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Le diplôme universitaire Tremplin Réussite est vraiment une réussite

Le « Tremplin réussite » est l’un des dispositifs d’accompagnement mis en place par l’université de Strasbourg pour les étudiants désorientés dès leur première année de licence. En l’espace d’un semestre, bon nombre de candidats admis au DU Tremplin réussite ont su rebondir. Une réussite pour l’équipe pédagogique et les étudiants même si la pérennité de ce programme demeure incertaine.

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A l'issue du programme, la plupart des étudiants se réorientent vers des BTS ou des filières professionnelles. (Isabellebk / Flickr / CC)

Pas toujours évident de réussir sa première année de licence quand on n’a pas bien choisi sa filière. L’erreur d’orientation est l’une des causes de l’échec des nouveaux étudiants. Selon une étude menée par l’observatoire régional de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle (ORESIPE) pour l’année académique 2009 / 2010, 30% des étudiants sur plus de 7 000 inscrits ont arrêté leur cursus à la fin de leur première année d’étude.

Comme solution, l’Université de Strasbourg a lancé en février 2011, le diplôme universitaire « Tremplin réussite » pour ces étudiants en difficulté, en souhait de réorientation, en attente de redoublement ou en abandon.

Kevin voulait devenir policier, il fera de la communication

Kevin Roecker, 20 ans, a fait partie de la première promotion de ce programme. En septembre 2010, il s’inscrit à la faculté de droit avec l’intention de devenir officier de police. Mais au cours du premier semestre il s’intéresse de moins en moins au droit :

« Je me suis rendu compte que la fac ne me plaisait pas. Tout était trop théorique et je voulais de la pratique. J’ai commencé à réfléchir à une voie alternative en pensant à la communication. J’ai eu la chance de tomber sur un ami qui faisait la promotion du DU Tremplin réussite. Il m’a expliqué en quoi ça consistait. Ça m’a séduit et j’ai postulé. »

Malgré ses efforts pour obtenir de bonnes notes pendant ses travaux dirigés, Kevin Roecker n’ira pas au bout de son premier semestre. En février 2011, il débute son second semestre comme étudiant au DU Tremplin réussite. Pendant cinq mois, il suit une formation qui ne le coupe pas du monde universitaire avec des disciplines en sciences humaines comme la sociologie, tout en lui permettant de reprendre confiance en lui. Le tout sanctionné par un stage de quatre semaines en entreprise.

C’est l »étudiant qui choisit l’entreprise en rapport avec le métier qu’il souhaite exercer plus tard, histoire de se rassurer sur son choix. C’est ainsi que Kevin Roecker a finalement décidé de faire son stage au service de communication d’une entreprise strasbourgeoise. Satisfait de cette expérience, il a postulé pour le DUT information communication à l’IUT Robert Schumann au campus d’Illkirch. Content d’avoir enfin trouvé sa voie, Kevin s’estime chanceux.

« J’ai eu la chance d’avoir saisi cette opportunité qui s’est présentée à moi assez tôt. J’ai connu certains étudiants dans ma promotion qui avaient déjà redoublé trois fois leur première année d’université avant de s’inscrire au DU Tremplin réussite. »

Emilie, de la chimie au commerce

Parcours presque similaire à celui d’Emilie Breton, 19 ans, aujourd’hui inscrite en première année de DUT Technique de commercialisation. Après son baccalauréat S, elle a hésité entre les sciences dures et la littérature. Elle décide de s’inscrire au DUT de chimie au campus d’Illkirch-Graffenstaden même si elle se doutait bien que ce n’est pas ce qu’elle voulait :

« Ça ne me plaisait pas, le niveau était très élevé. J’étudiais beaucoup, je ne sortais presque jamais, l’idée de reprendre me stressait. Quand il m’arrivait d’aller voir mes parents à Saverne pour le weekend, le retour à Strasbourg était comme une souffrance, parce que je savais ce qui m’attendait. Mes parents le savaient, je me sentais perdue. J’avais honte d’avoir loupé ma première année et je le vivais mal. »

