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Larry, jeune rappeur de l’Elsau signé chez Sony : « Je veux tout construire à partir de Strasbourg »

À 21 ans, le rappeur Strasbourgeois Larry enchaîne les réussites : en mai, il a signé chez Sony et a monté son propre label, Gothvm Records, chez lui, à l’Elsau. Samedi 29 juin, il s’est produit à l’espace Marcel Marceau, à Neudorf. Rue89 Strasbourg l’a rencontré, après un concert survolté.

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Il est minuit passé lorsqu’il débarque sur la scène du centre Marcel Marceau à Neudorf. Au cours de cette soirée du samedi 29 juin, son nom était sur toutes les lèvres. Lui, c’est Larry, jeune rappeur de l’Elsau, un des nouveaux phénomènes du rap français. Celui qui a démarré dans la musique il y a seulement deux ans, après avoir pratiqué le judo, le foot, la boxe et la danse hip hop, a signé en mai un contrat en maison de disque chez Columbia Records, filiale de Sony. Désormais, le jeune homme de 21 ans bénéficie d’un directeur artistique et de conditions d’enregistrements professionnelles.

Sur scène, sa tête blonde, ses tatouages, sa belle gueule et sa musique font monter la température de la salle où le mercure taquinait déjà les 40 degrés.

En juin, Larry s’est aussi produit sur une des scènes du festival Solidays, à Paris.
(Photo : Basile Berthou)

Avant Larry, huit artistes de la scène rap locale (A-Rob, Mismo, Werco, Leyklow, Elektrip, Flovazmob, Linss, Yunglabz), ont enchaîné les sets avec une sono parfois un peu capricieuse. L’ambiance est joyeuse, jeune, estivale.

Organisée une semaine après le bac par trois lycéens de l’association A.E.F, la soirée Stras’ Bail Night a réuni un peu moins de 700 personnes, dont une majorité d’ados mineurs. Détail notable : de très nombreuses jeunes filles sont présentes. C’est l’une des bizarreries de cette musique qu’on ne s’explique plus : alors que les textes ont rarement été aussi crus, le rap n’a jamais été autant prisé par le public féminin. 

Suivi par près d’un million de personnes sur sa chaîne YouTube, le jeune Elsauvien de 21 ans a su créer la complicité avec son public. (Photo : Basile Berthou)

Torse nu, micro en main, Larry court d’un bout à l’autre de la scène. « La concu’ pue la merde, tu l’sais », lâche-t-il dans le morceau Sacoche. Le public est survolté, saute sur place et enchaîne les pogos, ce mouvement de foule où les spectateurs se rentrent les uns dans les autres.

« Le prince de la ville »

C’est dans sa loge, après le concert, que Rue89 Strasbourg a rencontré celui que certains médias spécialisés dans le rap comme Booska-P surnomment déjà « le prince de la ville ». Solidement soutenu et entouré par ses proches, Larry est encore un peu essoufflé par son passage sur scène lorsqu’il évoque son rap, sa célébrité, sa famille et son quartier, l’Elsau.

Comment vivez-vous cette célébrité arrivée très rapidement ?

« Je le vis bien ! Quand j’ai commencé, je savais que de toute façon, j’étais déjà préparé. Et j’ai une bonne éthique : mes parents sont avec moi. Ça me permet de garder la tête sur les épaules et de ne pas partir dans des délires, de faire la star ou autres… Ça me permet de rester humble. On gère le buzz comme ça. On fait ce qu’il y a à faire et puis c’est tout.

Vos parents, votre entourage, vos amis sont très présents pour vous soutenir. C’est un socle sur lequel vous vous appuyez ?

Oui, à mort, à mort, à mort. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir ses parents. Je n’ai pas à me casser la tête à me méfier de qui que ce soit : ce sont mes parents qui gèrent (son père, Badr Yahyaoui, fondateur de Artcorps Street Workout à l’Elsau, et Batuhan sont ses managers, sa mère, Soumia, s’occupe de ses contrats, ndlr), ça veut dire que je suis serein. Je ne peux que penser à ma carrière et me concentrer dessus. 

Pensez-vous que la vidéo de Booska-P qui vous est consacrée a contribué à booster votre lancée dans le milieu artistique ?

Ça a été un tremplin, mais pour moi, c’est le titre Sacoche qui a poussé le tout (le clip cumule plus de 2,5 millions de vues sur YouTube, ndlr). Quand ce son est sorti, il a tout pété et c’est là qu’un plus large public m’a découvert.

Sorti le 5 juin, Sacoche cumule plus de 2,5 millions de vues sur YouTube. Son mouvement de danse, genoux pliés, a été très repris par les ados sur les réseaux sociaux.

Quels sont les artistes rap que vous écoutez ? Des anciens ou des artistes de la nouvelle génération ?

