C’était en 2008, première édition de la nouvelle version du festival des Artefacts, sise désormais en son vaisseau orange de la périphérie de Strasbourg. Un événement couvert, un festival dans un Zénith flambant neuf après avoir un temps investi un hall Rhénus devenu, au fil des ans, chaleureux et attachant. Après, aussi, avoir connu les années fastes et roots du parc du Rhin.
Dock promenade et jeux
Mais voilà déjà le 8e cru des Artefacts dans l’enceinte du Zénith-Europe avec sa jauge à 10 000 places, son immense parking et son espace déambulatoire semi-circulaire rhabillé pour l’occasion : le Dock promenade accueillera donc une nouvelle fois sa rampe pour skaters, rollers et BMX (grâce à l’association Nouvelle Ligne) ainsi qu’un espace « Jeux vidéos » orchestré par la Ludus Académie (proposant jeux vintage, bornes, etc), sans oublier les transats pour des moments de relâche et de rêverie, si possible au soleil.
« Pas de risque inconsidéré avec les têtes d’affiche »
Dans sa globalité, organiser le festival des Artefacts coûte environ un million d’euros, un budget autonome de celui de la Laiterie et qui fonctionne à 90% en financement propre, essentiellement par la billetterie et le bar. Un subtil équilibre, selon Thierry Danet, directeur de la Laiterie et fondateur du festival des Artefacts :
« Ce modèle implique, entre autres, de ne pas prendre de risques inconsidérés pour nos têtes d’affiche. Par exemple, cette année, Prodigy (programmé le 17 avril au Zénith) prend le plus gros cachet. Izia et Selah Sue (le 19 avril au Zénith) sont elles aussi des artistes qui coûtent cher. Les tarifs des tickets (entre 32 et 35 euros pour chacune des journées au Zénith et de 12 à 23 euros pour la Laiterie) dépendent donc de ces facteurs et augmentent en lien avec les cachets de ces artistes. »
Et depuis plusieurs années, les tournées rapportent bien plus que les ventes d’albums, à quelques rares exceptions près (lorsque des disques font un carton). Pour le millésime 2015 du festival des Artefacts, les organisateurs proposent à nouveau trois journées au Zénith, contre deux l’an dernier, pour une fréquentation globale (Laiterie et Zénith) qui s’était élevée à environ 30 000 personnes.
« Les Artefacts : un grand format de la saison à la Laiterie »
Cette année, la première soirée au Zénith, dans un esprit rock fusion et électro funky avec notamment Prodigy et Shaka Ponk, n’aura pas de mal à trouver son public.
Idem pour le samedi 18 avril, à dominante électro-house-techno mâtinée de hip hop avec The Parov Stelar Band en grand nom fédérateur. Thierry Danet poursuit :
« Ce qu’on cherche à proposer, c’est un grand format de ce qui se passe à la Laiterie durant toute la saison. Le festival est porté par ce qu’est la vie de la Laiterie au quotidien. Prodigy et Shaka Ponk, c’est en quelque sorte la querelle des anciens et des modernes, avec un dynamisme certain de part et d’autre. Parov Stelar Band, de son côté, revient chez nous et ce sera donc l’occasion de le revoir beaucoup mieux. Un peu comme Stromae qui n’avait pas attiré grand monde quand il était venu la première fois, anonyme mais déjà bête de scène, avant de revenir auréolé du succès qu’on connaît. Izia (sur la scène du Zénith le dimanche 19 avril), c’était un peu le même schéma. Mais pour le dimanche, on a eu un coup dur avec la déprogrammation de Marianne Faithfull qui a dû annuler sa tournée (à cause de problèmes de santé). »
Selah Sue, « dans une équation parfaite »
Le dimanche 19 avril au Zénith a donc vu le tandem toulousain Cats on Trees remplacer au pied levé Marianne Faithfull et rejoindre à l’affiche l’explosive Izia ainsi que l’Islandaise Emiliana Torrini et la triplette rock parisienne Theodore, Paul & Gabriel qui vient de publier un second album séduisant, We won’t Let You Down. Mais la tête d’affiche dominicale s’appelle Selah Sue, auteure d’un premier album éponyme en 2011, porté par cette belle pépite fortement empreinte de soul cuivrée :
Selah Sue revient sur le devant de la scène en cette fin mars avec la sortie de son second album, sobrement intitulé Reason, et ce premier single efficace et dynamique :
La Flamande de 25 ans revient sur la genèse de ce disque, produit par le Danois Robin Hannibal (Kendrick Lamar) et le Suédois Ludwig Göransson. Elle évoque aussi son évolution personnelle :
« J’ai le sentiment d’avoir enfin trouvé un équilibre, d’être dans une équation parfaite. Mais le succès du premier album, ce que j’ai réussi à faire aujourd’hui, cela ne m’a pas guéri. Ça n’a pas soigné mes plaies, la dépression est toujours là, rien n’a vraiment changé mais je vais mieux car j’ai des responsabilités, je me devais d’avancer, pour ne plus me laisser déborder par mes émotions à tout moment et passer des journées à pleurer seule dans mon lit. »
« Sentir l’énergie profonde des gens »
Aujourd’hui, Selah Sue a non seulement trouvé l’amour, son âme sœur, le pianiste et claviériste de son groupe, qui a deux enfants dont elle s’occupe régulièrement. Mais les responsabilités dont elle parle passent aussi par l’équipe dont elle s’est entourée par accoucher de Reason.
« Pour mon premier album, j’avais tout fait toute seule, c’était venue naturellement, au fil du temps. Là aussi, pour Reason, c’est très pur et naturel, mais il y avait des gens avec moi. Notamment Robin et Ludwig (ses deux producteurs). Tous les deux m’ont vraiment aidé à faire le tri de tous les sons que j’avais dans la tête. Ludwig m’a emmenée vers un son plus expérimental, plus agressif, mais aussi bien plus dansant que ce que je faisais jusqu’à présent. Robin, lui, m’a apporté encore plus de chaleur avec des arrangements qui rappellent la soul de la Motown, qui passent aussi par la funk et le jazz. »
Et pour tester ses nouvelles compositions, pour aller à la rencontre du public, Selah Sue s’est mise en scène simplement, au milieu de la foule, à Paris ou Bruxelles, « pour des moments chaleureux avec les gens, sans prévenir, pour vraiment sentir leur énergie, bien plus qu’en concert, pouvoir les regarder dans les yeux, leur sourire et recevoir aussi tout cela en retour » :
Y aller
Le festival des Artefacts, du 8 au 11 avril à la Laiterie, et du 17 au 19 avril au Zénith de Strasbourg. Programme détaillé dans l’agenda, tarifs sur le site internet du festival.
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