plus de 10 000 masques par jour. (Document remis)

Une longue bataille et une déception

Car Dominique Malfait a longuement bataillé pour que l’usine de Dambach-la-Ville parvienne à produire plus de 10 000 masques par jour. Son entreprise a d’abord élaboré une première solution en partenariat avec l’entreprise Lydall. Problème : l’entreprise bretonne ne pouvait pas fournir un nombre suffisant de filtrants jetables pour équiper le masque lavable. Le P-DG s’est alors tourné vers une entreprise alsacienne et est parvenu à atteindre le rythme de fabrication actuel dès début mai.

Une semaine après le déconfinement, le chef d’entreprise constate qu’une partie de la population n’a toujours pas reçu les masques promis par les pouvoirs publics locaux. Et l’entrepreneur de regretter :

« Les collectivités territoriales n’ont pas exploité la totalité des ressources locales pour répondre aux besoins. Ce n’est pas normal qu’on se retrouve dans une situation où j’ai des masques mais que la population alsacienne attende toujours d’en recevoir. »

Relocalisation manquée et protection au rabais

Pour le P-DG alsacien, cette relocalisation manquée est d’autant plus regrettable que les masques livrés de l’étranger sont bien moins protecteurs que ceux qu’il produit, selon lui. Les premiers équipements de protection livrés dans les boîtes aux lettres des Bas-Rhinois répondent à la recommandation Afnor imposant le filtrage de plus de 70% des micro-particules. « Nous, on filtre à 99,6% des micro-particules », assure le chef de l’entreprise Labonal.

Sortie d’un redressement judiciaire début 2018, la firme d’une centaine de salariés a vendu plus de 120 000 masques avec 450 000 patchs filtrants jetables. (Document remis)

Au-delà de la protection de la population alsacienne, des commandes des pouvoirs publics auraient permis de soutenir une entreprise locale fragile. Sortie d’un redressement judiciaire début 2018, l’entreprise d’une centaine de salariés a vendu plus de 120 000 masques avec 450 000 patchs filtrants jetables. Le tarif se situe entre 1,45 et 1,70 euros l’unité et 0,25 euro le patch jetable. « Si je fais 500 000 masques, j’amortis les pertes liées à la chute des ventes de chaussettes au cours des derniers mois », estime Dominique Malfait. En apprenant la livraison de masques chinois à la Ville de Mulhouse, le P-DG y voit un soutien manqué à l’économie du département :

« L’agglomération de Mulhouse a commandé plus de 500 000 masques. J’aurais pu en faire plus de 200 000… Je trouve ça dommage. J’attends toujours les commandes de masques des collectivités et des entreprises. »

Produisant actuellement plus de 10 000 masques par jour, l’entreprise Labonal dispose déjà de 80 000 équipements en stock, prêts à être livrés.


#économie

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