Premier acte du derby : le rendez-vous fixé par les Ultra Boys à l’ensemble des fanas du Racing. 15h, place d’Austerlitz, transformée exceptionnellement en agora footballistique, histoire de faire monter gentiment la sauce en discutaillant allègrement le bout de gras, tout en sirotant divers breuvages sympathiques. Au total environ 300 personnes répondent à l’appel, malgré un temps maussade pas printanier pour un sou. A 16h30, un cortège se forme efficacement, direction le temps meinovien. Le bataillon des fidèles des fidèles marche à présent d’un pas décidé, arborant orgueilleusement le blason de la ville de Strasbourg.
Meilleure affluence française
De longues minutes avant le coup d’envoi fixé à 18h, le kop est déjà plein à craquer. On est y tellement serré que je décide de m’installer tout en haut de la tribune latérale nord, non loin du fameux secteur nord-ouest, le fief historique des fans les plus démonstratifs. Le panorama est spectaculaire : des tribunes généreusement garnies comme au bon vieux temps de la D1. Je prends le temps d’observer et de savourer la scène. Plus de 20 000 personnes pour un match de quatrième division, c’est évidemment remarquable. En ce samedi 6 avril, ce Strasbourg-Mulhouse constitue ni plus ni moins que la première affluence française toutes divisions confondues. Avec le chiffre officiel de 20 044, le Nancy-Troyes et son 19 111 est nettement devancé.
Si jusqu’à 17h59 c’était clairement la kermesse, je me suis mis à tirer passablement la gueule au vu de la première mi-temps. J’ai le sentiment de me répéter semaine en semaine, mais pour la énième fois le Racing n’a pas été à la hauteur du culte que lui vouent ses supporters. Alors que nous étions dans l’attente d’un évènement censé transcender le collectif, nous n’avons eu droit qu’à la tambouille habituelle : des joueurs plantés comme des piquets, un esprit d’initiative limité, peu de détermination, etc. Comment est-il possible de débarquer ainsi devant une assemblée aussi bouillonnante sans prendre un minimum le taureau par les cornes ? Pourquoi se comporter invariablement comme un vulgaire club de CFA alors que l’on possède un effectif de niveau « National + » et un public de D1 ?
0-0 tristement logique
D’aucuns me trouveront sans doute radical et intransigeant, ce que j’assume avec la plus grande sérénité. Quand une équipe ne joue pas à 60% de son potentiel, je me peux que marteler qu’il y a un souci de compétence quelque part. A différents niveaux probablement. Juste avant la mi-temps, comme puni de sa première période indigente, le RCS se voit subitement réduit à dix suite à l’expulsion de Jacques Mohma, auteur d’une faute en tant que dernier défenseur. Avec un peu plus de malchance, Mulhouse aurait même pu bénéficier d’un pénalty, la faute se prolongeant dans la surface de réparation. Rappelons que selon les recommandations pour la loi 12, « si un défenseur commence à tenir un attaquant à l’extérieur de la surface de réparation mais poursuit son infraction à l’intérieur de la surface, l’arbitre accordera un coup de pied de réparation ».
Le Racing 2012-2013 ne sait pas agir. Au mieux il ne sait que réagir, en témoigne la seconde mi-temps plutôt plaisante, disputée sous la contrainte de l’infériorité numérique. Ce comportement rappelle étrangement le match contre Sedan en Coupe de France où – en dépit de l’insuccès – les Strasbourgeois avaient dominé un pensionnaire de Ligue 2 à dix contre onze pendant plus de 70 minutes ! Preuve en est que cet effectif possède de réelles capacités, sans pour autant parvenir à les exprimer autrement que par courtes intermittences. Malgré quelques occasions, le 0-0 est finalement logique. Tristement logique. Dommage pour ce public, étonnamment patient, qui aura encouragé son équipe jusqu’au bout et qui aurait mérité l’ivresse d’une explosion de joie, fusse-t-elle déclenchée par un but contre-son-camp de Pascal Johansen.
Trois matches-clé
A peine la déception évacuée qu’il faut déjà se remettre d’aplomb. Ce mercredi, le Racing accueille Moulins à 18h devant des gradins qui seront à nouveau clairsemés. On prend sa calculette. A une petite dizaine de matches de la fin du championnat, six équipes (dont le RCS) se neutralisent encore et toujours dans la lutte pour le seul strapontin d’accession au National, à savoir la troisième division. Compte-tenu de l’état d’esprit et du niveau de jeu affichés jusque-là, la montée paraît compromise mais néanmoins parfaitement jouable sur le plan mathématique.
Trois matches-clé détermineront sans doute tout : les rencontres à l’extérieur face aux trois concurrents directs que sont Lyon-la-Duchère (le 27/04), Grenoble (le 11/05) et in fine Raon-l’Etape (le 25/05). Trois matches à gagner absolument pour se racheter d’un bilan provisoire à l’extérieur fort de… trois victoires.
Auf geht’s !
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