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Le Kafteur va-t-il tirer le rideau ?

Le Kafteur, « théâtre d’humour » à Strasbourg, se trouve dans une position financière délicate. Le théâtre pourrait définitivement tirer le rideau et ne pas rouvrir à la rentrée 2014. Deux soirées de soutien sont organisées lundi 14 et mardi 15 avril, « le Grand Barouf du Kafteur », durant lesquelles une quinzaine de comédiens se mettront en scène gratuitement au PréO, à Oberhausbergen.

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Le Kafteur va-t-il tirer le rideau ? (Photo cc)

Le Kafteur est un lieu d’expression important pour Strasbourg, selon son créateur, Jean-Luc Falbriard. Il permet de donner la chance à des humoristes encore peu connus de faire leurs armes alors que les opportunités offertes par la ville ne sont que trop rares. Mis à part le TNS ou le Maillon, il n’existait auparavant à Strasbourg aucun lieu pour promouvoir les nouvelles créations, encore moins humoristiques. C’est pour ça qu’il y a une vingtaine d’année, Jean-Luc Falbriard a créé son théâtre, le Kafteur.

Aujourd’hui, la compagnie du Kafteur, à la fois le nom du lieu et de la compagnie qui le gère, commence à se sentir à l’étroit dans le petit théâtre de 104 places. Jean-Luc Falbriard explique :

« Un théâtre, pour rester pérenne, doit se renouveler en permanence, toujours proposer des nouvelles choses aux spectateurs, sinon, évidemment, ils se lassent et ne reviennent pas. Si on a programmé des spectacles de stand-up avant même que le terme existe, aujourd’hui, ce type de spectacle se voit partout, tout le temps, et surtout à la télé. On ne peut pas rivaliser avec ça, et on n’en a pas l’intention.

Nous avons beaucoup d’idées mais la salle, comme la scène s’avèrent trop petites et ne permettent plus de créer correctement. Par exemple, on aimerait programmer des spectacles musicaux, mais on manque de place pour les instruments. Même chose pour les spectacles issus du nouveau cirque (ceux qu’on peut voir au Grand Cabaret de Patrick Sébastien, ndlr). Aucune salle à Strasbourg aujourd’hui n’accueillerait ce style de spectacle. On a l’impression qu’on est arrivé au bout de ce qu’on pouvait faire dans notre lieu. Notre programmation pourrait en pâtir et ça en perd évidemment son intérêt. »

Jean-Luc Falbriard, créateur du Kafteur, pose devant son personnage, le Capitaine Sprütz, crée il y a 20 ans (Photo T.T / Rue89 Strasbourg)

A la recherche d’un (grand) coin de paradis

Depuis septembre 2010, la compagnie de théâtre du Kafteur demande régulièrement à la ville d’être relogé dans un espace plus grand. La compagnie a jeté son dévolu sur une salle du Hall des Chars qui, selon Jean-Luc Falbriard, est souvent vide. D’une part ce nouveau lieu offrirait l’espace nécessaire à l’évolution logique du Kafteur et, d’autre part, la compagnie bénéficierait d’une visibilité plus importante dans cette zone à forte attraction du fait de la Laiterie, du Molodoï, de la Salle des Colonnes.

De plus, son installation à cet endroit ne ferait de l’ombre à personne puisqu’ils seraient les seuls sur le créneau « théâtre d’humour ». Des plans de réorganisation ont été réalisés seulement deux ans après les premières démarches et pour un autre endroit : l’ancienne brasserie, aujourd’hui à l’abandon. Finalement le projet a été abandonné et, concernant le Hall des Chars, la compagnie attend toujours des réponses qui tardent à venir. Jean-Luc Falbriard déplore :

« On sent bien que notre projet n’est pas une priorité pour la ville, qui a tendance à miser beaucoup sur les institutions déjà bien installées. En trois ans, rien de concret n’a été réalisé. Nous espérons qu’Alain Fontanel (nouvel adjoint à la culture, ndlr) sera plus réactif que son prédécesseur. Aujourd’hui, on compte mettre la ville en face de ses responsabilité : si le Kafteur ne survit pas, ce sera en partie de sa faute, la balle est dans son camp, maintenant. On s’est forgé tous seuls, on a acquis des compétences, il serait temps qu’elles soient reconnues à leur juste valeur. On sait gérer un lieu, un jeune public, on pense mériter un lieu, un outil, à hauteur de nos compétences. »

« On est directement touchés par la crise »

Crise économique, loyer de plus en plus cher, charge extrêmement élevées, baisse de la fréquentation, le Kafteur sort difficilement la tête de l’eau. En octobre, son bilan indiquait qu’ils étaient dans le négatif avec -38 000€. Leurs réserves de fonds propres générées au fil des années fastes ont été englouties en deux ou trois ans depuis la crise.

Il faut savoir que le Kafteur ne bénéficie d’aucune subvention pour son fonctionnement et s’autofinance entièrement grâce aux entrées, à différents ateliers qu’il organise et enfin par la vente du spectacle crée par la compagnie. La salle a également instauré un système de dons depuis janvier et en a profité pour s’exprimer sur ses problèmes financiers.

« Taxer » les entreprises privées

Aujourd’hui, le temps presse et la compagnie a dû prendre des mesures économiques drastiques. Les salaires des deux salariés et celui de Jean-Luc falbriard ont été revus à la baisse et certaine prestations son vendues plus chères. Jean-Luc explique :

« La compagnie théâtrale du Kafteur se produit aussi pour des entreprises privées comme des banques par exemple. Etant donné qu’elles ont plus de moyen, on augmente un peu nos prix. Elles ne sont pas dupes et sont pleinement conscientes de ça, mais elles acceptent pour nous soutenir. »

Le Grand Barouf

Le dernier recours du Kafteur a été de lancer un appel à ses amis artistes. Une quinzaine ont répondu présent et se produira sans demander de cachet. Le spectacle, d’une durée de 2h30, coûtera 20€ par personne. Au programme : effeuillage, burlesque, clowns, tours de magie et spectacle musicaux. L’initiative est un succès puisque la soirée de mardi est déjà presque complète.

Une lueur d’espoir

On peut saluer la Choucrouterie pour avoir fait don de 1200€, soit la somme des cachets récoltés en une soirée, geste assurément solidaire et désintéressé, selon Jean-Luc Falbriard. Enfin, Jean-Luc Falbriard conclut avec une phrase qu’il a déjà entendu plusieurs fois et qui lui est chère : « Le Kafteur a tout d’une institution, sauf les subventions que touchent les institutions officielles ».

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