Fin mai, les collectifs de parents d’élèves et d’enseignants Nous, Personne et CoLINE ont adressé une lettre ouverte à Franck Leroy, président de la Région Grand Est (Horizons, majorité présidentielle). Ils y réclament une « évaluation indépendante de l’impact pédagogique, sanitaire et écologique » du dispositif lycée 4.0, qui a doté tous les lycéens d’un ordinateur utilisable en salle de classe à partir de 2019.
Jeudi 25 mai, Franck Leroy a balayé cette possibilité en une lettre de sept paragraphes, estimant que l’utilisation généralisée du numérique en classe de lycée est bénéfique pour les lycéens. L’élu se félicite de cette mise en place pendant la période covid et vante une stratégie régionale « qui a fait ses preuves ». Il affirme qu’une évaluation du dispositif « impartiale, (…) se fait en temps réel et en permanence », à travers des rencontres régulières avec les syndicats de proviseurs, les adjoints-administrateurs et les parents d’élèves, en plus des « remontées quotidiennes » des citoyens de la région.
« Nous ne sommes pas habilités à mener une étude de ce type »
Comme le déplorait la conseillère régionale EE-LV Caroline Reys auprès de Rue89 Strasbourg, Franck Leroy estime que la Région n’est pas responsable des implications pédagogiques du numérique au lycée. Il laisse cette responsabilité à l’Éducation Nationale : « Nous mettons à disposition l’outil, en aucun cas nous émettons une contrainte pédagogique (…) Nous ne sommes pas habilités à mener une étude de ce type », poursuit-il dans son courrier où il précise que chaque conseil d’administration des lycées a validé le dispositif.
Aucune trace des impacts sanitaires et écologiques
Dans sa réponse écrite, le président de la Région ne fait aucune allusion aux impacts sanitaires décrits dans un avis du Conseil supérieur des programmes en juin 2022. « Troubles de la vue, de l’attention, du sommeil, de la mémoire, du langage, du comportement, passivité intellectuelle et perte de capacités fonctionnelles, jusqu’à des pathologies graves d’ordre psychologique et psychiatrique », liste le collectif CoLINE.
Aucune allusion non plus au « coût écologique et énergétique » de la généralisation du numérique. Dans sa réponse à Franck Leroy, le collectif Nous, Personne réitère sa demande :
« Nous réclamons que la Région publie au plus vite tous les chiffres permettant d’estimer l’impact
écologique de son dispositif « 4.0 » : nombre d’ordinateurs achetés à HP, quantification des matières
premières, combustibles, produits chimiques et ressources en eau consommés pour les produire et pour les transporter ; estimation de la consommation d’énergie occasionnée chaque année (des terminaux aux data centers) ; traduction en termes de déchets ; explications sur le traitement et le devenir des déchets, non recyclés. »
« Ça nous pousse à continuer la lutte »
Le 29 mai, les collectifs ont dénoncé la réponse du président, déplorant un « choix irresponsable », des « pratiques pédagogiques bouleversées » et un « argument purement gestionnaire et totalement insignifiant ». Après la manifestation du 26 mai et une rencontre avec des élus régionaux EE-LV, un organisateur de la manifestation se dit déterminé « à continuer la lutte » jusqu’à obtenir les évaluations demandées.
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