Depuis que je suis tout petit, mes parents regardaient beaucoup de clips : 50 Cent et son clip Candy Shop… Moi j’écoute des rappeurs actuels, donc du Ninho, Maes, Zola, Diddi Trix, et des rappeurs moins connus. Pour ce qui est des anciens, je me suis buté sur du Rohff.

Si vous deviez faire un featuring (une collaboration avec un autre rappeur, ndlr), quel artiste aurait votre préférence ?

En fait, je ne pense pas à ça, parce-que je veux monter tout seul. Je n’ai pas envie de faire un feat avec quelqu’un de connu et qu’on puisse dire que je n’ai fait que surfer sur sa célébrité et son buzz. Non. Je veux faire ma place tout seul. Pour l’instant, ça ne m’intéresse pas. Mais si je devais faire un feat maintenant,… je ferais un feat avec moi même (il sourit) !

« Avant, on ne me laissait pas rentrer en boîte à cause de ma tête, mon style : ça faisait trop quartier. Maintenant, c’est moi qu’on invite. »

Est-ce que les thèmes que vous abordez aujourd’hui dans vos chansons, à savoir le rapport à la police, la cité, sont les mêmes que dans vos premiers textes ?

Non. Parce-qu’à l’époque, quand j’ai commencé à rapper, je faisais encore un peu de danse, donc je parlais de ça. Par la suite, j’ai arrêté la danse et j’ai traîné un peu au quartier (il se marre). Donc je raconte ce qu’il se passe maintenant, ce que je peux voir…

Votre mouvement de danse, genoux pliés, a été énormément repris et imité sur les réseaux sociaux. Vous vous y attendiez ?

Non ! Je l’ai juste fait comme ça, mais je ne m’attendais pas à ce que ça prenne une ampleur pareille…

Quelle est la devise qui vous guide dans votre jeune vie d’artiste ?

« Le travail paie » ! Je vais te raconter une anecdote. À l’époque, je ne rentrais pas en boîte. C’était pas possible. J’étais trop petit en taille, on me demandait ma carte d’identité. La tête n’était pas bonne, le style n’était pas bon : ça faisait trop quartier. Même en jean, les videurs ne me laissaient pas rentrer. Quand j’ai commencé le rap, je leur ai dit à tous : “la prochaine fois que je me présente en boîte, c’est eux qui m’inviteront et j’irais en jogging”.

Et la première fois que j’ai effectivement pu rentrer en boîte, c’était en décembre 2018 au Mood Club (à Vendenheim, ndlr) quand j’ai fais la première partie de SCH (rappeur originaire d’Aubagne, ndlr). Ce que j’avais prédit est arrivé. Et plus personne ne me parle mal. C’était la revanche et ouais, « le travail paie » ! 

« Je veux faire ma place tout seul ». (Photo : Basile Berthou)

Vous abordez votre carrière avec la mentalité d’un boxeur, non ?

Peut-être inconsciemment, parce-que j’ai fait de la boxe. Mais en vrai, c’est de famille, je crois. On a un esprit de compétition, on veut tout le temps être au top. Quand j’aime quelque chose, ça y est, c’est mort : tant que je ne réussis pas, je ne m’arrête pas.

Ça a tout le temps été comme ça : au foot, dans la boxe, au judo. Je ne veux pas dire que j’ai été trop trop fort et que j’aurais pu réussir partout, mais moi j’étais là, j’étais en place. J’étais pas le plus nul, j’étais pas le plus fort, mais j’étais là. Quand j’étais au foot, j’étais toujours titulaire, la boxe pareil. Je décrochais des titres…

(sa mère intervient et complète : « champion de France ! Il a gagné tous les titres ! Zéro défaite ! »)

Partir de Strasbourg pour votre carrière pourrait être une option ?

Non, moi je reste à Strasbourg. Je veux tout construire à partir d’ici. L’objectif, c’est de faire réussir Strasbourg, s’il y a moyen… Strasbourg, on est là maintenant ! »

Un nouveau label à l’Elsau

À la fin de l’entretien, Soumia, la maman de Larry, évoque le lancement du label Gothvm Records, officialisé le 3 juin dernier. Entreprise pour le moment encore installée au domicile familial (en attendant que les travaux des futurs locaux, situés à l’Elsau, soient terminés), ce label prépare et encadre de jeunes artistes qu’il espère voir émerger : coaching dans l’écriture, apprendre à travailler en collaboration avec un beatmaker (compositeur de sons, ndlr), soigner son image sur les réseaux sociaux, entre autre.

Financé en partie par des fonds personnels injectés par les parents de Larry, le label a aussi eu un coup de pouce de Sony. Larry termine par un appel : « Celui qui veut travailler sérieusement est le bienvenu dans le label ! ». Affaire à suivre donc…


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