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Législatives : en Alsace, « En Marche » bouscule la droite dans son jardin

La déferlante de « La République en Marche » n’a pas épargné l’Alsace, région où la droite avait l’habitude de faire carton-plein ou presque. Les candidats dévoués au nouveau président de la République, souvent peu connus, sont en tête dans 11 circonscriptions sur 15. La droite peut tout même espérer limiter la casse. Le FN recule très nettement, tandis que les régionalistes d’Unser Land ou la France insoumise confirment.

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Bastion intemporel de la droite, l’Alsace n’a pour une fois pas été fidèle aux candidats « Les Républicains » et à leurs alliés. Exemples de cette tornade de marcheurs ? Dans le Kochersberg (circonscription 4 du Bas-Rhin, dite Strasbourg-campagne), Martine Wonner (41,52%), inconnue en politique, devance largement Sophie Rohfritsch (23,75%). La députée sortante (LR) avait obtenu 44% des voix au premier tour en 2012.

La maire de Lampertheim paie peut-être un soutien jusqu’au bout à François Fillon ou un positionnement timide sur le dossier du Grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg dans ce périmètre très impacté par le projet d’autoroute payante.

Ténors de droite bousculés

Autre coup de tonnerre ? Dans le nord de l’Alsace, dans la circonscription de Haguenau (« la 9 »), le candidat « En Marche » Vincent Thibaut, autre novice, est aussi largement en tête (35,87%) face au maire « Les Républicains » de Brumath, Étienne Wolff (23,26%).

Même à Wissembourg (« la 8 »), où Frédéric Reiss avait été élu deux fois dès le premier tour, le maire de Wissembourg Christian Gliech le devance de près de trois points (32,98% contre 30,02%), même si l’issue est plus incertaine et que Christian Gliech n’est pas un inconnu en politique.

LREM reçue 5 sur 6 dans le Haut-Rhin

Dans le Haut-Rhin, où la droite était hégémonique, « La République En Marche » bascule en tête dans cinq cas sur six face à la droite. Néanmoins, la circonscription de Mulhouse (« la 5 ») s’avère serrée (32,94% contre 30,48% et des reports de voix incertains du FN, des régionalistes et des insoumis).

Au total, LREM et le Modem se retrouvent en ballottage favorable dans 11 circonscriptions sur 15, et qualifiés au second tour systématiquement. La seule fois où ils sont absents, c’est parce que la candidate s’est retirée pour des problèmes de santé, dans la 5ème circonscription du Bas-Rhin, autour de Sélestat. Le député sortant, Antoine Herth (LR), est en situation favorable. Avec 37,59% des voix, il sera opposé à un candidat du parti régionaliste Unser Land, Gérard Simler (16,85%).

Pour le récent parti régionaliste, cette qualification est historique, même si ses résultats généraux sont un peu plus faibles par rapport aux élections régionales de 2015. Il va déployer toutes ses forces dans ce second tour pour espérer un report quasi-parfait, mais possible, des voix du Front national, de la France insoumise et de différents candidats écologistes, qui constituent un bloc hétérogène de 38,7%.

La droite tout de même en passe de sauver quelques sièges

La droite alsacienne (13 députés sur 15 possibles en 2012) peut tout de même limiter la casse dimanche 18 juin. Dans « la 6 » du Bas-Rhin, le député sortant, maire de Molsheim, Laurent Furst est en tête (36,21%), face à un candidat Modem, Guy Salomon (29,48%), qui n’a guère de réserves sur sa gauche.

À Colmar, le député sortant et président du Conseil départemental du Haut-Rhin, Éric Straumann, s’en sort aussi avec une confortable avance : 37,78% contre 26,24%. Il remporte même toutes les communes de ce territoire, fait unique.

Patrick Hetzel à Saverne (« la 7 ») dispose également d’une avance de plusieurs points (33,7% contre 26,7%). Notons tout de même qu’aucun candidat n’est élu dès le premier tour, une grande première dans la plaine d’Alsace.

Recul du FN, essor d’Unser Land et des insoumis

Autre enseignement majeur, le FN a largement reculé. Il n’est présent au second tour qu’à Mulhouse-campagne (17,31% contre 32,36% pour LREM) où Francis Hillmeyer (troisième avec 16,67%) est vraisemblablement victime du « dégagisme » après quatre mandats consécutifs.

Le FN était arrivé premier en Alsace et en tête de neuf circonscriptions au premier tour de l’élection présidentielle en avril. Après ce premier tour des législatives, il se retrouve troisième avec 13,09% des suffrages exprimés, loin des 30,9% des LREM/Modem et des 27% et quelques de la droite et de l’UDI.

Ce recul peut peut-être s’expliquer par l’abstention élevée, mais aussi par l’essor d’autres formations comme les régionalistes d’Unser Land (environ 6,77% des voix en Alsace), voire de la France insoumise.

La gauche en voie d’extinction en Alsace

Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon est un peu en retrait par rapport à l’élection présidentielle, mais il réalise tout de même de meilleurs scores par rapport à ceux de la gauche radicale en Alsace. Avec des candidats partout, il rassemble 7,62% des voix, là où le Front de gauche faisait 3% en 2012.

Un signe que le mouvement ne doit pas son bon score d’avril uniquement à la personnalité de son leader et pourrait compter, plus que le PS (2,36% mais le Parti socialiste n’avait pas des candidats partout) à l’avenir. Des qualifications au deuxième tour étaient envisageables à Strasbourg si « la gauche de la gauche » avait été moins divisée. En revanche, Debout la France et ses 6,77% à l’élection présidentielle qui pouvaient intriguer a retrouvé l’anonymat (1,34%).

À Strasbourg, dernier ilôt rose, la gauche est en passe de disparaître au second tour. Le PS est en ballottage très défavorable à Strasbourg-sud (« la 2 ») et Strasbourg-centre (« la 1 »), et même cinquième à Strasbourg-nord (« la 3 ») (voir notre article sur les circonscriptions strasbourgeoises).


#législatives 2017

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