Ils sont venus de tout le grand Est, voire de plus loin en France et de l’Allemagne voisine. Plus de 7 000 Turcs se sont rassemblés dimanche 10 avril au Zénith de Strasbourg autour du grand mufti de Turquie Mehmet Görmez pour commémorer la naissance du prophète Mahomet.
Cette année, la plus haute autorité de l’islam sunnite turc avait choisi Strasbourg et la France pour ce rendez-vous européen pour apporter un message de rassemblement aux musulmans turcs de l’Hexagone après les attentats qui ont endeuillé Paris :
« À tous nos jeunes, à leurs mamans et à leurs papas, il y a des personnes qui commettent des assassinats en réseau et ça n’a rien à voir avec l’Islam. Il ne faut pas baisser votre tête à cause de ces gens-là. »
Mehmet Görmez a condamné à plusieurs reprises dans son discours les “assassinats commis en réseau” en Turquie, en Europe et à travers le monde mais n’a pas prononcé une seule fois les mots « terrorisme », ni « Etat islamique » pour les qualifier.
Le grand mufti a refusé catégoriquement l’amalgame entre les assassins et l’Islam :
« À tous nos amis occidentaux, il ne faut pas refléter la responsabilité de ces assassinats sur les musulmans qui vivent à côté de vous. »
Il a appelé ses corréligionnaires à entretenir le sens perdu des valeurs du prophète, celles d’une « humanité fraternelle » et de la « compassion ».
Messages à destination de la diaspora turque
Le rendez-vous était aussi l’occasion de valoriser l’identité communautaire de la diaspora turque sunnite, appelée à « vivre en harmonie » avec sa société d’adoption :
« Notre premier devoir, où que nous vivions est de garder notre foi, notre langue et notre culture, pour qu’aucun de nos enfants, même dans des siècles, ne s’éloigne de notre grande religion. Nous sommes les enfants d’une civilisation qui a toujours vécu en paix avec les autres et nous avons le droit d’attendre des autres civilisations qu’elles vivent en paix avec nous. »
Interrogé sur la formation des imams en France, lors d’un rendez-vous avec la presse, le président des Affaires religieuses turques a déclaré que son institution est « encline à partager son expérience ». Mais « à la condition que le sujet ne soit pas posé comme un problème de sécurité mais comme une question de partage des savoirs ».
« J’ai déjà rencontré des professeurs de l’Université de Strasbourg et des personnes du ministère de l’Intérieur à ce sujet. La présence d’une autre religion dans un pays, si elle est considérée comme un problème de sécurité, c’est qu’il y a un souci quelque part. Je trouve que nos interlocuteurs auraient dû être au ministère de l’Education et des Sciences plutôt qu’au ministère de l’Intérieur. »
L’association Ditib de Strasbourg, émanation de la présidence des Affaires religieuses turques en Europe, poursuit un projet de centre de formation des imams dans ses locaux à Hautepierre. Celui-ci est mis en suspens, suite au refus de reconnaissance de son diplôme par les autorités universitaires turques.
L’événement était organisé par le Ditib Strasbourg, avec le soutien de l’ambassade de Turquie. Les représentants des autres associations musulmanes de Strasbourg étaient présents. Les discours se sont tenus en langue turque et étaient traduits en simultanés en français via des casques audios pour les participants non-turcophones.
À la sortie de l’événement, les participants se sont vus distribuer des tracts en langue turque du Parti Égalité justice (PEJ), un mouvement politique musulman, en lice pour les élections législatives partielles fin mai.
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