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Le nouveau Racing aura-t-il l’accent allemand ?

Dans un long entretien accordé au site Racingstub, Frédéric Sitterlé laisse entendre qu’il entend s’inspirer du Fussball d’outre-Rhin dans son projet de club. Enfin ! En tant que germanophile convaincu et grand amateur de foot allemand, je suis évidemment trépident d’enthousiasme. Reste maintenant à concrétiser ces belles intentions.

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Comme ici au Carl Zeiss Jena, les supporters du Racing pourront-ils bientôt profiter d'un Biergarten à la Meinau ? (Photo P.B.)

Depuis le temps que j’y pense. A Strasbourg, on a quand même un bol incroyable : être à un kilomètre d’un pays dingue de foot où la Fankultur – la culture supporters – est infiniment développée. Pourquoi n’y avoir jamais puisé quelque inspiration ? Tous ceux ayant déjà été voir un match en Allemagne savent à quel point l’ambiance y est chaleureuse. Le supporter n’y est pas considéré comme un vulgaire client, avec lequel rien ne sert de dialoguer. A la fin des rencontres de Bundesliga, les joueurs ne filent jamais au vestiaire sans festoyer de longues minutes avec les fans en cas de victoire ou à s’expliquer, voire s’excuser, en cas de défaite. Des scènes impensables dans notre pays. En France, à l’endroit du supporter, c’est plutôt le « paye, assieds-toi et tais-toi » qui prévaut, en témoigne par exemple les déclarations du président de Lille – Michel Seydoux – dans l’Equipe daté du 8/6/11 : « Un supporter est là pour mettre de l’ambiance au stade. S’il n’a pas confiance en la direction, il n’a qu’à cesser de supporter. On ne vient pas au stade pour demander la démission de quelqu’un ». Triste vision des choses.

Une gouvernance de club à l’allemande ?

J’en viens à Frédéric Sitterlé. Celui-ci déclare vouloir se rapprocher du modèle allemand tant d’un point de vue structurel que sportif. D’un point de vue structurel, l’idée serait de renforcer les pouvoirs de l’Association « en contrepartie de plus de transparence, et plus d’exigence en termes de gestion ». En Allemagne, c’est la règle du 50+1 qui prévaut, ce qui signifie que le support associatif conserve la main sur la gouvernance puisqu’un même actionnaire ne peut détenir au mieux que 49% des parts du club. Ceci évite que n’importe quel hurluberlu fortuné ne prenne le contrôle d’un club, qui dès lors peut être rapidement laminé si ce dernier n’a pas de bonnes intentions. Bien que l’application de cette règle soit impossible en France, il est peut-être envisageable de se rapprocher d’un mode de gouvernance qui empêcherait un Jafar Hilali bis de débarquer avec ses gros sabots sans que l’on ne puisse rien faire. Le concept me paraît intéressant.

Des joueurs plus impliqués ?

S’agissant du sportif, certains éléments du discours de Sitterlé ne manquent pas de retenir mon attention. Ces dernières années, l’attitude de beaucoup de joueurs ayant endossé la tunique du RCS me révulsait littéralement : du manque de respect vis-à-vis des fans à la non-implication flagrante sur le terrain. Rappelez-vous les 11 défaites d’affilée en 2008 ! Si nous avions eu des guerriers sur la pelouse, cette série incroyable n’aurait jamais eu lieu et nous n’aurions pas été relégués en D2 cette saison-là. Aussi j’aime beaucoup l’idée que le salaire des joueurs doit être évolutif en fonction des performances exhibées, avec une part fixe minimale et une part variable importante. C’est ce qui est largement en vigueur en Allemagne.

Les clubs y sont des institutions fortes où les joueurs sont responsabilisés. En échange d’une implication totale envers les dirigeants, l’entraîneur et les supporters, les joueurs peuvent bénéficier d’un cadre, presque familial, qui les valorise et les protège. Quand Franck Ribéry a subi les foudres médiatiques de l’affaire Zahia, son club le Bayern a pris la décision de le défendre publiquement. En France, pas sûr qu’il aurait bénéficié d’un tel soutien. Loin de moi la candeur d’idéaliser tout ce qui se passe outre-Rhin (les conflits durs existent également), mais pourquoi le donnant-donnant à l’allemande ne fonctionnerait-il pas à Strasbourg ?

Un Biergarten à la Meinau ?

Enfin, j’en reviens à la Fankultur. Quand saura-t-on accueillir dignement les supporters au stade en France ? En Allemagne, la dimension festive autour du foot est omniprésente. On arrive au stade bien à l’avance pour profiter des stands de saucisses et des buvettes. Une heure avant la rencontre règne une atmosphère conviviale où les gens sont simplement heureux de se retrouver. A Strasbourg jusque-là, nous avions tout juste droit à des sandwiches dégueulasses que tu peinais à manger, debout, alors que la moitié de la sauce te dégoulinait dessus. Etait-ce si compliqué que d’installer quelques tables en bois, façon mesti, pour que tu puisses au moins ne pas t’en mettre partout ? Depuis plusieurs semaines, j’assiste à un changement de cap en la matière, et depuis je me plais venir au stade à l’avance. Sitterlé parle d’aménager un Biergarten, excellent ! Le supporter que je suis aime les petites intentions, aime tout simplement être un minimum considéré.

Bon, elle se signe cette convention ?

Je ne suis pas un adorateur zélé de Frédéric Sitterlé, mais je dois dire que le discours me plaît. Il me plaît d’autant plus qu’il synthétise un paquet d’idées que j’avais pour le club depuis des années. Reste maintenant à se lancer sur la voie de la concrétisation. Je m’inquiète car la signature de cette fichue convention, qui a fait tant débattre dernièrement, n’est toujours pas advenue. Nous sommes au mois de mars et la saison prochaine se prépare dès maintenant !


Le football est ma religion, le Racing ma confession. Je ne suis pas baptisé, si ce n’est à la sueur de mes premières émotions de supporter. Déjà 20 ans que ça dure et ce n’est pas prêt de s’arrêter…

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#Frédéric Sitterlé

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