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Dimanche, le blues explosif et puissant de Dirty Deep

Le ried alsacien prend des airs de delta du Mississippi et le gewurtz exhale quelques fragrances fruitées de bourbon centenaire. Un cocktail signé Dirty Deep, à tester en live ce dimanche après-midi au skate park de la Rotonde à Strasbourg.

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C’est dans le cadre du OFF du festival NL Contest que Dirty Deep a choisi d’organiser sa release party strasbourgeoise (après une soirée le 28 avril au Glazart à Paris avec Bad Juice et Los Disidentes Del Sucio Motel et un passage à la Laiterie le 20 mars dernier en première partie de Blues Pills). Un apéro-concert, en plein après-midi, en plein air et peut-être en plein cagnard dans le souffle brûlant du désert urbain du skate park de la Rotonde.

What’s Flowin in my Veins, le nouvel album de Dirty Deep (Doc. remis)

Un mélange inflammable dans les veines

Le trio de blues rock clairement teinté de punk vient de publier ce 29 avril son troisième album, What’s Flowin’ in my Veins (à écouter ici) après un premier EP en 2012, Wrong Way – I’m Going Home, suivi la même année de l’album Back to the Roots puis d’un nouvel opus, Shotgun Wedding, en mars 2014. Voici donc une nouvelle virée sauvage et débridée en ce printemps 2016 avec un seul mot d’ordre  : no limit & no rules  !

Et ça commence par cette fishing party explosive où il serait présomptueux de vouloir différencier un bon pêcheur d’un mauvais pêcheur  :

Sur les dix titres de ce disque survitaminé au nom de baptême idoine – What’s Flowin’ in my Veins (HellProd / Beast Records) –, on saisit très vite ce qui coule dans les veines de Dirty Deep. Un carburant incendiaire au mélange inflammable qui relègue tout baladin cracheur de feu au rang d’inoffensif allumeur de cierges d’église.

Le trio strasbourgeois Dirty Deep (photo Celim Hassani)

L’urgence de la jouissance

Désormais à trois en studio et sur scène puisque Adam Lanfrey (basse) a rejoint Victor Sbrovazzo (chant, guitare et harmonica) et Geoffroy Sourp (batterie et claviers) en septembre dernier, le combo strasbourgeois déroule un blues aux influences plus éclectiques et électriques que par le passé, ancrant ses nouvelles compositions dans une tendance rock garage pleinement assumée.

What’s Flowin’ in my Veins, c’est l’urgence de la jouissance, un produit à la fois décapant et ultra-addictif qui prend aux tripes comme un digeo bien corsé ou un rail de blanche presque pure. En somme, un shoot d’adrénaline qui déclenche d’irrépressibles mouvements à la durée de vie limitée.

Mais, au bout du compte, quel pied  ! De surcroît en live, comme ce fut notamment le cas le 27 février à la Maroquinerie à Paris dans le cadre du festival de blues Les Nuits de l’Alligator (qui s’est également poursuivi à Evreux, Vannes et La Rochelle). Mais aussi en 2014, en duo, au Binic Folk Blues Festival :

Cinglant comme un coup de fouet

La générosité est totale, doublée d’une énergie au magnétisme sismique et d’une frénésie musicale aux airs de juke-joint des temps modernes. Entre hard et heavy, grunge et fusion, rock et ballade bluesy, tout vibre avec une intensité rageuse qui rappelle les prouesses artistiques des vieux briscards tels John Lee Hooker, Muddy Waters, Son House, Scott H. Birham et autre R.L Burnside.

Mais bien loin d’être passéiste, Dirty Deep propose une relecture actuelle d’un blues qui sort clairement l’artillerie lourde  : l’efficacité mordante et testostéronée du morceau d’ouverture Holy Pocket Boogie, la slide électrisante et furieuse de Can I kick it ?, le déluge de décibels de How I ride, le chant tout en réverb’ doublée de la ritournelle entêtante de Howlin to the Moon et bien sûr le tubesque et galvanisant Goin’ Down South.

Dirty Deep sait toutefois proposer de belles ballades enchanteresses à l’image du magique Light and Blue et surtout de l’envoûtant Shine, huit minutes d’un bonheur lent et profond que vient magnifier la magie de l’orgue Hammond pour clore un album à la fois cinglant comme un coup de fouet et doux comme la brise caressante du crépuscule.


#blues

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