C’est pour cette raison que le Frac Alsace travaille beaucoup en partenariat avec des établissements scolaires, c’est pour ça que je vous ai déjà parlé de l’exposition « Voyageons dans la couleur » qui mettait à l’honneur l’œuvre de Sarkis : L’atelier d’aquarelle dans l’eau. Elle a eu lieu au LAC à Sainte-Marie-aux-Mines il y a quelques temps déjà. Il s’agissait d’un événement mis en place dans un lieu d’art et de culture dépendant de l’établissement scolaire mitoyen. Bref, tout ça pour dire que tout au long de cette année, le Frac Alsace organise beaucoup d’expositions : ainsi du 11 janvier au 8 mars prochain par exemple, se déroule l’exposition S’il-te-plaît… dessine-moi un paysage ! au collège du Parc à Illkirch-Graffenstaden, une autre s’est déroulée au lycée Stanislas à Wissembourg, l’occasion de découvrir la collection du Frac ainsi que son travail.
Dans ce cadre-là, vendredi dernier, j’ai : 1. raté le train pour Sélestat ; 2. pris le suivant, bondé ; 3. traversé la ville sous la pluie pour finalement arriver en retard au vernissage de l’exposition « poursuite photographique » qui a lieu jusqu’au 2 mars à la médiathèque intercommunale de Sélestat. En gros, j’ai failli laisser tomber et ne pas y aller ce qui eut été fort dommage. À l’accueil de la médiathèque, se trouve une salle tout en longueur dans laquelle vous pourrez découvrir les œuvres de plusieurs artistes : Ryuta Amae, Alain Bublex, Jean-Marc Bustamante, Bob Gramsma et Philippe Lepeut.
Il s’agit principalement de photographies comme le dit le titre de l’exposition mais un bateau trône aussi au centre de l’espace. Ce bateau a ceci de particulier qu’en son fond se trouve la photo de l’eau comme si, cette embarcation faite pour la vitesse prenait l’eau ou était là pour nous en donner l’illusion. Cette œuvre de Bob Gramsma, pour la petite histoire, j’aurais voulu être là au moment de son installation à la médiathèque.
En effet, le Frac se trouve juste en face, et les régisseurs avaient pour mission de faire traverser la rue à ce bateau : original, non que cette œuvre, ce bateau qui traverse la rue plutôt que le cours d’eau à côté ? Artiste suisse né en 1963, Bob Gramsma réalise des installations ou des sculptures, il modifie et occupe l’espace avec ses œuvres. Souvent, il utilise des morceaux de véhicules et leur donne une autre fonction ou en modifie le sens : ainsi, comment tenir dans un bateau qui semble prendre l’eau ? On nage dedans ? Ramer est a priori trop tard…
Il est question de fuite, de poursuite et de voyages dans cette exposition : ils sont soit réussis (attention, je parle des voyages), imaginatifs, répétitifs ou encore ils ressemblent à des actes manqués comme avec le bateau de Bob Gransma. Chez Philippe Lepeut par exemple, c’est l’une de ses séries de photographies qui est présentée ici : cet artiste se définit comme trans-média c’est à dire qu’il ne privilégie pas un seul et unique support d’expression mais ces derniers sont multiples. Nantais d’origine, strasbourgeois depuis une dizaine d’années, artiste protéiforme : il dessine, peint, fait des vidéos, du son, des installations ou encore des performance.
Les œuvres faisant partie de la collection du Frac sont des photographies prises lors de ses déplacements en train entre Paris et Sélestat : on y voit une fuite de l’espace, la difficulté à le percevoir et l’impossibilité à vraiment le capter, les éléments des paysages extérieurs vus par l’artiste fusionnent, on ne reconnaît rien, Philippe Lepeut nous amène avec lui dans un voyage qu’il répète mais nous montre aussi le caractère non-permanent et peut-être instable de ce qui nous entoure. Comme « mise en bouche » et pour ceux qui ne le savent pas, Philippe Lepeut mettra en place à partir de l’automne prochain une installation sur la place du marché de Neudorf, à découvrir une prochaine fois.
Dans cette exposition, vous pourrez découvrir aussi l’une des photographies de Ryuta Amae, japonais vivant à Paris : envoûtante. Cet artiste présente dans ses œuvres des simulacres de vie : l’illusion est à l’honneur. Il mixe dans une même image, des éléments réels à d’autres imaginaires essayant de figurer, du moins pour celle faisant partie de la collection du Frac, une idée archétypale du bonheur. Ainsi, a priori, pour avoir une vie épanouissante, que faudrait-il ?
Ryuta Amae propose comme idéal d’existence plusieurs choses : tout d’abord un grand pavillon de banlieue avec de grandes fenêtres telles des ouvertures sur le monde, une voiture bien entendu mais un break pour une grande famille, il s’y trouve aussi des jeux pour les enfants (toboggan, cabane au fond du jardin, etc.), un chemin terreux dans lequel s’embourber, une jardinet avec ce qui ressemble à une mare à l’eau brunâtre mais aussi un tracto-pelle pour faire des travaux d’agrandissement parce que c’est bien connu : vivre dans une maison nécessite une entretien quasi constant. Ryuta Amae, dans ces photographies, même s’il propose un illusion, dresse un portrait sardonique du monde dans lequel on vit : un modèle du bonheur qui serait stéréotypé et transposable à chacun d’entre nous, est-ce souhaitable ou, plus simplement, est-ce viable ?
Sur ce, je vous laisse et je vous invite à aller découvrir cette exposition et les autres artistes qui y sont exposés. C’est l’occasion d’aller faire un tour à Sélestat, de voir quelques œuvres de la collection du Frac mais aussi d’aller voir d’autres lieux : une œuvre de Sarkis en plein air par exemple, un sculpture de Morice Lipsi dans le jardin de la piscine de la ville ou d’aller jeter une œil à l’espace Schaufenster qui expose en ce moment Capucine Vandebrouck et Ahmet Dogan…
Y aller
Médiathèque intercommunale de Sélestat, 2, espace Gilbert Estève – Route de Marckolsheim à Sélestat. Ouvert du mardi au samedi, de 10h à 18h, sauf jeudi et vendredi 12h-18h.
Schaufenster: 19, quai des pêcheurs, Sélestat. Exposition « Au pied du mur. Capucine Vandebrouck et Ahmet Dogan » du 3 février au 2 mars. Toujours ouvert.
Aller plus loin
Le Frac Alsace et son Elsass Tour
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