À Kazanlak, Henriette Denis va bientôt devenir la femme incontournable des lieux. L’architecte bulgaro-turque qui a travaillé douze ans pour Jean Nouvel a quitté Sofia pour cette ville bulgare de 70 000 habitants. Elle a découvert l’histoire d’un jeune orphelin de dix ans qui, en 1827, décide de se lancer dans l’huile de roses pure. Il a eu du nez car il se retrouva ensuite à la tête d’une entreprise internationale.
Sa superbe maison du XIXe n’a pas été préservée ni classée. Pendant des décennies, elle fut utilisée sous le communisme par le service des archives de la ville. Dans les années 1990, elle fut transformée en discothèque, centre de fitness et en station de lavage automobile (oui, tout ça en même temps). Quant aux boiseries, peintures et vitraux, ils attendront 2014 qu’Henriette Denis pose ses yeux sur eux pour être enfin restaurés et mis en valeur.
Elle a repris les lieux en avril 2014 et a transformé la maison crasseuse en une méconnaissable demeure proposant en extérieur un café super branché (qui diffuse FIP radio), un musée de la rose, et des salons littéraires à l’étage. Elle emploie une quinzaine de jeunes comme Yonka Gesheva.
« J’étais payée 200 euros par mois par une horrible boîte qui déforestait sans respirer… après un master d’écologie, c’était un comble. Avec Henriette, je me sens utile, on sauve un patrimoine et une histoire. C’est chaque jour passionnant. »
Et Marx, on en fait quoi du coup ?
C’est dans les hauteurs de Kazanlak que le Bulli découvre Buzludzha, l’ancien siège du parti communiste, recensé parmi les plus beaux lieux abandonnés du monde (voir chronique précédente). Et oui, car après 1989, les lieux ont été laissés à l’abandon et pillés. À présent, la Bulgarie est embarrassée par ce monstre de béton qui rappelle de douloureux souvenirs.
Nouvelles vies syriennes en Europe
Le Bulli roule vers la Mer Noire, direction la petite ville d’Harmanli où se situe le plus grand centre d’accueil pour les migrants clandestins de Bulgarie. Près de mille personnes y attendent leur statut de réfugiés, parfois depuis plus de six mois. L’immense majorité d’entre eux sont Syriens.
Khalil Mohamed est ingénieur. À 43 ans, il a quitté le pays pour « offrir un avenir à ses enfants ». Ils ont fui la guerre depuis le 7 avril 2014, un jour gravé dans la mémoire de ce père de famille.
« Ici on ne peut rien faire de nos journées. Tant qu’on n’a pas nos papiers, on ne peut pas quitter la ville. On attend, c’est tout. Alors je donne bénévolement des cours d’anglais aux autres réfugiés. »
Passeurs de frontières
La Bulgarie est devenu le passage le moins cher pour les migrants clandestins (environ 500 euros par personne) contrairement au passage de la frontière grecque qui peut coûter plusieurs milliers d’euros. Le pays doit gérer d’importants flux migratoires et a du mal à y faire face.
En octobre 2013 ouvrait le centre d’Harmanli : des tentes en plein hiver et six douches pour plus de mille personnes. La situation dramatique avait été dénoncée par les médias et, début 2014, des baraquements et des sanitaires avaient été installés.
Notre reportage sur le centre d’Harmanli est à découvrir sur www.bullitour.eu à partir du 17 juillet.
La star des Balkans
Arrivés à Bucarest, on se fait klaxonner par un chouette cabriolet blanc rutilant. Au feu rouge, on entame la discussion et on découvre un sympathique automobiliste au volant d’une Golf, modèle old school 1987. C’est Andrei Si Giorgiani, fan de combi et de cocc’, membre du groupe VW de Bucarest, qui nous invite à loger dans sa cour. « C’est la communauté VW, ça ! » Dans la minute, son frère et un ami sont là pour reluquer le Bulli et le prendre en photo. Le surlendemain, Andreï nous convainc de l’accompagner au grand meeting Volkswagen des Balkans.
Le Bulli y a un franc succès, les petits Frenchies font sensation et… décrochent un prix !
En route vers la Moldavie!
Aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : retrouvez toutes les chroniques vécues du Bulli Tour Europa (blog)
Sur BulliTour.eu : les reportages de Claire Auduy et Baptiste Cogitore
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