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Le procès d’Yves Zehr reporté aux 2 et 3 juillet

La chambre correctionnelle du tribunal de Strasbourg a renvoyé le procès d’Yves Zehr et de son épouse aux 2 et 3 juillet. La présidente a accepté les citations de  huit témoins supplémentaires demandées par la défense, pour assurer un « procès équitable » à l’ancien PDG de la Coop, prévenu d’abus de biens sociaux pour plus d’1,3 million d’euros.

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Yves Zehr ce matin devant le tribunal correctionnel (Photo PF / Rue89 Strasbourg)

Accusé d’avoir détourné plus de 1,3 million d’euros de la Coop par un système de bons d’achat (lire l’article de ce matin), Yves et Marie-Louise Zehr seront finalement entendus par la chambre correctionnelle du tribunal de Strasbourg les 2 et 3 juillet, pour abus de biens sociaux, faux en écriture et recel de ces faits pour madame. La présidente du tribunal Dominique Lehn a accepté ce matin le report de l’audience pour faire citer huit témoins supplémentaires, dont la confrontation était demandée par Me Bernard Alexandre, avocat de l’ancien PDG de la Coop Alsace.

La défense demandait bien plus, jusqu’à l’annulation de l’ordonnance de renvoi, c’est à dire une reprise à la phase de l’enquête judiciaire. Elle n’a pas été suivie par la présidente du tribunal, qui a été claire :

« M. et Mme Zehr, vous êtes assignés à comparaître les deux et trois juillet dans le but de vous permettre de disposer d’une défense complète et d’avoir ainsi un procès équitable. »

Elle entend ainsi évacuer les menaces d’un recours auprès de la Cour européenne des droits de l’Homme, brandies par Me Bernard Alexandre pour son client. De nombreuses personnes dans le public ont été déçues à la suite de cette décision du tribunal, avec parmi elles une majorité de salariés et d’anciens salariés de la Coop.

Le vice-procureur de la République Brice Raymondeau-Castanet a requis contre un report et contre tout supplément d’information ou annulation de l’ordonnance de renvoi :

« M. Zehr fait valoir ses droits, qu’il estime nombreux. Mais il n’a jamais eu de devoirs. Il s’agit là d’une manoeuvre dilatoire, car M. Zehr aurait pu demander ces confrontations pendant toute la durée de la procédure d’instruction, et pas seulement à la fin. Durant toute la procédure, toutes les décisions du magistrats instructeurs ont été frappées d’appel, toutes. M. Zehr n’a comme unique objectif que la volonté de se soustraire à la justice, en repoussant ce procès aussi longtemps que possible. A n’en pas douter, lorsque l’audience reprendra, la défense aura de nouvelles raisons d’annulation et de reports à faire valoir. »

Un report bien accueilli

Tous les avocats des parties civiles ont également plaidé contre un report, mais après la décision du tribunal, ils s’en félicitent plutôt au premier rang desquels Me Michaël Plançon, pour le comité central d’entreprise de la Coop et les sociétaires :

« Dès le début de cette procédure, nous estimions qu’il y avait là un système de détournement qui impliquait forcément plusieurs personnes. Nous serons très intéressés d’entendre les versions des personnes citées à témoigner, ce qui devrait permettre de mieux comprendre les mécanismes. »

Tous les nouveaux témoins cités sont de l’univers de la Coop : administrateurs, anciennes secrétaires de direction dont celle d’Yves Zehr, l’ancien secrétaire général de la Coop Serge Lorentz, l’ancien PDG Denis Fischer et même l’actuel, Christian Duvillet qui est aussi partie civile. Avec les quatre témoins qui étaient déjà cités, l’audience finale entendra 12 témoins dont Martial Bellon, directeur de la SIG. Le club de basket a en effet été désigné comme l’un des bénéficiaires de la générosité d’Yves Zehr, ce que Martial Bellon nie formellement. Reste qu’Yves Zehr devra aussi s’expliquer sur un document de partenariat entre la SIG et la Coop, qu’il a antidaté.

Les avocats d’Yves Zehr et de sa femme, Me Arnaud Friederich (à g.) et Me Bernard Alexandre (Photo PF / Rue89 Strasbourg)

Pour Me Bernard Alexandre, la décision du tribunal est un désaveu de l’enquête judiciaire :

« J’ai demandé au magistrat instructeur de procéder à ces confrontations, il l’a refusé. Je le redemande à l’audience et le tribunal considère qu’effectivement, il serait inéquitable que nous ne puissions pas nous confronter à ces personnes. Donc, oui l’instruction a été menée au pas de charge, avec l’intention de faire comparaître mon client détenu, peut-être pour le punir de ne pas avoir livré les bénéficiaires de cet argent à la justice. Mais M. Zehr est un homme d’honneur qui n’aime pas donner des noms, mais il doit aussi se défendre. Il veut bien parler, à condition que ses déclarations ne servent pas à prouver que ces transferts étaient dans l’intérêt de la Coop. »

Me Alexandre a en outre déposé un pourvoi devant la Cour de cassation quant à la clôture de l’enquête judiciaire. Yves et Marie-Louise Zehr sont repartis libres du tribunal correctionnel, leur contrôle judiciaire leur interdisant d’entrer en contact avec des protagonistes de l’affaire a été étendu jusqu’au nouveau procès. Le contrôle judiciaire dont ils faisaient l’objet a été étendu.

De mystérieux comptes en Suisse

Les échanges de jeudi matin, bien que brefs, ont néanmoins révélé que trois comptes en Suisse étaient utilisés par la Coop, un en francs suisses, un en euros et un compte titres. Ils ont été découverts lors de l’audit que la nouvelle direction de la Coop a mené, après avoir découvert le trafic des bons d’achat. Ces comptes ont été prélevés en 2003 de 42 000€, alors que Yves Zehr était PDG de la Coop, sans aucun mouvement depuis. Trois personnes étaient fondés de pouvoir sur ces comptes, l’ancien président Marcel Aeschelmann, l’éphémère PDG de la Coop fin 2010 Denis Fischer et… Yves Zehr. Ouverts par la filiale suisse de la Coop il y a plusieurs dizaine d’années, ils auraient été utilisés pour rémunérer des administrateurs et lors du premier rapprochement entre la Coop et Leclerc.

L’audition des nouveaux témoins pourra peut-être lever le voile sur ces fameux « relais d’opinion » politiques, mentionnées de manière elliptique par Yves Zehr.


#Coop Alsace

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