L’étudiante commence à faire des recherches en vue d’une réorientation. Elle découvre le DU Tremplin réussite et prend rendez-vous avec Sophie Kennel, la responsable de la formation qui la rassure. Emilie Breton est admise parmi les étudiants de la deuxième promotion en février 2012. Le fait d’être en contact avec des étudiants dans la même situation qu’elle et de pouvoir discuter avec eux l’a aidée et lui a permis de reprendre confiance en elle :

« Le DU tremplin réussite a vraiment été une réussite pour moi. Je suis tellement contente d’avoir pu rebondir et de m’épanouir dans ce que je fais aujourd’hui. Mes parents en sont ravis ».

 Des problèmes résolus dès les premières semaines

Sur la trentaine d’étudiants inscrits les deux précédentes années, tous n’ont pas suivi le programme entier. En 2011, ils étaient 34 au départ. Vingt sont allés au bout de la formation, mais seulement 9 ont obtenu le diplôme. En 2012 ils étaient 28, une vingtaine également pendant tout le cursus et 12 diplômés. Un bilan loin d’être une réussite pour Sophie Kennel, la responsable de ce DU :

« C’était un échec pour moi d’avoir des abandons à mi-parcours. Mais j’ai mené ma petite enquête pour en avoir le cœur net, j’ai été soulagée de savoir que la plupart des étudiants qui avaient arrêté s’étaient réorientés vers d’autres cursus ou s’étaient relancés dans leur formation initiale. Et ceux qui n’obtiennent pas leur diplôme sont simplement ceux qui n’ont pas rendu leur rapport de stage, c’est obligatoire. »

Pour Sophie Kennel, ce DU est un accompagnement nécessaire à l’éventail des formations qu’offre l’université, il a toute sa raison d’être au sein de l’université :

« Les étudiants qu’on accueille sont vraiment en souffrance, ils sont parfois sous anti-dépresseurs, c’est pourquoi nous sommes assistés d’un service psychologique. Le plus dur pour eux c’est d’admettre leur échec, une fois le pas franchi, ils reprennent confiance en eux, c’est le point positif. »

Une issue de secours qui a bien failli rester fermée cette année faute de financement. Le DU tremplin réussite était financé les deux premières années par le Plan réussite en Licence lancé au niveau national et doté d’un budget de 730 millions d’euros sur 2008-2012 pour réduire les échecs en première année de licence. Ces crédits étant supprimés, le programme devait s’arrêter.

« La vice-présidence de l’UDS a déployé beaucoup d’efforts pour trouver des crédits pour ce DU. Le DU s’intègre à présent dans l’initiative d’excellence de l’Université de Strasbourg. Cela représente 22 000 euros et l’IUT Robert Schuman assure la gestion du diplôme (scolarité, secrétariat, salles, équipement, etc.) sur ses fonds propres. »

Nouveauté cette année, le DU Tremplin réussite proposera deux parcours dès sa rentrée en février : l’un en sciences humaines et l’autre en sciences dures. Il a été fondu avec le DU de Sciences créé en 2012 et dirigé par Mathieu Gallart dont l’objectif de départ était la remise à niveau des scientifiques en difficulté. Il se réjouit d’ailleurs de cette mutualisation qui permet d’avoir un programme plus développé à moindre coût mais s’inquiète pour la suite :

« Il y a suffisamment d’échecs pour justifier des initiatives comme les nôtres. Mais avec les DU on ne sait jamais si ça va durer, ça demande beaucoup d’énergie, beaucoup d’implications aussi bien de la part de l’équipe pédagogique que des étudiants. Si ces efforts sont reconnus peut être que ça marchera. »

Le diplôme universitaire tremplin réussite est ouvert de février à juin 2013 et il est réservé aux étudiants inscrits en première année de licence à l’université de Strasbourg.


#étudiants

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